le Progrès du samedi 27 février 2016
G20-FINANCES - Climat "morose" sur l'économie. La présidente du FMI Christine Lagarde appelle à davantage de coordination face au ralentissement de la croissance mondiale, mais les grands argentiers ne sont pas d'accord sur les solutions.
Michel Aglietta Economiste (CEPII)
"Comme une tenaille"
Faut-il s'inquiéter pour la croissance mondiale ?
Oui... Il y a d'une part une crise spécifique à l'Europe, qui vient du choix politique de l'austérité et de la compétitivité des uns contre les autres, en ignorant le manque de demande. D'autre part des surcapacités de production massives en Asie, et un ralentissement de croissance de la Chine. C'est comme une tenaille : demande insuffisante en Europe, offre excessive en Asie. Le risque n'est pas celui d'un effondrement financier brutal, comme en 2008, mais d'une longue période de croissance très faible, une "stagnation séculaire".
Quand les marchés obligatoires nous disent qu'à dix ans, les taux d'intérêt sont nuls, ils anticipent de fait une récession : moins de 3 % de croissance au niveau mondial, et des croissances négatives dans certaines régions.. Notamment aux Etats-Unis, qui sortent d'un cycle de sept années de croissance.
Mais on nous dit que le système est plus stable qu'en 2008...
Forcément : en 2008, tout était paralysé, les banques ne se prêtaient même plus entre elles ! Mais l'amélioration est fragile : les banques européennes n'ont pas été "nettoyées" comme les banques américaines, l'union bancaire reste au milieu du gué... Le système européen n'est pas en état de jouer un rôle moteur dans une reprise.
Le G20 peut aider à la solution ?
Le G20 a démontré en 2009 l'efficacité d'une coordination mondiale. Mais après, chacun est reparti de son côté. Et on voit bien aujourd'hui qu'ils ne sont pas d'accord sur le diagnostic. C'est seulement quand la récession sera là qu'ils agiront ensemble... Propos recueillis par F.B.
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