le Progrès du samedi 5 décembre 2015
TERRORISME - Apprendre à vivre avec la menace. Après les attentats, la culture de la sécurité. S'armer ? Se former à l'autodéfense ? Aux premiers secours ? Avec les attentats du 13 novembre, les Français se préparent à une possible nouvelle attaque. Le gouvernement donne aussi ses consignes : fuir, se cacher et alerter.
La France apprend à vivre avec la menace. Tandis que l'enquête policière se poursuit, le gouvernement a publié hier une affiche récapitulant les comportements à adopter en cas d'attaque terroriste. La priorité, c'est la fuite. Si c'est impossible, "enfermez-vous et barricadez-vous". Il est aussi recommandé d'éteindre la lumière et de couper le son des appareils, de s'éloigner des fenêtre et de s'allonger au sol ou de s'abriter derrière un obstacle, comme un mur.
Et "dans tous les cas, coupez la sonnerie et le vibreur de votre téléphone" : lors du massacre perpétré dans la salle de spectacles du Bataclan, de nombreux témoignages rapportaient que le djihadistes tiraient dès qu'ils entendaient la sonnerie d'un téléphone portable. L'affiche, bientôt placardée dans les lieux publics, incite aussi à alerter les autorités, en composant le 17 ou le 112. L'affiche sera diffusée sur internet. Une vidéo doit suivre également.
Préserver sa vie et celle des autres
Préserver sa vie, mais aussi celle des autres est devenu un souci des Français. Depuis les attentats, la Croix-Rouge française à reçu de nombreuses demandes de formation aux gestes de premiers secours, y compris de ceux qui se trouvaient sur les lieux des attentats et n'ont pu venir en aide aux blessés, faute de connaître les bons gestes.
Côté privé, on s'organise aussi. Depuis les attentats, le téléphone de la fédération européenne de krav-maga - une technique d'autodéfense - retentit plus souvent : certains disent, "avec tout ce qui se passe en ce moment, j'ai envie de savoir me défendre", explique son président, Richard Douieb.
Les armureries prises d'assaut
De son côté, le président de la Chambre syndicale nationale des armuriers professionnels, Yves Gollety, se souvient que dès le lundi qui a suivi les attaques, "il y a eu plein de questions sur le matériel, les gilets pare-balles". Mais il déconseille d'acheter quoi que ce soit.
"La seule chose qu'on a le droit d'avoir, c'est une bombe de défense. Mais face à un terroriste..." Quant aux gilets pare-balles, ils devraient peser 10 kg pour protéger des tirs de kalachnikov. Richard Douieb modère aussi les amateurs d'autodéfense : "Apprendre à faire une parade pour certaines attaques au couteau, c'est assez rapide, mais désarmer un personne, la tenir en joue, c'est plus compliqué".
Radicalisation d'élèves : 857 cas signalés
Les services de l'Education nationale ont recensé 857 cas de suspicions de radicalisation d'élèves pendant l'année scolaire 2014-2015. La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem avait déjà communiqué en juin le chiffre de 816 signalements de suspicions de radicalisation. Ces signalements interviennent dans un établissement en cas de doute, s'il y a plusieurs éléments qui indiquent qu'un élève pourrait être en danger, en voie de radicalisation.
Il peut s'agir de messages repérés par des camarades sur les réseaux sociaux et signalés aux enseignants ou bien de propos tenus dans l'établissement. Ensuite, les informations sont transmises au référent "radicalisation" de l'académie, qui le signale à la justice ou à la police, avant l'intervention des cellules de déradicalisation.
L'année dernière, un livret consacré au phénomène de la radicalisation a été diffusé dans tous les établissements. Il cite différents indices comme un discours intransigeant, une marginalisation progressive, une contestation de la société, un processus d'emprise mentale proche des dérives sectaires, une rupture avec la vie antérieure, une modification de la vie sentimentale, morale, sociale de l'élève, ou un allégeance inconditionnelle à une personne ou à un groupe.
L'info en plus - Vers un PNR européen. Les 28 pays de l'Union Européenne ont trouvé hier un accord pour débloquer le "PNR" européen et se sont engagés à préserver l'avenir menacé de la libre circulation dans l'espace Schengen. Le "PNR" est un registre de données devant permettre de tracer les itinéraires aériens des apprentis terroristes, à partir d'informations que les compagnies aériennes devront transmettre aux Etats. La commission parlementaire doit se prononcer le 10 décembre, avant un vote des eurodéputés début de 2016.
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