le Progrès du vendredi 18 septembre 2015
SANTE - A Lyon, des spermatozoïdes fabriqués in vitro : une première mondiale. Une recherche réalisée par des chercheurs du CNRS. Ces cellules, créées à partir des testicules d'hommes infertiles, doivent encore faire l'objet de recherches plus approfondies pour savoir si elles pourront féconder un ovocyte humain.
C'est selon le CNRS une "première mondiale". Des chercheurs de la start-up lyonnaise Kallistem (une start-up issue de l'institut de génomique fonctionnelle de Lyon - CNRS/Inra/Ecole normale supérieure de Lyon/Université Claude Bernard Lyon) sont parvenus à obtenir des spermatozoïdes humains complets in vitro.
Comment y sont-ils parvenus ?
Depuis vingt ans, Marie-Hélène Perrard, chercheuse CNRS, et Philippe Durand, ex-INRA, travaillent sur la spermatogénèse, nom savant pour la formation des spermatozoïdes. Pour parvenir au bout de la création d'un spermatozoïde humain in vitro, ils butaient sur un obstacle. Ils savaient isoler des "tubes séminifères" (lieu de production des spermatozoïdes) en laboratoire, mais ceux-ci n'étaient pas des cocons suffisamment stables et efficaces pour accueillir la création de gamètes mâles.
C'est grâce à une collaboration avec un chercheur spécialiste des matériaux polymères, Laurent David, professeur à l'université de Lyon 1, qu'ils ont pu mettre au point un "bioréacteur utilisant du chitosane, une substance naturelle présente dans la paroi de champignons ou composant la carapace des crustacés" dans lequel les tubes séminifères sont confinés. Après le rat et le singe, ils ont réalisé entre 5 et 10 expériences chez l'homme.
Quelle qualité de spermatozoïdes ?
"Ils ont une morphologie similaire, voire identique aux spermatozoïdes in vivo", selon Marie-hélène Perrard. Pourront-ils féconder un ovocyte ? La réponse à cette question nécessite des recherches complémentaires. "Pour l'instant, il n'est pas possible de le dire, mais nous sommes relativement optimistes. Nous allons d'abord travailler sur le rat, en essayant de donner naissance à des petits ratons. Et nous observons si ces ratons peuvent se reproduire. Pour l'homme, les recherches seront différentes. Nous ne pouvons pas réaliser directement de micro-injection de ces spermatozoïdes dans un ovocyte humains.
Nous allons évaluer leur normalité en observant s'il y a des duplications des chromosomes à l'intérieur de ces cellules à l'aide de puces ADN", explique Philippe Durand. Les chercheurs espèrent mener à terme ces recherches d'ici la fin de l'année, pour déposer une demande d'essais cliniques (essais sur l'homme) auprès des agences nationales (Agence de Biomédecine, agence du médicament...)
Quelle application clinique ?
La population cible est double : les jeunes garçons prépubères ayant dû subir des traitements les rendant infertiles (type chimiothérapie) et les hommes infertiles souffrant d'azoospermie (absence de spermatozoïdes). "Notre technique permettra de créer des cellules à partir d'un bout de testicule prélevé sur le patient", explique Marie-Hélène Perrard.Optimiste, Philippe Durand espère que sa découverte soit accessible aux patients "d'ici deux à quatre ans". Elodie Bécu
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