le Progrès du vendredi 1er avril 2016
DEUX GOUVERNEMENTS FACE À FACE
Le gouvernement soutenu par la communauté internationale est arrivé mercredi dans la capitale. Problème : celui déjà installé à Tripoli le considère comme illégal. Et il y en un troisième dans l'est du pays. La population redoute des affrontements.
Hier matin, Tripoli est calme. Le trafic reprend lentement et les commerçants rouvrent peu à peu les magasins dans la capitale. "C'était très tendu mercredi après-midi mais on s'attendait à pire", dit un père de famille. Un militant qui soutient la mise en place du gouvernement d'union nationale indique : "Tout est tranquille. Fayez al-Sarraj (ndlr : le Premier ministre de ce gouvernement) est en train de négocier avec les récalcitrants pour entrer dans la ville de façon pacifique". Pourtant les habitants redoutent encore une reprise des combats.
Mercredi, après l'annonce de l'arrivée dans la ville du gouvernement d'union nationale, l'ambiance était beaucoup plus tendue. Les autorités de la capitale avaient conseillé aux habitants de rester chez eux. Ce qu'ils ont fait, apeurés. Les artères principales ont été bloquées. Des tirs sporadiques ont été entendus. Une télévision a été fermée par des hommes armés : elle avait retransmis la conférence de presse du Premier ministre du gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale et opposé au gouvernement d'union nationale. Khalifa Ghwell a sommé Fayez al-Sarraj de quitter le pays ou de se rendre, qualifiant son cabinet d'illégal.
Trois dans le pays...
Né des accords de Skhirat menés sous l'égide de l'Onu, le gouvernement d'union nationale a pour mission de réconcilier les Libyens. Or le pays est déjà divisé en deux gouvernements - celui de Beida (à l'est) et celui de Tripoli - depuis l'été 2014. La mission de al-Sarraj s'annonce compliquée : aucun des deux clans rivaux ne le reconnaît.
Ainsi Fayez al-Sarraj et les six membres de son cabinet resserré ont finalement rejoint la capitale, pour la première fois depuis leur nomination en octobre, par la mer. Les ministres sont pour le moment confinés dans la base navale militaire d'Abu Sitta, à l'est du centre-ville. Ils y ont été accueillis par des hauts gradés de la marine et des responsables. Parmi eux, Aref el-Khoja, ministre de l'Intérieur... du gouvernement de Tripoli. Sa présence prouve que les différents clans libyens sont divisés. Maryline Dumas
A découvrir aussi
- la tribune du lundi 16 février 2015
- la tribune du mardi 17 février 2015
- le Progrès du vendredi 8 janvier 2016
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres