le Progrès du vendredi 21 octobre 2016
DIPLOMATIE - UN LIVRE DE RÉVÉLATIONS
Liaisons dangereuses avec le Qatar
Les journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot dénoncent dans un livre-enquête les relations d'argent entre le Qatar et des personnalités politiques de tous bords, dont Jean-Marie Le Guen et Rachida Dati, qui portent plainte.
"À Noël, Mohammed al-Kuwari (ex-ambassadeur du Qatar à Paris) offrait aux membres du groupe d'amitié France-Qatar à l'Assemblée nationale des montres Rolex ou des bons d'achat dans des grands magasins". Dans "Nos très chers émirs" (Michel Lafon), Georges Malbrunot et Christian Chesnot, qui ont tous deux été otages en Irak (Enlevés le 20 août 2004 en Irak, les deux journalistes ont été libérés le 21 décembre de la même année, après 124 jours) racontent comment l'argent a "pourri" la relation des politiques français avec les monarchies du Golfe et en particulier avec le Qatar.
L'ambassade du Qatar, "un distributeur de billets"
"Pour certains hommes politiques, pour certains élus, pas tous, l'ambassade du Qatar, c'était tout à la fois un distributeur de billets de 500 euros, une agence de voyages, et la boutique du Père Noël", a résumé Christian Chesnot sur France Inter. "Le Qatar reçoit des sollicitations, des demandes de subventions pour financer une mosquée, une école, une association. Et puis il y a des hommes politique qui sont vraiment à l'offensive, qui vraiment demandent de l'argent".
Les deux journalistes citent nommément le secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, le député PS Nicolas Bays, l'ex-garde des Sceaux LR Rachida Dati, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin ou encore la sénatrice centriste Nathalie Goulet.
Selon Christian Chesnot, Jean-Marie Le Guen "voulait imposer une agence de communication pour gérer des déclarations d'hommes politiques, pour contrôler un peu les déclarations au Parlement qui seraient critiques vis-à-vis du Qatar". Il comptait se voir reverser 10 000 euros par mois de la part de cette agence.
Rachida Dati aurait, elle, demandé à l'ambassade du Qatar pas moins de 400 000 euros pour un "club des ambassadeurs", somme qui lui aurait été refusée.
"J'ai appris avec stupéfaction et consternation les allégations délirantes contenues dans ce livre", a réagi M. Le Guen sur Facebook, ajoutant : "Évidemment, je porte plainte pour diffamation". Rachida Dati a également annoncé qu'elle portait plainte.
"Ils font honte à la France"
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin est également évoqué, décrit comme "un vieil ami" de la famille régnante, qui fait beaucoup d'affaires au Qatar.
"Il exige d'être en première classe, sinon il boude les invitations à Doha", écrivent les journalistes, citant un diplomate de l'ambassade du Qatar.
"Pendant qu'une grande partie de la classe politique RPS se faisait corrompre par le #Qatar, ce pays m'attaquait en justice. Tout est dit", a réagi sur Twitter le vice-président du FN, Florian Philippot. Ces élus "font honte à la France", a renchéri la députée FN Marion Maréchal-Le Pen.
"Ces faits, s'ils étaient avérés, seraient gravissimes et relèveraient des tribunaux. Face à la gravité des accusations, nous demandons que la justice soit saisie au plus vite", a demandé Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.
Fin novembre 2015, un parlementaire LR s'alarmait du poids pris par le Qatar en France : "Ils sont ici chez eux, on leur passe tout et il y a de la corruption pour acheter des mecs, ils sont prêts à tout pour vous acheter".
A découvrir aussi
- la tribune du samedi 31 janvier 2015
- le Progrès du vendredi 3 juillet 2015
- le Progrès du vendredi 11 mars 2016
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres