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L'AIR DU TEMPS

Proche-Orient

 

 

Article de la Tribune - Le Progrès du mardi 5 août 2014

 

 

 

 

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Gaza au coeur d'un conflit qui n'en finit pas

 

Malgré l'annonce, dans la nuit, par l'Egypte d'une trêve potentielle de 72 heures, on est très loin d'une paix qui, depuis 1948, paraît toujours plus inaccessible.

 

 

La journée d'hier a connu une pause de quelques heures, avant la reprise des raids aériens israéliens en soirée. L'Egypte a annoncé plus tard, dans la nuit, une trêve possible de 72 heures entre israéliens et palestiniens, mais les conditions restent réunies pour que la bande de Gaza demeure, encore longtemps, la victime-témoin d'une guerre sans perspective de paix.

 

 

 

 

"Pluies d'été à répétition"

 

En juin 2006, l'armée israélienne Tsahal pénètre dans la bande de Gaza avec un double objectif : récupérer le soldat Gilad Shalit, enlevé par un commando palestinien, et faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur le territoire israélien. "Pluies d'été" fait cinq morts côté israélien, plus de 500 côté palestinien.

 

 

Depuis, il y a eu "Plomb durci", "Pilier de défense" et l'actuelle "Bordure protectrice". A chaque fois, les mêmes arguments : le Hamas affirme n'attaquer que pour se défendre contre la domination d'Israël ; Israël répond n'attaquer que pour se protéger des roquettes du Hamas... A chaque fois aussi, la même disproportion dans le décompte macabre des victimes. Cette fois, plus de 1 800 morts côté palestinien, plus de 60 côté israélien. A chaque fois enfin, le conflit s'interrompt sans véritable paix.

 

 

 

 

Oslo est loin

 

Cette tragique répétition s'inscrit dans l'absence de toute perspective de paix durable. Le conflit israélo-palestinien a débuté en 1948, avec la naissance de l'Etat d'Israël, contestée par les Arabes. Il n'a jamais cessé depuis.

 

 

La paix a paru proche en 1993. La chute de l'URSS et la défait de l'Irak au Koweit font alors rêver d'un monde en paix sous surveillance de "l'hyperpuissance américaine". Georges Bush père impose des négociations entre Palestiniens et Israéliens en 1991, son successeur Bill Clinton bénit la poignée de main  Rabin-Arafat à Oslo en 1993.

 

 

Mais Rabin est assassiné par un extrémiste juif, le Fatah de Yasser Arafat nage dans la corruption, les radicaux des deux camps gagnent en puissance, la colonisation israélienne continue. Tout ceci, allié à l'effacement des Etats-Unis, confirmé par la grande discrétion de Barack Obama, va tuer tout espoir de paix jusqu'à ce jour.

 

 

 

 

Printemps arabes

 

La révolution née en Tunisie en 2010 déstabilise toute la région. Et d'abord l'Egypte : Moubarak, férocement opposé aux Frères musulmans chez lui et à Gaza, tombe au profit d'un régime qui facilite la réconciliation en mai 2011 entre le Fatah et le Hamas. Mais la prise de pouvoir des Frères musulmans, à leur tour renversés par le général Al Sissi, amène un retour à la case départ : l'Egypte verrouille Gaza.

 

 

Autre changement, la montée en puissance de l'Iran. Il profite du désordre arabe pour s'imposer comme interlocuteur incontournable à travers son bras armé, le Jihad islamique, allié et concurrent du Hamas (et le Hezbollah au Liban)...

 

 

Reste, au milieu de ces bouleversements géopolitiques, la bande de Gaza - 360 m² en attente d'une paix impossible. Francis Brochet

 

 

 

 

La vie dans une enclave coupée du monde

 

 

Une terre de réfugiés

 

Sur 1,8 million d'habitants, Gaza regroupe 1,24 million de réfugiés, provoqués par la naissance d'Israël et les guerres qui ont suivi, d'après l'UNRWA, l'office de l'ONU chargé de la Palestine. L'organisme y gère 245 écoles. Depuis le début du conflit, elles sont devenues des refuges pour les Gazaouis. Trois d'entre elles ont été bombardées par l'armée israélienne, qui accuse le Hamas d'y cacher des armes. Ce que l'ONU a démenti.

 

 

 

Double blocus

 

Gaza vit sous blocus israélien et égyptien. Le territoire est asphyxié, en manque de tout : nourriture, eau potable, carburant, électricité... Les tunnels sont devenus un moyen pour les habitants de contourner ce blocus, et pour le Hamas de lever des revenus par des taxes sur les importations de biens. Ils permettent aussi à ses combattants de s'infiltrer en Israël. Cela explique pourquoi leur destruction est un objectif prioritaire d'Israël.

 

 

 

 

Plus de 40 % de chômeurs

 

Dans l'enclave, le niveau médical est plutôt élevé, malgré un manque de matériel et de médicaments. Gaza vit essentiellement de l'aide interna- tionale, dont dépend directement 80 % de la population, et des quelques biens qui passent encore clandestinement les frontières. Le manque criant de matériel de construction et de matières premières entraîne des problèmes de logements, et fait grimper le taux de chômage : il dépassait les 40 % au début de l'année.

 

 

En 2012, l'ONU a estimé que si ces conditions de vie perduraient, Gaza "ne serait plus vivable d'ici 2020".

 

 

 

-------------------------- Questions à Antoine Basbous ------------------------

 

 

Politologue, directeur de l'Observatoire des pays arabes

 

 

 

"Il n'y a rien de stratégique à Gaza"

 

 

 

Pourquoi Gaza est-il au centre du conflit israélo-palestinien ?

 

 

Les habitants de Gaza subissent une double asphyxie : d'une part d'Israël, qui ferme ses frontières, d'autre part de l'Egypte, qui considère que le Hamas, bras palestinien des Frères musulmans, veut la déstabilisation de l'Egypte. Les conditions de vie à Gaza sont donc terribles, avec, de plus, le gouvernement islamiste du Hamas qui conteste la domination d'Israël.

 

 

 

 

La situation des très différente en Cisjordanie ?

 

 

Oui, car elle est gérée par l'Autorité palestinienne, le Fatah. Il a abandonné la lutte armée. Il est proche des Etats arabes plutôt modérés, qui ont pour certains reconnu Israël. Le Hamas de Gaza est, lui,  dans la ligne des Frères musulmans du Qatar et de Turquie. Il est également soutenu par l'Iran, qui veut voler la cause palestinienne aux Etats arabes, dont ce n'est plus une priorité.

 

 

 

 

Peut-on encore envisager un Etat palestinien réunissant Gaza et la Cisjordanie ?

 

 

Plus le temps passe, plus la perspective d'un Etat palestinien devient lointaine. Israël joue la politique du fait accompli : laisser la gestion des territoires à des maires palestiniens, mais conserver le contrôle stratégique, surtout sur la Cisjordanie, car il n'y a rien de stratégique à Gaza. Il traite donc les révoltes de Gaza comme un problème sécuritaire, pas comme une revendication politique d'indépendance. Mais les Palestiniens refusent le fait accompli, et le rappellent au monde par des éruptions de violence qui se répètent, tous les un ou deux ans... Cela durera tant qu'il n'y aura pas d'accord sur la création d'un Etat palestinien. Recueilli par Francis Brochet

 

 

 

 

 

Trêves : les pressions s'accentuent sur Israël

 

 

Trêve, reprise des bombardements, re-trêve. La journée d'hier à alterné le chaud et le froid à Gaza. Avec ses éternelles bavures car une trêve, entre le Hamas et l'armée israélienne, correspond rarement à un cessez-le-feu total. Un missile israélien a ainsi tué trois personnes, dont une fillette de huit ans, quelques minutes seulement après l'entrée en vigueur de la première trêve de sept heures et le Hamas a lancé 42 roquettes dans la journée, dont 24 ont atteint le sol israélien sans faire de victime.

 

 

 

 

L'armée israélienne a repris ses bombardements en fin de journée, expliquant qu'elle allait rester dans la bande de Gaza, "car il y a encore beaucoup de missions à accomplir". Mais dans la soirée, l'Egypte annonçait une nouvelle trêve de 72 heures, après un accord entre Israéliens et Palestiniens. De fait, près d'un mois après le début du bain de sang, la communauté internationale commence à hausser le ton contre Israël.

 

 

 

 

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à reconnu le droit "total" d'Israël à se défendre. "Mais ce droit ne justifie pas qu'on tue des enfants et qu'on massacre des civils", a-t-il dit. Le président français François Hollande a condamné le tir de missile sur une école de l'ONU, dimanche. Hier, un jeune Palestinien à bord d'une pelleteuse a percuté et retourné un bus à Jérusalem. Un juif orthodoxe a été tué. L'auteur des faits a été abattu.

 

 

 

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05/08/2014
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