Délinquance
DELINQUANCE - 1 000 cambriolages par jour et des milliards envolés. Les chiffres-choc de la fédération française des sociétés d'assurance. Attribués à une délinquance itinérante venue des pays de l'Est, la vague de cambriolages a coûté 720 millions d'euros l'année dernière aux assurances. Les faits on augmenté de 50 % depuis 2008.
80 secondes. C'est le temps moyen qui sépare deux cambriolages en France. Calcul : 400 000 cambriolages par an représentent 1 095 cambriolages par jour, soit 1,3 par minute, et donc un cambriolage toutes les 80 secondes.
"Non seulement les cambriolages présentent moins de risques pour les auteurs tant sur le terrain qu'en terme de condamnation par rapport à des braquages ou au trafic de stupéfiants, mais encore il est très difficile de remonter à la tête des réseaux". Alain Bauer, Criminologue
Plus de 400 000 cambriolages ont été recensés et indemnisés l'année dernière par les assureurs, qui appuient leurs chiffres sur les 38 millions de contrats d'assurance-habitation souscrits par les Français. L'année comptant 365 jours, la barre des mille cambriolages quotidiens est pulvérisée ! Et la tendance est inquiétante : la hausse constatée par les assureurs est de 50 % en cinq ans.
720 millions d'euros en 2013
Non seulement les cambriolages augmentent, mais ils coûtent plus cher. Le préjudice moyen remboursé par les assurances est de 1810 euros par vol, pour une somme totale, en 2013 de 720 millions d'euros. "En moyenne, les ménages sont un peu plus riches qu'ils ne l'étaient il y a quelques années, ils sont mieux équipés, donc les sinistres font des dégâts plus importants", explique Bernard Spitz, président de la Fédération française des société d'assurance.
Entreprises non incluses
Il faut noter que tous ces chiffres n'incluent pas les vols au sein des entreprises, ni à l'extérieur des immeubles : matériel agricole, cuivre sur les chantiers (ou les voies ferrées) par exemple.
"De véritables raids"
Le 23 janvier dernier, en commentant cette épidémie de cambriolages, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Manuel Valls, avait mis en cause la "délinquance itinérante, et notamment celle des groupes criminels organisés de différents pays comme l'Albanie, la Géorgie, la Roumanie, la Tchétchénie". Manuel Valls avait cité l'exemple d'une "organisation criminelle géorgienne à l'origine de 2 000 cambriolages sur le grand Ouest". Il avait souligné : "Très mobiles, ces bandes organisent de véritables raids".
Du cambriolage industriel
Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers, résume : "On est passé du cambriolage artisanal au cambriolage industriel". Selon lui, les chiffres des assureurs et du ministère de l'Intérieur sous-estiment le phénomène, puisqu'ils ne s'appuient que sur les foyers qui ont porté plainte et qui ont été indemnisés.
Le 12 septembre dernier, une enquête de l'INSEE et l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP)* estimait à plus de 900 000 les personnes qui ont été victimes de cambriolage ou de tentative en 2012 : plus de la moitié n'auraient donc pas porté plainte. On frise les 2 500 faits par jour !
L'enquête relevait que "la proportion de personnes s'étant déclarées victimes d'atteintes contre son logement ou disant avoir eu connaissance de cambriolages dans le voisinage" était d'environ 35 % à plus de 40 % entre 2007/2009 et 2010/2012.
Stabilisation
En tant que ministre de l'Intérieur, Manuel Valls avait fait des cambriolages et des vols à main armée "une priorité opérationnelle". Et il voulait voir dès janvier, de premiers résultats du plan mis en place en octobre 2013. Son successeur Bernard Cazeneuve avait même affirmé, en avril à la tribune de l'Assemblée nationale, que ce plan avait permis une diminution de 8 % des cambriolages en zone gendarmerie et 6 % en zone police "au cours des premières semaines" de 2014. Les assureurs sont plus mesurés : ils parlent d'une "stabilisation" depuis le début de cette année. Patrick Fluckiger
* Enquête "Cadre de vie et sécurité" menée chaque année par l'INSEE et l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales auprès de 17 000 personnes âgées de 14 ans et plus.
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Pas d'outils ou d'échelle dans les jardins !
Les bandes de cambrioleurs itinérants agissent vite. Avec cinq à dix cambriolages par jour, elles vont à l'essentiel : l'argent liquide, les cartes de crédit, les chéquiers, les bijoux, l'ordinateur. Une fois sur quatre, les voleurs profitent d'une porte mal fermée ou d'une fenêtre laissé ouverte, au rez-de-chaussée ou à l'étage. Ils n'hésitent pas, sinon, à fracturer les baies vitrées. Baissez les volets en partant, et ne laissez pas d'échelle ou d'outils (pioche, tournevis, marteau...) dans les jardins, à la vue de tout le monde !
Un cambriolage se passe en quelques minutes, surtout si la maison est dotée d'une alarme. Parfois trois minutes suffisent ! Une fois à l'intérieur de la maison, les voleurs se rendent directement dans la salle de bains, dans la cuisine et dans la chambre à coucher où ils ont les plus grandes chances de trouver des bijoux et de l'argent liquide. Ne laissez pas traîner des fortes sommes ou des objets de valeur sur les meubles !
Si vous vous absentez pour plusieurs jours, cachez votre argent dans des endroits inattendus... Pour les vacances, prévenez vos voisins et les forces de l'ordre, afin qu'elles sachent où effectuer leurs rondes. Mais ne laissez pas de date de retour sur votre répondeur téléphonique !
Sentiment d'insécurité
17,1 % des personnes de 14 ans et plus interrogées au deuxième trimestre 2013 ont déclaré qu'il leur arrivait de se sentir personnellement en insécurité à leur domicile. Un peu moins de 2,4 % d'entre elles éprouvent ce sentiment d'insécurité "souvent", 7,1 de "temps en temps" et près de 7,7 % "rarement". En 2013, la fréquence du sentiment d'insécurité au domicile poursuit une progression qu'on observe depuis 2009 avec + 14 %.
----------------------------- Questions à Pascal RIBEIRO -----------------------------
Secrétaire général Synergie officiers
"Le cambriolage est une activité très organisée et non plus une délinquance de proximité"
Les cambriolages ne cessent d'augmenter depuis 2008. Quelle est votre analyse ?
Les extensions des zones pavillonnaires autours de nombreuses agglomérations sont difficiles à surveiller par les forces de l'ordre. Ces quartiers sont très vulnérables en journée car il n'y a personne.
Qui sont les délinquants ?
Autrefois, les cambriolages étaient l'apanage de petits délinquants, de toxicomanes... Aujourd'hui, il s'agit de gangs venus de Roumanie, Pologne, Albanie, Géorgie... Ils sont extrêmement organisés et font des razzias sur des régions entières. Le cambriolage est aujourd'hui une activité très organisée. Avant il s'agissait d'actes plus impulsifs.
Ces réseaux sont-ils si difficiles à mettre hors d'état de nuire ?
Ce n'est pas évident de résoudre ces cambriolages. Quand on le peut, on fait intervenir la police technique et scientifique. Mais il y a une différence entre ce qu'on montre à la télévision et ce qui se passe dans la réalité. les investigations sont longues pour démanteler une filière.
Les membres de ces réseaux n'ont peur de rien ?
Pour des gens qui ont très souvent purgé des peines de prison dans des conditions très rugueuses en Europe de l'est, se faire condamner en France pour quelques mois de prison apparaît comme de la rigolade...
Quels conseils pour limiter les cambriolages ?
Malheureusement, il faut recourir à des systèmes de sécurité privée. Le b.a.-ba c'est une porte blindée et des fenêtres solidement fermées Pour des gens qui vivent en pavillon, une alarme est recommandée. On peut aussi bénéficier des services de l'association des voisins vigilants. Et sans oublier les opérations "tranquillité vacances" organisées notamment par la Police nationale.
Recueilli par Patrice Barrère
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