Franceinfo - le mardi 3 mars 2020
Présidentielle américaine : c'est le jour le plus important pour les démocrates, voici ce qu'il faut savoir sur le "Super Tuesday"
Seize Etats et territoires américains organisent des primaires simultanées, mardi 3 mars, pour choisir le candidat du Parti démocrate à la présidentielle
Un électeur vote de manière anticipée pour les primaires, le 17 janvier 2020, à Minneapolis (Minnesota, Etats-Unis). (STEPHEN MATUREN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
C'est la journée clé des primaires démocrates. Une quinzaine d'Etats et de territoires américains organisent des scrutins simultanés, mardi 3 mars, à l'occasion du "Super Tuesday". Pourquoi ce mardi est-il si exceptionnel ? Quels sont les candidats en bonne position pour l'emporter ? Voici ce qu'il faut savoir avant de suivre ce temps fort des primaires démocrates, à huit mois de la présidentielle américaine.
C'est quoi exactement, le "Super Tuesday" ?
Le "Super mardi" a fait son apparition lors des élections de 1988, lorsque plusieurs Etats démocrates du Sud ont décidé de tenir des primaires à la même date. Depuis, les deux partis ont continué à organiser "un scrutin crucial dans de multiples Etats début mars", explique Rolling Stone*.
Objectif : faire émerger le ou les favoris dès le début de la campagne. "Une saison des primaires très disputée peut laisser les candidats épuisés et en manque de financement, alors qu'ils doivent se lancer dans la campagne pour la présidentielle", note Rolling Stone. En tant que premier test d'envergure nationale, le "Super Tuesday" permet de propulser un ou des concurrents en pole position du Parti démocrate pour la dernière ligne droite jusqu'à la Maison Blanche.
Le nombre de scrutins organisés durant cette journée varie tous les quatre ans. En 2012, dix Etats avaient tenu des primaires lors du "Super Tuesday". En 2016, quatorze avaient participé. Cette année, les électeurs sont appelés à voter dans seize Etats et territoires américains. Et le "Super Tuesday" sera d'autant plus "super" que la Californie, qui compte le plus de délégués (415), y participera cette année, rappelle le New York Times*. Habituellement, cet Etat clé tient ses primaires plus tard dans la saison.
Et cela détermine vraiment la suite des primaires ?
Le "Super Tuesday" a une lourde incidence sur la suite de la saison des primaires. Plus que le nombre d'Etats y participant, c'est le nombre de délégués répartis durant cette seule journée qui a une importance. Mardi 3 mars, 1 357 délégués (sur 3 979 au total) seront attribués aux différents concurrents. Pour être investi par le parti, un démocrate doit avoir au moins 1 991 délégués (la majorité absolue), rappelle la BBC*.
Le "Super Tuesday" peut confirmer les résultats des quatre premiers scrutins (Iowa, New Hampshire, Nevada, Caroline du Sud) et permettre aux favoris de creuser l'écart avec les autres candidats. S'il ne garantit pas d'obtenir l'investiture du parti, il permet fréquemment de "tuer tout suspense", note Libération. Mais il peut aussi bouleverser les primaires. En 1992, Bill Clinton a remporté cette journée clé après un démarrage catastrophique des primaires. Il a finalement été investi par son parti puis élu à la Maison Blanche, rappelle le quotidien.
Cette année, le "Super Tuesday" pourrait être particulièrement disputé, note le Washington Post*. "Des candidats qui sont forts dans une région pourraient moins bien s'en sortir dans une autre, souligne le journal américain. Bernie Sanders et Elizabeth Warren sont mieux perçus par les électeurs démocrates progressistes du Nord-Est ; Joe Biden a l'avantage dans les Etats avec une plus grande diversité ethnique." Bref, difficile de savoir qui est véritablement en capacité de s'imposer.
Comment cela s'annonce-t-il pour les différents candidats ?
Il ne reste plus que cinq concurrents en lice, après les primaires en Caroline du Sud. Le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, aborde l'échéance du "Super Tuesday" en bonne posture : crédité de 29% des intentions de vote en moyenne* au niveau national, il a déjà obtenu 60 délégués. Donné gagnant dans de nombreux Etats, il a de fortes chances de renforcer son avance mardi, précise le New York Times*. Il espère notamment obtenir une large victoire dans l'Etat progressiste de Californie, qui offre le plus grand nombre de délégués (415) lors de ces primaires.
Mais le numéro 2 de la course, Joe Biden, compte capitaliser sur son succès en Caroline du Sud (il a obtenu 48% des voix et 39 délégués dans cet Etat). Le scrutin du 29 février a confirmé sa popularité auprès de la population afro-américaine, un électorat important pour le Parti démocrate. L'ancien vice-président, qui fait figure de champion des centristes, pourrait par ailleurs bénéficier d'un report de voix après le retrait des modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar.
Joe Biden n'est toutefois crédité que de 17% des intentions de vote en moyenne au niveau national, une très courte avance sur le milliardaire Michael Bloomberg (15%). L'ancien maire de New York a dépensé plus de 400 millions de dollars en clips de campagne, un chiffre sans précédent dans l'histoire américaine, indique le New York Times*. Son objectif : réaliser une entrée tonitruante dans la course à l'investiture. Michael Bloomberg n'a en effet pas participé aux quatre premiers scrutins, ce qui le rend "capable de créer la surprise mardi, dans le bon comme dans le mauvais sens", estime le quotidien américain.
Reste également la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, créditée de 14% des intentions de vote en moyenne au niveau national. La progressiste, directement concurrencée par Bernie Sanders, n'a plus obtenu de délégués depuis le premier scrutin. La représentante d'Hawaï Tulsi Gabbard est, de leur côté, largement distancées dans les sondages (moins de 1% des intentions de vote). A la veille de la plus grosse échéance des primaires, "il n'est absolument pas certain que [Bernie] Sanders ou qui que ce soit d'autre obtiendra un avantage décisif lors du 'Super Tuesday'", conclut le New York Times.
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