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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le lundi 29 avril 2019

 

 

Législatives en Espagne : "Vox ne sera pas déterminant dans le prochain parlement"

 

 

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franceinfoRadio France

 

 

 

Le parti d'extrême-droite Vox, qui avait recueilli 0,2% des voix il y a trois ans franchit la barre des 10% dimanche aux élections législatives espagnoles, et devrait faire une entrée en force à la chambre des députés

 

 

 

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Le candidat aux élections législatives pour le parti Vox Santiago Abascal, le 28 avril 2019 à Madrid (Espagne). (OSCAR DEL POZO / AFP)

 

 

 

"L'ensemble de la droite espagnole est freinée dans sa dynamique et obtient, ce soir, un de ses plus mauvais résultats", estime dimanche 28 avril Benoît Pellistrandi, historien spécialiste de l’Espagne, après les premiers résultats des élections législatives espagnoles. 

 

 

Le Parti socialiste espagnol (PSOE) du président du gouvernement sortant, Pedro Sanchez, arrive largement en tête des élections législatives avec 29,8% des voix après dépouillement de 90% des bulletins, mais le parti d'extrême-droite Vox franchit la barre des 10%. "La chose nette qui apparaît, c'est que les extrêmes perdent et les centristes sont, au contraire, récompensés par les électeurs", a-t-il poursuivi.

 

 

 

franceinfo : Comment interprétez-vous cette entrée de l'extrême droite au parlement ?

 

 

Benoît Pellistrandi : C'est une entrée qui va surprendre et qui dérange. Mais les sondages prévoyaient jusqu'à 35 ou 40 sièges pour Vox donc c'est un succès en demi-teinte. Ce qui est très frappant, dans les résultats dont on dispose, c'est que les Espagnols ont majoritairement privilégié la voie modérée. Les socialistes sont largement en tête et les centristes obtiennent un excellent résultat puisqu'ils passent de 32 à 57 députés. Si bien que le virage à droite que Vox a imposé à l'ensemble de la campagne du bloc des droites n'a pas servi la dynamique de la droite et, au contraire, a renforcé le centre gauche et le centre droit. Contrairement à tous les pronostics, la seule majorité parlementaire viable serait une alliance entre les socialistes et les centristes. Mais les centristes ont refusé cette hypothèse pendant la campagne, il va falloir beaucoup négocier. Contrairement aux craintes de la gauche, Vox ne sera pas déterminant dans le prochain parlement : certes, ils y entrent et obtiennent 23 députés mais souvenez-vous, en 2015, Podemos (extrême gauche) était entré pour la première fois avec 69 élus. Idem pour Cuidadanos (centre) qui avait eu 40 sièges. Vox passe de 0 à 23 députés, c'est considérable mais ce n'est pas le même succès. L'ensemble de la droite espagnole est freiné dans sa dynamique et obtient, ce soir, un de ces plus mauvais résultats car le Parti populaire a son nombre de députés divisé par deux : il passe de 137 à 65.

 

 

 

Que nous dit le vote de dimanche : il y a un avant et un après ?

 

 

Il a une majorité d'Espagnols qui sont des électeurs modérés. La campagne a été extrêmement tendue. Il y a eu des insultes et des disqualifications très fermes vis-à-vis du président du gouvernement de la part de la droite. Or, les électeurs ont privilégié l'option centrale avec les socialistes, avec les centristes. Le recul de l'extrême gauche radicale Podemos est très sensible : ils passent de 70 à 35 sièges, de 21% à 11% des voix. On a l'impression que le gros de l'électorat espagnol entend décrisper la vie politique et veut des alliances, des coalitions. La chose nette qui apparaît, c'est que les extrêmes perdent et les centristes sont, au contraire, récompensés par les électeurs.

 

 

 

Comment va faire Cuidadanos qui s'est allié en Andalousie avec Vox, le parti d'extrême droite, s'il dit qu'il ne veut pas s'allier avec les socialistes ?

 

 

On entre dans une période de blocage politique car les élections de ce soir vont être suivies par des élections municipales le 26 mai dans l'ensemble du pays, des élections régionales dans 12 des 17 régions du pays et les élections européennes. Or, comme l'Espagne est un pays décentralisé, tenir les municipalités et les régions vous donne un pouvoir considérable. Comme on va poursuivre encore la campagne électorale et qu'elle va être marquée par les élections de ce soir, on va être dans des postures pour faire campagne jusqu'au 26 mai. On ne verra véritablement les choses en entier qu'après cette date. D'ici là, les Espagnols vont devoir faire preuve de patience et les hommes politiques vont devoir faire preuve d'une forme de pédagogie car les électeurs connaissent leur civisme et il ne faudrait pas que les vainqueurs de ce soir soient punis dans les urnes, dans un mois, s'ils ne se montrent pas à la hauteur des attentes que les Espagnols ont déposé en eux, en votant pour eux.

 



30/04/2019
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