la tribune du jeudi 27 novembre 2014
EUROPE - Un petit plan pour faire le maximum. Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a présenté son plan d'investissement pour l'Union. Les "315 milliards d'investissements" annoncés se réduisent à une vingtaine de milliards d'argent frais. A voir si cela aidera vraiment à relancer l'économie de l'Union.
Je vois des enfants dans une école à Thessalonique travaillant sur des ordinateurs flambant neufs, je vois un Français rechargeant sa voiture électrique sur l'autoroute" : Jean-Claude Juncker a frôlé le lyrisme pour présenter hier le grand projet de sa présidence de la Commission européenne, un plan de soutien à l'investissement de 315 milliards d'euros sur trois ans.
"Il est temps de lancer les travaux et de remettre l'Europe au travail", a-t-il expliqué, alors que l'OCDE prévoyait la veille une croissance toujours très faible pour l'année prochaine (+ 1,1 %). La Commission espère que son plan contribuera à créer plus d'un million d'emplois.
Mais les chiffres sont trompeurs. Le plan ne mobilise en fait que 21 milliards d'euros, venus de la Banque européenne d'investissement (BEI) et du budget de l'Union. Comment arrive-t-on alors à 315 milliards ? Les 21 milliards de départ, répond la Commission, permettent de prêter trois fois plus (63 milliards), et d'entraîner par effet de levier cinq fois plus d'investissements privés...
Le compte est bon. Mais pas pour la Confédération européenne des syndicats, qui a moqué "un miracle comme la multiplication des pains". Sans doute pas non plus pour la France, qui avait plaidé par la voix d'Emmanuel Macron pour 60 à 80 milliards d'argent frais comme mise de départ.
Lyon-Turin dans la liste
Le risque existe d'une réédition du fiasco du Pacte pour la croissance lancé par François Hollande en juin 2012, dont les 120 milliards promis se sont pour une large part perdus dans les sables. Il y a une différence, rétorque un conseiller : le plan Juncker pourra s'appuyer sur les listes envoyées par les pays qui totalisent plus de 1 000 milliards d'euros de projets à financer.
Côté français sont inscrits des infrastructures comme le Charles-de-Gaulle Express, le réseau de transport du Grand Paris, mais aussi le Lyon-Turin, qui figurait dans la liste italienne et a été repris dans la liste française. Le numérique, l'énergie, la recherche seront cependant privilégiés, et 75 milliards réservés au PME.
Reste que le plan Juncker n'en est qu'à ses débuts. Le président de la Commission a lui-même proposé plusieurs pistes d'évolution, en particulier un abondement financier des Etats qui le souhaitent. La France devrait ainsi essayer d'entraîner l'Allemagne à mettre au pot, dans la logique du rapport "réformes contre investissements" présenté aujourd'hui . L'ensemble doit être bouclé au Conseil européen des 18-19 décembre. Francis Brochet
Rapport pour un "New deal" Paris-Berlin en... anglais
Davantage de réformes en France contre plus d'investissements en Allemagne : c'est la logique du "New deal" que proposent les économistes Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein dans un rapport qui sera remis aujourd'hui aux deux ministres de l'Economie, Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel. Côté réformes, Bercy confirme qu'il recommande la modération salariale, davantage de flexibilité du temps de travail dans le cadre légal es 35 heures, ou encore une refonte des allocations chômage. Le rapport vise aussi à renforcer l'interdépendance des deux économies. Les deux ministres diront aujourd'hui ce qu'ils pensent, ainsi que du plan Juncker dans lequel ils s'inscrivent. A noter que l'anglais aura été la langue d'usage, des lettres de mission au rapport, ce qui en dit long sur la réalité des liens culturels entre les deux pays...
A découvrir aussi
- la tribune du lundi 15 décembre 2014
- la tribune du vendredi 19 décembre 2014
- la tribune du mercredi 31 décembre 2014
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres