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L'AIR DU TEMPS

la Tribune du mardi 23 septembre 2014

 

 

 

 

TERRORISME -   Menaces de l’Etat islamique : faut-il craindre des attentats ? Le groupe appelle à tuer Américains, Français et citoyens des pays de la coalition. Dès à présent, un Français a été enlevé en Algérie. « La France n’a pas eu peur » répond le ministre Bernard Cazeneuve aux terroristes. Toutefois, la présence de Français parmi les djihadistes et les moyens financiers de l’EI inquiètent le renseignement français.

 

 

 

113 Le nombre d’arrestations depuis janvier de personnes susceptibles de faire courir un risque à la France en lien avec une visée ou une organisation terroristes. Il s’agit de djihadistes de retour de Syrie, de candidats au djihad, de recruteurs ou de fournisseurs d’armes. 74 ont abouti à des mises en examen.

 

 

 

«La France n’a pas peur. Ce n’est pas la première fois qu’elle est menacée par des terroristes. La France sait pouvoir compter sur la solidarité de tous les citoyens quelles que soient leur origine ou leur confession et la vigilance des forces de l’ordre qui sont la meilleure réponse ». Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur 

 

 

 

 

C’est « chaud ». La formule a été utilisée hier dans l’entourage du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve après l’appel au meurtre et à l’attentat lancé par un dirigeant de l’Etat islamique dans une vidéo authentifiées : « si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen, en particulier les méchants et sales Français… ou tout citoyen des pays qui sont entrés dans la coalition contre l’Etat islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière ».

 

 

 

 

Une source policière ajoute : « La question ce n’est pas quand aura lieu un attentat mais où, même si en l’état il n’existe rien de concret ni de tangible et même si la France n’est pas le seul pays concerné ». Le ministère des Affaires Etrangères craignait surtout hier soir que des ressortissants ou intérêts français soient attaqués à l’étranger. C’est déjà le cas en Algérie.

 

 

 

 

L’Etat islamique, que la France désigne par l’acronyme arable Daech (ou Daesh), est-il capable de mettre sa menace à exécution ? Il ne maîtrise pas encore les méthodes terroristes : il a peu exporté sa guerre hors de Syrie et d’Irak, il combat frontalement avec des moyens lourds alors qu’Al-Qaïda, dans sa base pakistano-afghane misait tout sur l’acte terroriste. Il a pour objectif de s’emparer d’un territoire (riche) et les horreurs mises en scène dans les lieux qu’il contrôle visent à en expulser les populations hostiles, kurdes notamment.

 

 

 

 

Risque majeur : les djihadistes français

 

Néanmoins, les frappes aériennes l’obligent à riposter par des attentats. Avec l’argent extrait des champs pétroliers ou pillés dans les banques de Mossoul, et surtout son internationale de djihadistes, Daech peut rapidement se donner les moyens d’exécuter sa menace.

 

 

 

Contrairement à l’époque d’Al Qaïda, la France est très exposée, et pas seulement parce qu’elle s’est engagée en Irak derrière les Américains avec détermination. Néanmoins avec 900 et 950 individus impliqués, elle fournit le plus gros bataillon de djihadistes occidentaux à l’EI, devant le Royaume-Uni (500), l’Allemagne (270) et la Belgique (250).

 

 

 

La gestion des combattants de retour sur le sol français est donc cruciale. Actuellement, 350 individus seraient concernés par des procédures. Selon la Direction générale du renseignement, 120 sont  revenus 113 ont été arrêtés, 21 sont écroués et 74 mis en examen. Tous ainsi que ceux qui ont échoué à partir sont sous surveillance pour éviter un effet Mohamed Merah : le tueur de Toulouse, petit délinquant, était brièvement passé par la zone pakistano-afghane avant de tuer sept personnes en mars 2012.

 

 

 

 

La protection : le renseignement

 

La parade la plus efficace reste le renseignement et ce même si le ministre insiste sur «l’efficacité de Vigipirate dans sa configuration vigilance permanente » (Le niveau «alerte attentats » n’est pas atteint). La police s’appuie sur ses fichiers, ses filatures et aussi sur ce que Bernard Cazeneuve appelle pudiquement « la solidarité de tous les citoyens quelles que soient leurs origines ou leur confession ».

 

 

 

Traduction par un ancien du renseignement : « En France, le signalement et la dénonciation, ça marche y compris à l’intérieur des familles et à la mosquée pour ce cas précis. Quand une femme se voile intégralement, son nom et celui de son mari sont signalés aux services en 48 heures. Vous remarquerez que lors des coups de filet on arrête souvent 10 personnes pour en retenir 4 ou 5, que le nombre de non-lieux prononcés par la juridiction anti-terroriste a toujours été important. Les Britanniques avaient les noms de leurs kamikazes en 2005 mais ne les avaient pas arrêtés faute de preuves ».

 

 

 

Les coups de filets récents à Vaulx-en-Velin et Marseille ont procédé de signalements de proches. Ce matin, toutes les alertes sont « activées ».

 

 

 

 

REPERES

 

 

Etat islamique, Daech ou EILL ?

 

 

Tous ces termes désignent le groupe djihadistes. L’Etat islamique a abandonné toute référence à l’Irak et au Levant depuis qu’il proclamé un "califat islamique" en juin dans les zones sous contrôle -d'où l'appellation EI. Celle-ci fait débat, l'organisation n'étant en rien proche d'un Etat avec des frontières, le terme "islamique" étant également réfuté par de nombreux musulmans qui récusent les pratiques de l'organisation. Quant à "Daech", employé par le président de la République lors de sa conférence de presse, c'est l'acronyme de l'Etat islamique en arabe.

 

 

 

 

Avec quelles armes ?

 

Avec des armes américaines saisies à l'armée irakienne, ou destinées à l'opposition modérée au président syrien Bachar-al-Assad, notamment, d'après un rapport britannique.

 

 

 

 

Combien sont-ils ?

 

Il est très difficile de savoir avec précision combien de djihadistes combattent aux côtés de l'organisation. Entre 10 000 et 17 000, selon des experts du renseignement. Près de 25 000, selon le chercheur Romain Callet, voire 50 000, selon d'observatoire syrien des droits de l'Homme.

 

 

 

 

 

----------------------------- Questions à Didier Billion ----------------------------

 

 

 

Directeur adjoint de l'institut de relations internationales

 

 

 

 

"Avec les djihadistes européens, l'EI est plus dangereuse qu'Al Qaïda"

 

 

 

 

 

L'Etat islamique a-t-il les moyens de perpétrer des attentats comme Al Qaïda ?

 

Avec son trésor de guerre, ses 20 000 à 25 000 combattants une organisation terroriste comme Daech peut frapper n'importe qui. Mais il y a une différence entre menace et capacité d'action. Néanmoins, le facteur supplémentaire inquiétant et qui donne à Daech un potentiel de danger supérieur à Al Qaïda pour contourner les dispositifs policiers, c'est la présence dans ses rangs d'Européens, ils peuvent devenir des exécutants car ils ne vont pas faire de vieux os en Syrie et en Irak mais aussi des commanditaires. Surveiller leur retour, leur réseau est primordial et cela se fait heureusement.

 

 

 

 

Le renseignement français est-il outillé pour surveiller ses gens ?

 

Le travail ingrat, opiniâtre de surveillance et d'infiltration de réseaux par notre police a déjà permis de déjouer des attentats. Mais la protection 100% n'existe pas : une nébuleuse contre l'EI peut attirer des "loups solitaires". On a connu deux cas en France (NDLR Kelkal en 1995, Merah en 2012) et c'est le principal risque. L'autre difficulté, c'est l'exposition d'entreprises, de ressortissants, d'institutions dans les pays moins sécurisés.

 

 

 

 

La Turquie par laquelle transitent les djihadistes peut-elle jouer un rôle plus important ?

 

Dans son obsession à chasser Bachar Al-Assad, le gouvernement turc a pris des risques considérables en fermant les yeux pour ne pas dire plus sur les réseaux et les passages qui alimentaient EI en armes, en homme, en logistique depuis son territoire. Confrontée aux réfugiés kurdes et aux risques d'attentats, la Turquie a haussé depuis un an ses niveaux de coopération avec l'Europe dans le renseignement sur ce dossier. C'est indispensable. Recueilli par Pascal Jalabert

 

 

 

 

 

Enlevé en Algérie, un Français menacé

 

Un groupe lié aux jihadistes de l'Etat islamique (EI) a revendiqué hier soir dans une vidéo le rapt d'un Français en Algérie et menacé de l'exécuter dans les 24 heures si la France n'arrête pas ses frappes contre l'EI en Irak.

 

 

 

Le groupe jihadiste algérien "Jund al-Khilafa", qui a fait allégeance au groupe Etat islamique, montre l'otage, Hervé Pierre Gourdel, un Niçois de 55 ans, demandant au président français de le sortir des de cette situation.

 

 

 

Ce ressortissant français a été enlevé dimanche soir à Tizi Ouzou, à 110km à l'est d'Alger, ce touriste amateur de randonnée et qui connaissait le pays a été kidnappé dans la région montagneuse de Kabylie alors qu'il effectuait un circuit à pied. Le Quai d'Orsay a fait état d'une collaboration étroite entre services secrets français et algériens pour obtenir sa libération. François Hollande s'est entretenu avec le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal de ce dossier, a précisé un communiqué de l'Elysée.

 

 

 

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Il n'était pas clair dans l'immédiat si l'enlèvement était le fait d'islamistes armés ou de bandits opérant des kidnappings dans la région et profitant de l'aubaine. La vidéo n'a pas été formellement authentifiée même s'il ne fait aucun doute qu'il s'agit de M. Gourdel. Le site d'information algérien EI Ahdath a néanmoins assuré que ce Français avait été enlevé par "un groupe terroriste".

 

 

 

 

80 Algériens kidnappés en Kabylie depuis 2005

 

Selon ce site, le touriste est arrivé en Algérie il y a quelques jours avec un visa touristique et a loué avec des amis algériens un chalet à Tikjda, entre Tizi Ouzou et Bouira (120 km d'Alger).

 

 

 

L'enlèvement s'est produit quelques heures avant un appel de l'organisation Etat islamique (EI) à tuer des citoyens des pays appartenant à la coalition internationale mise en place pour combattre ce groupe djihadiste en Irak et en Syrie. Le contexte de cette région est plutôt incertain. Depuis décembre 2005, près de 80 Algériens ont été kidnappés en Kabylie, les ravisseurs exigeant une rançon de la famille.

 

 

 

Trois d'entre eux ont été tués. Il s'agit plus souvent de grand banditisme que d'islamisme. Il peut aussi s'agir d'un enlèvement en vue d'une revente à des groupes politisés ou de représailles. Hier, l'armée algérienne a annoncé avoir tué la veille au soir en Kabylie un "chef terroriste", terme désignant dans son vocable un responsable islamiste armé.

 

 

 

La Kabylie, région montagneuse et boisée, reste un théâtre d'opérations de groupes armés islamistes, de nombreuses années après la fin de la guerre civile qui avait opposé l'armée à des groupes extrémistes.

 

 

 

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30 pays déconseillés

 

Les Français résidant ou étant amenés à se déplacer dans une trentaine de pays ont été appelés à la plus grande prudence hier par la Quai d'Orsay compte tenu de la menace proférée par Daech. Outre les huit pays de la zone de sécurité du Sahel et ceux du Moyen-Orient, figurent les trois Etats du Maghreb, l'Egypte et la Turquie. Sur le site internet du ministère, pour le Maroc, il est ainsi écrit que, "les Français résidant ou de passage sont invités à renforcer leur vigilance". "Les Français installés dans les pays concernés ont été invités à se signaler au consulat de France le plus proche. Les Français de passage sont, quant à eux, invités à se faire connaître en s'inscrivant en ligne" via le système Ariane indique le ministre Laurent Fabius.

 

 



24/09/2014
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