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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du dimanche 17 avril 2016

 

 

SOCIÉTÉ - À PARIS NUIT DEBOUT : QUAND ÇA DÉBORDE...

 

Politique et citoyen, le mouvement pour une "convergence des luttes" est confronté à des débordements violents et à la consommation d'alcool et de drogue. Au risque de brouiller le message.

 

 

C'est l'heure politique. Il est 18 h et la tribune est ouverte. Chaque soir, place de la République à Paris, l'assemblée générale "citoyenne" quotidienne ouvre le micro aux militants de Nuit Debout. Les prises de parole se succèdent. C'est l'heure politique des messages qui bousculent les partis traditionnels, c'est le temps des indignations et des revendications, dépassant désormais la seule loi El Khomri.

 

 

Vers minuit, le mouvement qui rêve d'un autre monde et lutte contre toute tentative de récupération prend un tout autre visage. Moins idéaliste, plus sombre. Sur le pavé des bonnes intentions, de la réinvention du débat dans l'espace public, l'enfer n'est pas si loin. Et l'agora parisienne, ces derniers jours, a montré les premières failles et limites de son "anarchie constructive".

 

 

La nuit, anarchistes et casseurs arrivent

 

Depuis plusieurs nuits, à Paris, Nuit Debout apparaît moins comme une AG en plein air sur le front de la crise sociale et économique qu'un lieu de défoulement où le ras-le-bol s'exprime de manière violente. Avec les excès d'alcool et la consommation de drogue, les expressions pacifiques du mouvement n'ont plus cours comme le jour. Au milieu de mares d'urine et de déchets en tous genres, les provocs des anarchistes et de petits groupes de casseurs, les cortèges sauvages, nuisent gravement au mouvement.

 

 

De nuit en nuit, la situation va s'aggravant. Depuis une semaine, le climat s'enflamme et les esprits s'échauffent. Les dégradations et les heurts avec les policiers se multiplient autour de la place de la République.

 

 

Il y a quelques semaines encore, c'était ici un haut lieu du recueillement, un lieu tranquille, un symbole après les attentats contre Charlie et du 13 novembre. Sous la statue fleurissent les bougies, les messages de solidarité et les souvenirs émus. Mais quand Paris s'éveille aujourd'hui, il découvre des équipes de nettoyage effaçant les traces des nuits agitées et troublées : poubelles renversées, canettes de bière et bouteilles brisées.

 

 

Un même scénario se répète chaque soir, selon le préfet de police Michel Cadot : "D'abord les discussions, les débats pacifiques des nombreux participants, puis le départ du gros de la foule, et enfin l'apparition de petits groupes violents qui cherchent à agresser les forces de l'ordre ou à dégrader certains commerces, notamment des banques".

 

 

Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 1 h 30 du matin, alors que le rassemblement touchait à sa fin, fort de 3 000 participants, une centaine de personnes ont jeté et brûlé palettes et détritus avant de lancer des projectiles sur les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène.

 

 

Depuis le début du mouvement citoyen, lancé au soir du 31 mars contre le projet de loi travail "et le monde qui va avec", 36 personnes ont été arrêtées en marge de Nuit Debout, dont 35 ont été placées en garde à vue. À trop être débordé, Nuit Debout risque de ne pas s'en relever. Nathalie Chifflet (avec AFP)



18/04/2016
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