le Progrès du dimanche 27 mars 2016
EMANUELLE CHARPENTIER - CETTE FRANCAISE REVOLUTIONNE LA GENETIQUE
Emmanuelle Charpentier, micro-biologiste, a trouvé une technique de modification des gènes baptisée "CRISPR-Cas9", apte à éliminer et à ajouter des fractions de matériel génétique avec une extrême précision.
Emmanuelle Charpentier, 47 ans, a découvert une technique qui va probablement révolutionner la médecine. Cette micro-biologiste française, installée à Berlin, a mis au point un outil révolutionnaire de modification des gènes. Elle a trouvé en 2011-2012, avec l'Américaine Jennifer Doudna, une technique d'édition du génome baptisée CRISPR-Cas9, apte à éliminer et à ajouter des fractions de matériel génétique avec une extrême précision. Un peu comme un logiciel de traitement de texte permet d'éditer ou de corriger la typographie d'un document.
Corriger des maladies génétiques
"CRISPR-Cas9 permet de faire de la chirurgie haute couture du gène", explique Emmanuelle Charpentier, qui a reçu cette semaine à Paris le Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. "Le but ultime serait que cette technique révolutionnaire permette de corriger des maladies génétiques humaines", ajoute cette femme brune au tempérament volontaire.
Simples d'usage, efficaces et peu coûteux, ces "ciseaux génétiques" soulèvent en effet beaucoup d'espoir pour le traitement de certaines maladies. Mais aussi les interrogations. Notamment éthiques. "Avant que l'on puisse utiliser un jour CRISPR-Cas9 pour fabriquer des bébés à la carte, il y a encore pas mal de travail à faire", relève cependant Emmanuelle Charpentier.
D'une manière générale, elle souligne que l'outil CRISPR-Cas9 est "très puissant" mais qu'il doit encore être "testé" en laboratoire pour ses diverses applications. "Mon sentiment est que tout va très vite. Je pense qu'il faut procéder pas à pas. Les pays doivent adapter et préciser leurs réglementations par rapport à ce nouvel outil", estime la biologiste.
Depuis sa découverte de ce "couteau suisse" de la génétique, Emmanuelle Charpentier accumule "prix et honneurs" : "Depuis 2011, j'en ai reçu 35", compte la chercheuse. En octobre, son nom avait même circulé pour le prix Nobel de chimie. Partie remise en 2016 ?
Parallèlement à ses recherches, elle a cofondé une société de biotechnologie, CRISPR Therapeutics, qui cherche à utiliser la technologie CRISPR-Cas9 pour combattre certaines maladies, par exemple du sang ou certains cancers. Elle est actionnaire et conseillère scientifique de cette société qui vient de s'allier au groupe Bayer.
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