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SALON DE L'AGRICULTURE - Le président a été chahuté par des éleveurs et est reparti très tôt. Les huées sont dans le pré pour François Hollande. Les éleveurs en détresse ont perturbé l'inauguration du Salon de l'agriculture hier matin. François Hollande a assuré envisager de nouvelles mesures pour leur venir en aide.

De mémoire d'exposant, jamais la visite d'un président au Salon de l'agriculture n'avait été aussi mouvementée. François Hollande qui inaugurait la plus grande ferme de France s'est heurté à la colère des agriculteurs hier matin. Arrivé à 6 h 45, le chef de l'Etat a été hué par des éleveurs qui avaient préparé un comité d'accueil.

François Hollande venait de rendre visite à "Cerise", la vache de race bazadaise mascotte du Salon. Il a essuyé une bordée d'insultes et d'appels à la démission. "Ce sont des irresponsables. Ils sont en train de dilapider l'agriculture française et nous, on crève", a lancé un éleveur excédé résumant la détresse d'une profession confrontée à une crise sans précédent. En signe de deuil, les éleveurs avaient tous revêtu un tee-shirt noir, sur lequel était inscrit "je suis éleveur, je meurs".

"Hollande nous a annoncé une crise profonde et durable. Le problème, c'est que l'Europe est ultralibérale et le restera. Il faut rétablir des outils de régulation. La viticulture en France se porte bien car c'est le seul secteur protégé, avec un droit de plantation, c'est-à-dire une régulation". Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole

20 000 C'est le nombre de vaches d'une ferme géante en projet dans le nord de l'Espagne, à 200 km de la frontière française. Ce projet inquiète les producteurs laitiers du Sud-Ouest qui souffrent déjà de la concurrence espagnole qui fait chuter les cours.

Isabelle Saporta, auteur de "Foutez-nous la paix" (Albin-Michel)

"Qu'on laisse vivre ces gens-là, qu'on les laisse travailler"

Vous avez effectué un tour de France des normes qui régissent l'agriculture. Vous parlez de "harcèlement", de "religion de l'hygiène"...

"En France, on des normes aberrantes qui vont vers une standardisation des produits. Elles sont faites pour l'agrobusiness, et son catastrophiques pour la bonne chère française. Tous ces paysans, restaurateurs, charcutiers ; ils ne rêvent pas de frauder, ils veulent juste exercer leur métier. Je trouve même ça dément que le législateur s'abaisse à définir le nombre de paires de bottes qu'il doit y avoir dans un atelier, la couleur du tablier de l'artisan..."

Vous racontez qu'au salon de l'agriculture, les visiteurs n'ont pas le droit de goûter le lait tout juste trait de la vache ?

"Cet exemple, c'est le principe de précaution poussé à l'absurde. Les problèmes ne sont pas réglés par ces normes : les seuls dans les clous sont les produits standardisés, les industriels. Or, les problèmes sanitaires viennent justement de ces produits-là. Comme avec le cheval dans les lasagnes de boeuf... De plus, on multiplie les contrôles chez nous, alors qu'ils sont rares sur les produits importés. C'est n'importe quoi".

Maintenant que ces réglementations sont en place, il semble difficile d'imaginer un retour...

"Pour l'instant, le gouvernement accorde des dérogations. Elles mènent souvent à des situations kafkaïennes. Comme cet éleveur de poulets à Rambouillet, qui n'a pas le droit de vendre ses produits à Paris : la capitale se situe bien dans le rayon de 80 kilomètres autour de chez lui autorisé, mais les deux départements ne sont pas limitrophes... Il faut qu'on nuance les lois, elles ne peuvent être les mêmes pour l'industriel de l'agroalimentaire et pour l'agriculteur du terroir. Qu'on laisse vivre ces gens-là, qu'on les laisse travailler, bref, qu'on leur foute la paix !" Propos recueillis par Valentine Autruffe