le Progrès du dimanche 28 février 2016
EUROPE - Politique. Sale temps pour les gouvernants. Au plus dur de la crise financière, ils étaient stigmatisés en "Pigs" : Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (Spain). Ils sont tous aujourd'hui en crise... politique. L'austérité est mortelle pour les gouvernants : l'Irlande se retrouve à son tour sans majorité. Comme si les électeurs s'étaient davantage souvenus des années de purge subies après la crise financière de 2008, que de la récente et spectaculaire amélioration de la santé de l'économie...
Irlande : sanction électorale
"Nous sommes loin d'être en mesure de former un gouvernement", reconnaissait hier soir un responsable du Fine Gael (centre droit), le parti du Premier ministre sortant, Enda Keny. Avec son partenaire de gauche le Labour, ils n'obtiendraient qu'entre 55 et 68 sièges, loin de la majorité absolue de 80 sièges. Les Irlandais leur ont préféré le Fianna Fail (également de centre droit), qu'ils avaient durement sanctionné en 2011, et les nationalistes de gauche du Sinn Fein.
Espagne, Portugal, Grèce...
Les Irlandais pourraient ainsi revoter. Comme les Espagnols, qui n'ont guère d'illusion sur la capacité du Parti socialiste (PSOE) à trouver mardi une majorité au parlement, deux mois après les législatives.
Et peut-être comme les Portugais : le gouvernement du socialiste Antonio Costa a fait voter son budget mardi dernier, mais il reste minoritaire, et pris en tenaille entre les exigences des partenaires de la zone euro et les revendications de la gauche radicale. Comme les Grecs, enfin, si la crise des réfugiés s'aggrave encore, bousculant la majorité hétéroclite d'Alexis Tsipras...
Les quatre pays les plus durement touchés par la crise financière de 2008, les "Pigs", comme les stigmatisait la presse britannique (Portugal, Ireland, Grèce, Spain), sont ainsi toujours en pleine crise politique.
Et pourtant, ils vont mieux, vantent les gardiens européens de la rigueur. L'Espagne (+2,8 % de croissance attendus cette année), et surtout l'Irlande (+4,5% !), sont données en modèles des vertus d'une cure d'austérité. Le Portugal est également sorti de la crise (+ 1,6 %), et la Grèce promise à un avenir meilleur en 2017 (+ 2,7 %)... si elle suit la cure de Bruxelles.
Comme dans tout le reste de l'Europe, mais de manière encore plus marquée chez les anciens Pigs, la sortie de crise est marquée par un creusement des inégalités, et un quotidien qui reste très difficile pour une majorité de la population. Pas de quoi l'inciter à féliciter les gouvernants... Francis Brochet
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