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BOSNIE - Le pape prêche la paix à Sarajevo. Visite du souverain pontife hier dans la ville meurtrie. Le pape François a prêché hier à Sarajevo, ville meurtrie, en faveur d'un coexistence entre cultures et religions face à la "barbarie". Il y a au moins deux Sarajevo. Celle qui symbolise la folie des hommes, leur "barbarie" et celle qui incarne la coexistence entre cultures et religions. Lors de son escale d'une dizaine d'heures dans la ville bosniaque, hier, le pape François a décrit et exalté ce double visage de la ville martyre de la guerre des Balkans au début des années 1990.

Devant 65 000 fidèles, rassemblés dans l'immense stade olympique de la ville, le pape argentin a lancé un avertissement : "Nous vivons dans un climat de guerre attisé délibérément par ceux qui cherchent l'affrontement entre cultures et civilisations. Mais Sarajevo représente une espérance. La coexistence de trois communautés, les serbes orthodoxes, les musulmans bosniaques et les croates catholiques, témoigne au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible".

Pourtant, vingt ans après les accords de Dayton (Etats-Unis), qui ont mis fin à la guerre, si la Bosnie est en paix, la sérénité n'est jamais tout à fait revenue. Le pays semble figé sans véritable réconciliation, en dépit de nombreux efforts. Et Sarajevo n'échappe pas à ce flottement.

La Bosnie, c'est l'Europe

Le pape François ne méconnaît pas cette situation, intenable dans la ville qu'il a appelée la "Jérusalem de l'Occident". Il a donc prévenu : l'Europe doit en faire plus, particulièrement en Bosnie. Un message adressé au président bosnien en exercice, Mladen Ivanic. Ce dernier, le représentant serbe au sein de la présidence tripartite (serbe, croate, musulmane), a rétorqué que les autorités bosniennes multiethniques étaient "prêtes à travailler pour la réduction des nationalismes et a demandé un soutien entier" du souverain pontife pour permettre à la Bosnie et aux autres pays des Balkans d'adhérer à l'Union européenne. "La Bosnie est partie intégrante de l'Europe", a répondu le pape argentin.

François s'est ensuite rendu au stade olympique dans sa papamobile, découverte, saluant la foule et embrassant les enfants qu'on lui tendait, comme il a l'habitude de la faire, lors de ses déplacements. Dans ce pays de 3,8 millions d'habitants, les musulmans représentent quelque 40 % de la population. Viennent ensuite les orthodoxes serbes avec 31 % et les catholiques, presque tous croates, avec 10 %. Les Juifs ne sont plus qu'une petite minorité.