le Progrès du jeudi 11 juin 2015
ENVIRONNEMENT - Climat : la "maison brûle" et toujours pas d'accord en vue. A six mois de la COP 21, qui se tiendra en décembre à Paris. L'objectif de limiter le réchauffement à + 2° d'ici la fin du siècle s'éloigne dangereusement, faute d'avancée dans les discussions entre Etats. Les négociations à Bonn depuis dix jours n'ont permis aucune avancée.
195 C'est le nombre de pays qui ont ratifié la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ils sont donc impliqués dans le processus de négociation de la Cop 21, ainsi que l'Union européenne, qui est elle-même "partie", en plus des 28 Etats membres.
"Les négociations de l'ONU sont inadaptées à l'urgence climatique. En privé, tout le monde le dit, tout le monde en est conscient, mais la lourdeur du processus est telle qu'il se poursuit comme si de rien n'était. J'ai l'impression que l'on remet chaque fois à l'année suivante les décisions à prendre". Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie
Qu'est-ce que la Cop 21 ?
En 1992, le sommet de la Terre à Rio de Janeiro, au Brésil, donne le coup d'envoi au programme de lutte mondiale contre le réchauffement climatique. C'est la "Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)".
Presque tous les pays du monde se réunissent chaque année pour discuter du réchauffement climatique à l'occasion de "Conférence des parties" Cop).
La Cop 21 est la 21e de ces rencontres. Certaines, comme celle qui a abouti au protocole de Kyoto (Cop 3) en 1997 ou celle de Copenhague (Cop 15) sont des rencontres qui cristallisent beaucoup d'attentes. C'est le cas de la Cop 21 qui est présentée comme la dernière chance pour parvenir à un accord mondial contraignant.
Quel objectif ?
Les différents interlocuteurs sont d'accord sur la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2° d'ici la fin du siècle par rapport à l'ère préindustrielle. Mais un rapport de la CCNUCC, publié la semaine dernière, estime que cet objectif ne sera pas suffisant à éviter les problèmes liés au réchauffement climatique. Une mauvais nouvelle car la trajectoire des 2°C semble déjà dure à tenir...
Combien ça coûte ?
La Cop 21, qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre, à Paris-Le Bourget devrait coûter environ 170 millions d'euros. Le gouvernement espère faire prendre en charge 20 % du financement par des entreprises partenaires, françaises et étrangères. Jusqu'à 25 000 délégués sont attendus.
Porte-Parole d'Attac
"Les négociations ne servent plus à grand-chose"
Que pensez-vous des annonces du G7 sur le climat ?
C'est une plaisanterie ! En 2009, lors du G8 précédant le sommet de Copenhague, les dirigeants avaient pris des engagements similaires. Malgré ces annonces, il ne s'est pas produit la moindre avancée. Et la conférence de Copenhague a été un échec !
Non seulement les promesses du G7 de 2015 sont inférieures à celle de 2009 (70 % de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2050 pour les pays développés contre 80 %), mais aucun objectif intermédiaire n'a été défini pour y parvenir. On ne fait même pas de surplace, on recule.
A quoi servent les négociations internationales sur le climat ?
Elles ne servent plus à grand-chose. En 1997, le protocole de Kyoto semblait intéressant en imposant des objectifs contraignants aux pays du Nord, avec pour but d'étendre ce principe aux autres Etats. Aujourd'hui, on ne parle plus que de "contributions volontaires" fixées de manière unilatérale par les pays.
Il y aura sûrement un accord à Paris, mais il risque d'être vide de tout contenu. Le processus de négociations sur le climat se délite. C'est un paradoxe terrible alors que nous sommes face à une urgence dramatique.
Que faire alors pour lutter contre le réchauffement ?
Aucune solution ne peut être trouvée en dehors des négociations internationales. Aujourd'hui, les chefs d'Etat sont sous la pression des lobbies industriel et financier. La seule manière de redresser la situation est de créer un mouvement citoyen plus fort que celui des lobbies pour mettre la pression sur les négociations et les dirigeants. Recueilli par E.B.
Un appel pour sauver les océans
La Plateforme Océan et climat vient de lancer un appel sous la forme d'une pétition en trois langues (français, anglais et Espagnol) pour mieux prendre en compte la question des mers dans les négociations climatiques. "Silencieusement, l'océan subit les changements climatiques", qui se traduisent par une élévation de sa température, une modification des courants, une acidification qui impactent ses éco-systèmes. "L'Océan capte 90% de la chaleur due à l'effet de serre et un quart des émissions de CO2, selon la chercheuse Françoise Gail, conseillère scientifique de la Plateforme Océan et climat. Jusqu'à quand cette capacité de régulateur du climat pourra-t-elle être maintenue ?"
Au-delà d'un accord suffisamment ambitieux pour limiter le réchauffement de la planète, les membres de la Plate-forme souhaitent notamment que la capacité de stockage du carbone par les océans soit maintenue via un renforcement des aires marines protégées.
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