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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du jeudi 16 juin 2016

 

 

APRÈS LE CHOC DE L'ATTAQUE DE MAGNAVILLE

 

 

Le temps du deuil, de l'hommage et des questions

 

 

Comme l'attaque d'Orlando dimanche, le double assassinat d'un policier et de sa compagne à Magnanville (Yvelines fait apparaître une menace terroriste portée par des individus radicalisés et difficiles à neutraliser.

 

 

 

Un tueur pas si solitaire ?

 

"Nous connaîtrons de nouveau des attaques", a prévenu hier le Premier ministre Manuel Valls qui ne croit pas à la thèse du loup solitaire. Les enquêteurs français cherchent à déterminer si le tueur de Magnanville a bénéficié de complicités dans la préparation des meurtres. Trois hommes de 27, 29 et 44 ans, issus de l'entourage du meurtrier, étaient toujours en garde à vue hier. Ils seront interrogés jusqu'à vendredi.

 

 

Pour Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme, qui s'est replongé dans les documents judiciaires du procès d'Abballa pour aide à des filières terroristes en 2013, "la volonté de l'individu de frapper la France, son prosélytisme et son adhésion à un projet djihadiste apparaissent dès 2011".

 

 

Selon une source proche de l'enquête, la revendication sur les réseaux sociaux et les listes de cibles retrouvées chez l'assassin montrent qu'il communiquait avec d'autres hommes radicalisés mais pas forcément connectés avec la Syrie. Facebook a assuré travailler "en étroite collaboration avec les autorités françaises".

 

 

 

Nouveau circuit terroriste

 

Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, "l'Euro, les forces de l'ordre sont des cibles pour les organisations terroristes mais aussi pour des personnes radicalisées". Contrairement au 13 novembre, Daech ne pilote pas toujours directement les attaques. Des individus ou petits groupes radicalisés se rallient à l'organisation terroriste sur le plan individuel.

 

 

Face à cette donne, les protestations et les doutes sur un éventuel défaut de surveillance s'élèvent. La justice avait mis Abballa sur écoute en 2016 sans toutefois "déceler la préparation d'un passe à l'acte violent", répond le procureur de Paris, François Molins.

 

 

Dans un climat déjà tendu par les actions violentes des casseurs et la gestion des hooligans, l'opposition de droite réclame des centres de rétention pour les personnes radicalisées non condamnées. Manuel Valls réfute toute négligence et écarte ces demandes.

 

 

Le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a déploré quant à lui que des djihadistes puissent circuler librement en France : "Cela ne peut plus durer".

 

 

10 500 C'est le nombre de personnes qui en France font l'objet d'une fiche S au titre de l'islamisme radical, à des degrés d'implication très différents.

 

 

"Le passage à l'acte solitaire comme cela a été le cas lundi soir, est le plus difficile à déceler. [...] Nous faisons face à un ennemi de l'intérieur avec des individus radicalisés, auto-radicalisés en prison, sur internet et qui peuvent agir avec très peu de moyens". Manuel Valls, Premier ministre

 

 

 

POLICIERS, RAPPEURS, IMAMS À PROTÉGER

 

Avant de mourir dans l'assaut du Raid, l'assassin du couple de policiers de Magnanville a diffusé sur son compte Facebook une vidéo de 13 minutes dans laquelle il appelle à tuer des policiers, des gardiens de prison, cinq journalistes, deux rappeurs, un imam et un universitaire. "Il cite de nombreux noms", affirme David Thomson, auteur du livre "Les Français djihadistes" (Les Arènes), qui a pu visionner la vidéo avant que le profil Facebook ne soit désactivé.

 

 

Larossi Abballa menace aussi les députés et les maires, ainsi qu'un imam. "Attendez-les devant leurs locaux, tuez-les tous !", lance-t-il. "On vous réserve d'autres surprises pour l'Euro, je ne vous en dis pas plus. L'Euro sera un cimetière", ajoute-t-il.

 

 

Selon le procureur de la République de Paris, François Molins, les enquêteurs ont saisi dans le pavillon des victimes une liste de cibles mentionnant des personnalités ou des professions.

 

 

D'après une source proche de l'enquête, cette liste datant de 10 ans contiendrait des noms de fonctionnaires de police et des adresses de commissariats, mais pas d'adresses personnelles de policiers. Le porte-parole officiel du groupe État-islamique, le Syrien Abou Mohammed Al-Adnani, ne cesse d'exhorter ses partisans à passer à l'action dans leurs pays d'origine contre les policiers et les militaires des pays de la coalition engagée dans la lutte contre Daech en Syrie et en Irak. Le 22 mai, il avait appelé dans un message à commettre des assassinats pendant le mois du ramadan en cours.



17/06/2016
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