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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mardi 10 janvier 2017

 

 

 

DONALD TRUMP LUI SUCCÈDERA LE 20 JANVIER À WASHINGTON À LA MAISON BLANCHE

 

 

Barack Obama, la fin et une promesse inachevée

 

 

Après deux mandats, le président américain prononce aujourd'hui son dernier discours. Entre un bilan économique intérieur plutôt satisfaisant, une incapacité à empêcher Trump de lui succéder et une politique étrangère incomplète, les résultats sont nuancés.

 

 

Barack Obama figurera sans doute dans les prochains livres d'histoire à côté des grands présidents américains Franklin Delano Roosevelt, Tomas Jefferson, Harry Truman ou John Fitzgerald Kennedy. Parce qu'il est devenu, à seulement 47 ans, le premier président noir des États-Unis. Mais que retenir de son passage à la Maison Blanche ? Ses deux mandats ont été riches, tant au niveau diplomatique qu'au niveau des symboles. Si certains lui attribuent directement, de par son bilan, l'émergence d'un Donald Trump et d'un pays plus divisé que jamais, Obama a donné au monde, après Georges W. Bush, une autre vision de l'Amérique, plus ouverte sur le monde. Il a aussi été l'un des leaders mondiaux les plus charismatiques de ces dernières années. Flash-back sur ses succès et ses échecs.

 

 

 

Une Sécu à l'américaine

 

Il en avait fait sa priorité absolue, et elle porte aujourd'hui son nom : l'"Obamacare". La réforme de l'Assurance maladie, votée en 2010 après une âpre bataille avec le camp républicain, n'est pas exempte d'imperfections ni de critiques, mais elle permet à un plus grand nombre d'Américains (12 millions actuellement) de bénéficier de la couverture santé.

 

 

Au niveau économique, Obama a su redresser la barre après la crise de 2008. Mais le bilan reste contrasté : une dette à 19 trillions de dollars (un record), une croissance ralentie (2 %), une balance commerciale qui tend à se stabiliser (500 milliards de dollars), et un chômage qui est passé sous la barre des 5 % alors qu'il était à 7,8 % en janvier 2009.

 

 

Parmi ses échecs, on notera les espoirs déçus des Noirs américains, qui ont majoritairement voté pour lui, mais ne bénéficient pas de meilleures conditions de vie aujourd'hui. Plusieurs jeunes afro-américains ont été tués par la police ces dernières années, le mouvement Black Lives Matter a dénoncé les dérives policières. Mais Obama a toujours martelé qu'il n'était "pas le président d'une minorité".

 

 

Alors que les tueries de masse n'ont pas baissé sur le territoire américain, il n'a pas pu non plus modifier d'un iota la législation sur les armes.

 

 

 

La politique étrangère : plutôt orientée Pacifique

 

Prix Nobel de la paix en 2009, Barack Obama a toujours appliqué la doctrine : "Donner sa chance au dialogue, même avec les ennemis de l'Amérique". Ce qui a conduit à conclure l'accord sur le nucléaire iranien (juillet 2015) et une forme de réconciliation avec l'ennemi cubain (mars 2016). Il restera aussi comme le président qui a ordonné et réussi le raid mortel en mai 2011, contre Ousama Ben Laden, ennemi numéro 1 de l'Amérique depuis le 11 septembre 2001.

 

 

Son plus grand échec - ou sa plus grande "frustration" - porte sur le conflit syrien : les tergiversations américaines et finalement le renoncement à l'intervention contre Bachar al-Assad ont-ils accéléré le chaos syrien, ses 300 000 morts et ses millions de déplacés ? Obama a opté pour la prudence après le bourbier irakien.

 

 

Cette stratégie en Syrie, critiquée par les dirigeants européens, avait été approuvée par une majorité d'Américains. Surtout  qu'il reste en Afghanistan, pour stabiliser le pays, plus de 8 000 GI américains, alors qu'Obama avait promis en 2008 le retrait total des troupes fin 2016.

 

 

Diplomatiquement, il a donné plus d'importance à l'orientation asiatique des États-Unis qu'au rapprochement avec les (vieux) alliés européens, même dans une "guerre" commune contre le terrorisme. Le réchauffement avec la Chine a favorisé l'accord sur le climat à Paris (décembre 2015), auquel il a contribué. Mi-décembre 2016, Obama a même ratifié l'interdiction de forages en Arctique. Un mois avant que Donald Trump ne lui succède à la tête de la première puissance du monde... Xavier Frère

 

 

 

 

Vincent Michelot, Professeur d'histoire politique des États-Unis, Sc. Po Lyon

 

 

 

"Il a donné une meilleure image de l'Amérique"

 

 

Que doit-on retenir d'essentiel à l'actif de Barack Obama, et à son passif ?

 

 

À son actif : le plan de relance de l'économie de mars 2009. L'Économie américaine, telle qu'elle fonctionne aujourd'hui, est celle qui a été construite à partir de ce plan de relance. Il y a également la réforme de la santé. Côté politique étrangère, la négociation sur le nucléaire iranien et la normalisation des rapports avec Cuba. Du côté des échecs, il  n'a pas réussi en deux mandats à faire passer une loi sur l'immigration. Les États-Unis ont un besoin désespéré d'un nouveau cadre législatif dans ce domaine, et pas forcément dans un seul cadre sécuritaire. Il a, notamment sur ce sujet-là, souffert d'une opposition républicaine systématique.

 

 

 

Comment décririez-vous la politique qu'il amenée ?

 

Dans la politique étrangère de Barack Obama, il y a eu une tentation systématique autour de deux grands axes : la stabilisation de l'ordre mondial, en lien avec les grandes institutions mondiales, orientation totalement à l'opposé d'un Donald Trump ; l'Amérique a évité de se lancer dans de nouvelles aventures militaires, avec une armée au bout de ses capacités après deux mandats de Bush.

 

 

 

La victoire de Trump en elle-même ne représente-t-elle pas un échec d'Obama ?

 

Probablement. On peut être critique de Barack Obama comme chef de parti en tout cas. Contrairement à la situation française, le président américain reste le patron de son parti. Et l'une de ses tâches vitales est de l'armer idéologiquement, et en matière administrative et financière. Ce à quoi Barack Obama n'est pas parvenu. Il laisse en héritage une présidence qui n'a pas su articuler ses efforts avec les démocrates.

 

 

 

A-t-il redoré le blason de l'Amérique ?

 

En janvier 2009, l'image de l'Amérique était très négative dans le concert des nations. Il y a eu ensuite un mouvement d'enthousiasme, et il a même obtenu le prix Nobel, récompense qui l'a plus gêné qu'aidé. Aujourd'hui, l'image est moins bonne qu'en 2009-2010, mais pas aussi mauvaise qu'à la fin du second mandat de Bush. Recueilli par X.F.

 



11/01/2017
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