le Progrès du mardi 17 novembre 2015
LA SECURITE - Pour contrer les djihadistes, cibler les foyers de radicalisation. Vers la fermeture de mosquées radicales ? Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le Premier ministre Manuel Valls ont annoncé avoir "engagé des démarches en vue de la dissolution des mosquées dans lesquelles des acteurs profèrent la haine".
En France, il existe environ 90 mosquées salafistes, branche très rigoriste de l'islam, selon Bernard Godard, ancien chargé de mission au ministère de l'Intérieur spécialisé dans les liens avec l'islam. Mais, selon lui, le danger n'est pas forcément là. "Les djihadistes sont les pires ennemis des salafistes quiétistes" dont la doctrine est ultra-rigoriste mais qui refusent toute action dans le monde.
En revanche, dans les mosquées qui ne sont pas forcément bien gérées peuvent se développer des discours extrémistes et violents pas assez sanctionnés par l'association responsable de la mosquée. "C'est la nouveauté des propos du ministre de l'Intérieur et du Premier ministre. Jusqu'à présent, on éloignait l'imam qui tenait des propos radicaux. Cette fois, on prend conscience de la nécessité de remonter la chaîne de responsabilité", analyse l'auteur de la Question musulmane en France (Fayard).
Dissoudre l'association permet d'éviter l'écueil de la fermeture d'un lieu de culte, tout en remettant à plat sa gouvernance. Selon lui, il faut aussi accompagner ces dissolutions d'une demande aux musulmans : "Faire la police dans leurs organisations. Les mosquées sont parfois très mal gérées, des membres de l'association cultuelle se déchirent au tribunal, certaines personnes considèrent la mosquée comme leur propriété..." et "le chaos laisse la place à des jeunes radicaux qui font de l'entrisme dans les mosquées".
Mieux former les services de renseignements
Au-delà des lieux de culte, l'ancien "M. Islam" de la place Beauvau appelle à un véritable travail de recherche pour comprendre comment les organisations djihadistes prennent le pouvoir sur l'esprit des jeunes radicalisés. Par ailleurs, "la société doit s'interroger sur la manière de répondre aux discours complotistes et victimaires qui sont très puissants sur la toile et attirent les jeunes vers la radicalisation", estime-t-il.
Il appelle à une meilleure formation des services de renseignement pour repérer les individus radicalisés et invite à une sensibilisation de tous les fonctionnaires comme ceux de la protection judiciaire de la jeunesse ou les assistantes sociales, afin qu'ils puissent alerter les services de police quand ils soupçonnent un problème. Elodie Bécu
A découvrir aussi
- la tribune du vendredi 16 janvier 2015
- le Progrès du vendredi 24 avril 2015
- le Progrès du vendredi 26 juin 2015
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres