le Progrès du mardi 20 septembre 2016
SÉCURITÉ - DEUX ADOLESCENTS À L'ORIGINE DE LA FAUSSE ALERTE ATTENTAT À PARIS
Identifier les canulars : un casse-tête pour la police
L'arrestation de l'un des adolescents suspectés de la fausse alerte attentat samedi à Paris met en lumière le phénomène de canulars opérés à l'aide de moyens informatiques uniquement destinés à faire déplacer la police et faire la "pub" de leurs auteurs. Imparable pour les policiers ?
"Dans ces moments-là de gravité, ceux qui se livrent à ces mauvaises plaisanteries, qui détournent l'attention des forces de l'ordre, qui provoquent de la panique, méritent évidemment d'être lourdement sanctionnés". Le Premier ministre Manuel Valls a dû réagir hier au canular de deux adolescents de 16 et 17 ans qui, samedi au coeur de Paris, ont déclenché une coûteuse opération de police d'ampleur, mobilisant unités d'élite de la police judiciaire.
Des centaines d'appels par jour
Des centaines d'alertes arrivent tous les jours dans tous les commissariats et gendarmeries de France, surtout les week-ends. Aucune n'a pris une ampleur telle que celle de samedi dans le contexte d'état d'urgence. "Toutes les fausses alertes ne sont pas malveillantes : dans la majorité des cas, la personne pense signaler un danger. Un comportement suspect, un véhicule ou un bagage abandonné généralement", décrit le ministère de l'Intérieur. Qui ajoute: "On demande à la population d'être attentive, on ne peut pas reprocher aux gens d'être sur leurs gardes". Les effectifs des équipes de déminage ont été renforcés et les robots de détection sont mobilisés en permanence.
Bataille informatique
Aucun programme de cyberdéfense à ce jour ne permet de vérifier en temps réel si un appel est passé depuis un logiciel sur lequel le numéro d'origine a été changé. Les policiers ne peuvent compter que sur leur savoir-faire, les erreurs de leur interlocuteur et leur formation pour déceler les canulars en temps réel.
Qu'est-ce que le swatting ?
Le "swatting" désigne un canular visant à "dénoncer" un faux crime à des services d'urgence, notamment la police, afin de tenter d'obtenir leur déploiement dans un lieu précis. Le terme provient d'une unité d'élite de la police américaine, le SWAT. Dès 2008 aux États-Unis, le FBI met en garde les personnes susceptibles d'être attirées par le swatting : "Ne passez pas cet appel. Ces appels sont dangereux pour les autorités comme les victimes", insistait l'agence fédérale.
Les swatters utilisent généralement des technologies leur permettant de ne pas être repérés : serveurs anonymes, services cryptés, etc. Mais aucune de ces technologies n'est infaillible et, surtout, leur besoin de publicité les expose à être identifiés et arrêtés.
En effet, le swatting a comme but principal... de faire parler de soi, comme l'ont reconnu les deux suspects de la fausse alerte de Paris. Un swatting jugé "réussi" par ses adeptes est celui qui cause le maximum d'écho. Mais il peut aussi avoir des conséquences dramatiques : en France, le hacker Ulcan avait réussi à envoyer le GIGN chez le père d'un journaliste du site Rue89, qui était finalement mort d'un infarctus dans la foulée, peu après l'irruption des gendarmes.
Que risquent les swatters ?
Une enquête a été ouverte pour "dénonciation de crime imaginaire" et "divulgation de fausses informations afin de faire croire à une destruction dangereuse". Pour ces seuls faits, leurs auteurs encourent déjà deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Une peine maximale à laquelle a été condamné un adolescent, cet été, qui avait provoqué l'arrestation d'un homme et de sa compagne.
A découvrir aussi
- le Progrès du vendredi 6 mai 2016
- le Progrès du mercredi 31 août 2016
- le Progrès du lundi 12 septembre 2016
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres