le Progrès du mercredi 14 décembre 2016
SERVICE PUBLIC - LES NOUVEAUX MÉTIERS DES FACTEURS NE COMPENSENT PAS LA BAISSE DU COURRIER
La Poste face au déclin de son métier historique
La Cour des comptes souligne les fragilités de la Poste qui est confrontée à une baisse inexorable du courrier. L'entreprise doit se réinventer. Les nouveaux services confiés aux facteurs restent une activité très marginale. Les Sages préconisent de nouvelles suppressions d'emplois et la poursuite de la réorganisation du réseau des bureaux de poste.
La poste doit accélérer sa transformation pour faire face à la baisse du volume de courrier. C'est ce que recommande la Cour des comptes dans un rapport publié hier. L'entreprise perd 500 millions d'euros de chiffre d'affaires chaque année à cause de cette chute de trafic. Depuis 2010, le rythme annuel de baisse du courrier ne cesse de progresser. Il est passé
- de 3,7 % entre 2010 et 2012
- à 6 % entre 2013 et 2015
- et la Poste prévoit qu'il atteindra 7 % par an entre 2015 et 2020
"La Poste a sous-estimé l'ampleur de la baisse des volumes du courrier", regrette la Cour des comptes, qui craint une accélération du phénomène, alors que de plus en plus d'entreprises et d'administrations dématérialisent leurs documents. Jusqu'à présent, l'augmentation du prix du timbre a compensé la chute du courrier, mais les Sages préviennent que cette hausse tarifaire "ne peut pas se poursuivre indéfiniment". Parallèlement, la Poste doit affronter une concurrence très vive sur le marché du colis qui tire les prix vers le bas.
Banque et colis : plus de la moitié du chiffre d'affaires
La Banque postale et les colis express représentent aujourd'hui plus de la moitié du chiffre d'affaires de la Poste, mais l'activité bancaire n'est plus aussi juteuse qu'autrefois à cause du niveau très bas des taux d'intérêt.
Alors que la direction de La Poste a entamé des négociations sur les conditions de travail des facteurs après plusieurs suicides, la Cour des comptes met les pieds dans le plat. Elle préconise de nouvelles baisses d'effectifs et une réorganisation du réseau de bureaux de poste et du réseau de facteurs.
Le deuxième employeur après l'État a déjà supprimé environ 50 000 postes, essentiellement par le non-remplacement d'une partie des départs à la retraite. La Poste emploie désormais environ 255 000 salariés, dont 73 000 facteurs.
La Cour des comptes lui reproche d'avoir relâché ses efforts de maîtrise des charges pour éteindre la grogne sociale. Les hausses de salaires consenties entre 2010 et 2015 ont absorbé près des deux tiers des économies obtenues par les baisses d'effectifs. La Cour des comptes approuve le choix d'un modèle "multi-métiers" et encourage la Poste à poursuivre sur la voie d'une évolution du métier de facteur avec la fourniture de nouveaux services de proximité.
Collecte de papier et portage de médicaments
Les facteurs collectent du papier à recycler dans les petites entreprises et font du portage de médicaments, ainsi que des constats de sinistres pour les assureurs. La Poste mise aussi sur la "Silver économie" et les visites au domicile de personnes âgées. Le service proposé aux mutuelles et aux collectivités locales a été étendu aux familles en novembre. L'offre "Veiller sur mes parents" est facturée 59.90 euros par mois pour deux visites du facteur par semaine et une téléassistance.
Depuis le printemps, une cinquantaine de facteurs font même passer le permis de conduire. Aujourd'hui, les agents de la Poste effectuent en moyenne entre une et deux prestations hors courrier par semaine. La direction veut porter leur nombre à quatre par jour et par facteur en 2020, malgré les réticences syndicales.
Un grand débat sur les missions de service public de la Poste ?
Le chiffre d'affaires de ces nouveaux services a été multiplié par quatre entre 2014 et 2015 et il devrait encore doubler cette année pour atteindre 40 millions d'euros. Cet effort de diversification reste une goutte d'eau, même si on le compare au 200 millions de chiffre d'affaires de La Poste Mobile.
La Cour des comptes appelle donc à un grand débat national sur les missions de service public de La Poste. D'après la direction, il faudrait que l'État lui verse 500 millions d'euros pour compenser intégralement le service universel postal qui permet d'assurer une distribution du courrier six jours sur sept dans tous les points du territoire. Luc Chaillot
■ Deuxième employeur
Le groupe La Poste emploie plus de 250 000 salariés dont près de 73 000 facteurs qui distribuent le courrier dans 39 millions de boîtes aux lettres.
■ Beaucoup d'automates
Le nombre d'automates pour le courrier et les opérations bancaires dans les bureaux de poste a augmenté de 45 % entre 2008 et 2015. Depuis 2013, le nombre d'opérations sur ces automates a dépassé le nombre d'opérations au guichet, en baisse de 25 % sur la même période.
■ Le temps d'attente s'est réduit
D'après le rapport de la Cour des comptes, le temps d'attente moyen dans un bureau de poste est inférieur à quatre minutes. La Poste fait état d'un taux de satisfaction
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