le Progrès du mercredi 17 mai 2017
Énième dérapage du président américain ? Donald Trump aurait récemment divulgué des renseignements secrets, transmis par un pays tiers, au chef de la diplomatie russe. Il s'est défendu hier.
L'oeil (et l'oreille) de Moscou jusque dans le bureau ovale du président de la première puissance mondiale ? Sans même avoir besoin de se cacher, mais en y étant carrément invité par Donald Trump, l'hôte de la Maison Blanche. La scène pourrait prêter à sourire si elle ne s'était pas passée réellement, le 10 mai dernier, et qu'elle avait donné lieu, selon le Washington Post, à la révélation d'"informations ultrasensibles concernant une opération du groupe Daech en préparation".
C'est un pays tiers, proche des États-Unis, qui aurait fourni ces renseignements de haute importance stratégique. Problème : Donald Trump les aurait évoqués sans l'accord de cet allié.
"C'est mon droit de partager des informations avec Moscou"
Imprudence ? Rapprochement une nouvelle fois douteux, après les hypothèses de manipulation sur les élections, avec la Russie de Vladimir Poutine ? Critiqué, le président américain a balayé hier de deux tweets matinaux et rageurs ces accusations, défendant son "droit à partager des informations avec Moscou". Il a affirmé avoir "partagé des faits" relatifs au terrorisme et la sécurité aérienne avec Moscou, notamment pour "des raisons humanitaires". Le patron du Conseil de sécurité nationale, le général HR Mc Master a dénoncé hier "une histoire fausse". De son côté, le Kremlin a qualifié de "n'importe quoi" cette affaire.
Selon un responsable américain cité par le Washington Post, les informations communiquées par Donald Trump au ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov ainsi qu'à l'ambassadeur de Russie aux États-Unis Sergueï Kisliak, également présent, avaient l'un des degré de classification les plus élevés utilisés par les agences de renseignement américaines. Pour le blog américain Lawfare, spécialisé dans le terrorisme, "il s'agit peut-être de la plus grave accusation de mauvaise conduite présidentielle en quatre mois d'une administration Trump plombée sur les scandales". Pour autant, Donald Trump n'a pas enfreint la loi fédérale, même si les données sont de nature extrêmement sensibles.
"Profondément perturbant"
Le sénateur John Mc Cain a qualifié hier ce procédé de "profondément perturbant". Au-delà du comportement présidentiel empreint de légèreté, c'est l'impact stratégique que revêt un tel dérapage s'il est avéré. Il peut compromettre les propres sources de renseignement américain, comme celles de ses alliés, essentielles pour la sécurité du monde. Un officiel européen, sous couvert d'anonymat affirmait hier que les pays européens devraient cesser de partager les renseignements avec les États-Unis si Trump avait effectivement révélé des informations classifiées aux Russes. Xavier Frère
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