le Progrès du mercredi 26 avril 2017
Les candidats du Parti socialiste et des Républicains absents du second tour : ce double séisme n'est pas propre à la France. Et ses causes, pas seulement politiques.
Certains séismes passent inaperçus. Ainsi de celui qui a secoué l'Autriche, l'année dernière, l'Europe politique a gardé le vague souvenir d'une présidentielle où le candidat d'extrême droite a échoué d'un rien face à un écolo. Elle a oublié que le nouveau président autrichien Alexander Van der Bellen avait refusé l'étiquette des Verts. Et qu'au premier tour, il faillait descendre à la quatrième et cinquième place pour trouver les candidats des deux partis qui gouvernent l'Autriche depuis la guerre, les sociaux-démocrates (SPÖ) et Chrétiens-démocrates (ÖVP). Ensemble, moins d'un quart des suffrages...
Wilders, seul adhérent
Appelons cela le "syndrome autrichien", l'effondrement des partis qui ont structuré la vie politique des pays européens depuis des décennies. Le cas le plus spectaculaire est celui de l'Espagne.La percée de Podemos a mis en crise le PSOE, symbole du retour à la démocratie après Franco. Et elle fait presque oublier le grignotage des conservateurs par un nouveau venu centriste, Ciudadanos.
Partons maintenant aux Pays-Bas, théâtre en mars des dernières législatives à l'ouest de l'Europe. Il a été souligné, comme en Autriche, que l'extrême droite de Geert Wilders a échoué à l'emporter. En oubliant que le parti de Wilders (PVV) ne compte qu'un adhérent, lui-même. Et que les deux partis de gouvernement, conservateurs et sociaux-démocrates, ont vu le nombre cumulé de leurs députés chuter de 79 à 42...
L'exemple italien
Même la très stable Allemagne voit, à cinq mois des législatives, les conservateurs sous la pression de l'extrême droite (AfD), qui les a devancés dans un scrutin régional, et les sociaux-démocrates sous celle de la gauche radicale (Die Linke).
Mais l'exemple le plus abouti, dont le plus intéressant demeure l'Italie. Les partis qui ont gouverné l'après-guerre, à commencer par la démocratie chrétienne et le Parti communiste, ont tous disparu. Les leaders des sondages sont le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, né en 2013, et le Parti démocrate de Matteo Renzi, en 2007.
D'où naît le syndrome autrichien ? Laissons la réponse au experts. Constatons simplement que le mot "populisme" est un peu vague, s'il doit aller de Marine Le Pen à Matteo Renzi.
Extrême droite ne convient évidemment pas - voyez Podemos ! Incriminer la "mondialisation" et le libéralisme économique, c'est oublier Ciudadanos. Accuser le libéralisme culturel rend inexplicable la promotion d'une homo-sexuelle à la tête de l'AfD... Tenons-nous en au constat: sale temps pour les vieux partis, dans toute l'Europe. Francis Brochet
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