le Progrès du samedi 10 décembre 2016
CORÉE DU SUD - POLITIQUE. LA PRÉSIDENTE SANS POUVOIR
Les députés sud-coréens ont voté hier la destitution de la présidente Park Geun-Hye, qui se retrouve privée de ses pouvoirs. La conséquence d'un gigantesque scandale de corruption.
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a été privée hier de ses vastes pouvoirs exécutifs à la suite d'un vote des députés, ce qui s'apparente à une destitution.
Mme Park conserve son titre le temps que la Cour constitutionnelle entérine ou non la destitution en bonne et due forme. Ce processus pourrait prendre jusqu'à six mois.
Le texte a été adopté par 234 voix contre 56, soit largement la majorité des deux tiers des 300 votes nécessaires, ce qui a déclenché des manifestations de joie parmi les opposants à la présidente rassemblés devant l'Assemblée. Ce vote signe une étonnante disgrâce. Park Geun-Hye est entrée à la Maison bleue, la présidence sud-coréenne, en affirmant ne rien devoir à personne et être "mariée à la nation".
Après un peu moins de quatre ans de mandat, elle affronte la perspective de devenir le premier chef de l'État sud-coréen démocratiquement élu à être mis dehors.
Elle tombe à cause de la "Raspoutine" sud-coréenne
Cette destitution s'explique en bonne partie par les manifestations monstres qui ont vu des millions de Sud-Coréens en colère exiger le départ de la présidente. Le scandale qui fascine le pays et l'étranger est centré sur Choi Soo-Sil, amie proche de la présidente. Arrêtée début novembre, cette confidente de l'ombre attend son procès pour extorsion et abus de pouvoir.
La "Raspoutine" sud-coréenne est accusée d'avoir utilisé ses relations d'amitié avec Mme Park pour forcer les groupes industriels comme Samsung à verser environ 70 millions de dollars à des fondations douteuses, et de s'être servie de ces dernières comme tirelire personnelle. Elle et aussi soupçonnée de s'être mêlée des affaires de l'État.
La présidente est accusée de complicité et pour la première fois, un chef de l'État en exercice a été qualifié de "suspect" par le parquet.
Les soupçons de corruption collent comme un sparadrap depuis des décennies à la classe politique sud-coréenne, et la Maison bleue n'est jamais apparue comme un sanctuaire de probité.
Depuis les premières élections libres en 1987, tous les présidents ont eu à répondre, après leur mandat, d'accusations de corruption touchant souvent leurs proches.
Autorité transféré au Premier ministre Hwang Kyo-Ahn
L'adoption par l'Assemblée nationale de cette motion de destitution transfère l'autorité de Mme Park au Premier ministre Hwang Kyo-Ahn, un ancien procureur qui n'a jamais été élu.
"Je suis tellement désolée pour tous les Sud-Coréens d'avoir créé ce chaos national par ma négligence", a conclu Park Geun-Hye, hier, dans une adresse télévisée.
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