le Progrès du samedi 17 juin 2017
La ministre de la Santé réfléchit à un élargissement de l'obligation vaccinale, après l'injonction du Conseil d'État. Elle envisage également d'imposer aux professionnels de santé de se vacciner contre la grippe.
La liste de vaccins obligatoires pourrait bientôt s'allonger. Aujourd'hui, seuls trois vaccins sont obligatoires pour les nourrissons : diphtérie, tétanos, et polio (DTP). Huit autres, dont la coqueluche, l'hépatite B, la rougeole, sont seulement recommandés. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, envisage d'élargir l'obligation aux vaccins qui ne sont aujourd'hui que recommandés.
■ Pourquoi ?
En février dernier, le Conseil d'État a sommé le gouvernement de rendre disponible sur le marché les seuls vaccins obligatoires (DTP), car on ne les trouve aujourd'hui qu'associés à d'autres. La plupart du temps, les parents ont recours à un vaccin hexavalent (qui comprend six sérotypes de l'agent infectieux), protégeant également contre la coqueluche, l'hépatite B et l'Haemophilus influenza de type b, un germe responsable des méningites.
Le Conseil d'État avait été saisi par 2 300 requêtes de citoyens anti-vaccins contestant cette situation. Il laissait une porte de sortie à l'État, pour qui, mettre sur le marché un nouveau vaccin d'ici le 8 août était une gageure. Il en serait disposé si la loi évoluait en élargissant le champ des vaccinations obligatoires. C'est la voie privilégiée par la nouvelle ministre.
■ Quels vaccins ?
"Aujourd'hui, en France, la rougeole réapparaît. Il n'est pas tolérable que des enfants en meurent: dix sont décédés depuis 2008. Comme ce vaccin est seulement recommandé et non obligatoire, le taux de couverture est de 75 % alors qu'il devrait être de 95 % pour prévenir cette épidémie. On a le même problème avec la méningite. Il n'est pas supportable qu'un ado de 15 ans puisse en mourir parce qu'il n'est pas vacciné. Nous réfléchissons donc à rendre obligatoire les onze vaccins pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans", explique Agnès Buzyn dans les colonnes du Parisien. La liste des obligations serait la suivante : Polio, tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C.
Une mesure dénoncée par la députée européenne EELV Michèle Rivasi, très critique à l'égard de la vaccination : "La défiance des citoyens envers les vaccins est considérable suite à la multiplication des scandales sanitaires, la restauration de la confiance ne passe pas par l'infantilisation et le mépris des parents inquiets pour la santé et le système immunitaire de leurs enfants", estime l'élue qui s'interroge sur "le cadeau fait aux laboratoires pharmaceutiques".
■ Combien d'injections en plus ?
Cela n'équivaut pas forcément à autant de piqûres en plus pour nos bébés. Les vaccins hexavalent actuellement disponibles sur le marché protègent déjà contre six maladies (CTP, coqueluche, hépatite B, et l'haemophilus influenzae de type b). Il faudra ajouter les injections contre le pneumocoque, méningocoque C et le ROR (rougeole-oreillons-rubéole). Au total, entre 2 et 16 mois , un bébé recevra dix injections.
■ Et pour la grippe ?
La ministre se pose la question de rendre obligatoire la vaccination contre la grippe pour les professionnels de santé. Élodie Bécu
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