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SOCIETE - Régimes minceur : d'abord un business. La course à la perte de poids nourrit un marché florissant. De nos jours, la minceur est un signe de réussite et de maîtrise de soi, surtout à l'approche des vacances. Ce culte du corps svelte et parfait ne conduit-il pas seulement à engraisser le marché ?

Sommes-nous tous à la recherche du corps parfait ? A en juger par les unes des magazines estivaux qui fleurissent dans les kiosques et sur le net, la réponse est (hélas) oui. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Aucun régime ne marche

Un homme sur deux et deux femmes sur trois voudraient maigrir selon une étude récente. Pilules, livres, diètes, crèmes, chirurgies... Chaque année, les Français dépensent 3 milliards d'euros pour obtenir la silhouette de leurs rêves. Pourtant la carotte n'est pas souvent au bout du bâton : 80 % des personnes ayant entrepris un régime ont, au final, repris le poids perdu. Et c'est tout simplement... biologique, comme l'explique le docteur Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l'Institut Pasteur de Lille : "L'organisme met en place des mécanismes pour récupérer ce dont il a été privé".

Un effet "yo-yo" normal, donc, mais qui n'est pas sans conséquence sur la santé. Les déçus des régimes se retrouvent avec un métabolisme détraqué, des problèmes digestifs, rénaux, cardiaques, des troubles du comportement alimentaire... Tenez-le vous pour écrit : aucun régime ne marche sur le long terme.

Un gros business

Cependant, ce constat n'empêche pas trois des poids lourds du secteur, Weight Watchers, Dukan et Cohen, de se partager un gros gâteau : rien qu'aux Etats-Unis, pays de l'obésité par excellence, le marché de la minceur pèse 50 milliards d'euros!

Le pionnier - et leader - Weight Watchers a mis en place en 1963 le fameux système des points, accompagné de réunions de soutien et de six bases alimentaires à respecter (boire au moins un litre d'eau par jour, limiter les lipides, manger cinq fruits et légumes...). Ce plan de bataille simple - voire du bons sens ? - permet néanmoins à la firme d'engranger chaque année un milliard de chiffre d'affaires dans le monde.

Deux gourous

L'ex-docteur Dukan, lui, a une marge de manoeuvre plus étroite étant donné qu'il a fondé sa méthode non seulement sur les protéines, mais aussi sur le son d'avoine et le konjac. Deux produits phares qu'il faut importer de Finlande et de Chine. Toutefois, les deux millions d'adeptes qui ont fondu grâce à cette diète en France (dont François Hollande ou Marine Le Pen) et les 24 millions dans le monde (comme Jennifer Lopez) ont rempli les poches du "spécialiste en nutrition" : 38 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012 et une trentaine de livres qui se vendent comme des petits pains (non autorisés dans son régime !).

Son meilleur ennemi, le docteur Jean-Michel Cohen, a lui aussi pris les librairies d'assaut avec une vingtaine d'opus, sans compter ses apparitions régulières à la télévision. Cette popularité l'a rapproché de groupes milliardaires comme Danone et Nestlé. Chiffre d'affaires ? Inconnu. Son credo ? Du sport et la diminution des apports caloriques. Un rééquilibrage alimentaire avec des privations (surtout les glucides) difficile à tenir sur le long terme : la fatigue ressentie conduit bien souvent au "craquage" qui fait remonter l'aiguille sur la balance. Las ! Comme le souligne le docteur Lecerf, "les gens perdent toujours du muscle et reprennent toujours du gras".

Le fantasme de la minceur étant tenace, les plus désespérés choisiront la solution chirurgicale, le by-pass (court-circuit de l'estomac). Une opération ? Plutôt une condamnation : celle de ne plus jamais manger selon sa faim, ni son envie. V.M.M.

32 C'est le pourcentage de Français âgés de 18 ans et plus qui est en surpoids aujourd'hui (IMC supérieur à 25). 15 % sont considérés comme obèses (IMC supérieur à 30). Toutefois, ils sont 63 % à faire attention à leur poids (Ipsos, les Français et les régimes, janvier 2015).

"L'obésité ? On ne s'attaque pas à une telle lame de fond planétaire avec des tisanes et de la guimauve... Avec mon régime, j'ai peut-être mis la main sur une dimension universelle du maigrir". Pierre Dukan, spécialiste en nutrition, radié de l'Ordre des médecins en 2012, à sa demande. Une exclusion confirmée en 2014 pour avoir fait la promotion de son régime à des fins commerciales