le Progrès du vendredi 11 août 2017
TRUMP-KIM JONG-UN : LE FACE-À-FACE QUI INQUIÈTE LE MONDE
Jusqu'où peut mener l'affrontement verbal des dirigeants américain et nord-coréen ? Le reste du monde, et notamment l'Asie, assiste impuissant à une escalade sans précédent depuis 1962.
Son nom est officiellement le Hwasong 12. Ce missile nord-coréen pourrait être lancé à la mi-août en direction de Guam, îlot stratégique au milieu du Pacifique appartenant aux Américains. Hwasong incarne, selon Pyongyang, "l'avertissement crucial aux États-Unis", trois jours après la déclaration de Donald Trump qui a promis "le feu et la colère". À chaque jour, sa provocation, ou sa riposte. Où s'arrêtera la surenchère, alors que le monde assiste, ébahi, à ce bras de fer qui menace la paix planétaire ?
■ Que souhaite la Corée du Nord ?
Comme son père (Kim Jung-Il) et son grand-père (Kim Il-Sung), Kim Jonk-Un, 33 ans, joue avant tout la survie du régime, ultime vestige du stalinisme. Pour assurer la pérennité de son pays de 26 millions d'habitants, il manie la terreur à l'intérieur et à l'extérieur, faisant du nucléaire "une arme politique et identitaire", selon Antoine Bondaz de l'Institut français des relations internationales, cité par La Croix. "Ce programme légitime ainsi les sacrifices de la population, nourrit le nationalisme et se renforce lui-même", poursuit le chercheur.
Kim Jong-Un, "le roi de l'étoile du matin", comme le surnommait sa mère, sait que la Corée du Nord bénéficie d'un statuquo géopolitique. Aucune coopération en Asie n'a vu le jour pour tenter de négocier avec Pyongyang, la Chine restant en observation et les États-Unis ne souhaitant pas s'extraire de cette partie du monde, ni lâcher ses alliés nippons et sud-coréens. Ces deux pays, considérés comme deux suppôts du grand Satan américain (N.D.L.R 30 000 GI sont positionnés en Corée du Sud, 50 000 au Japon), peuvent difficilement jouer un rôle diplomatique. La Corée du Nord, tout en s'affichant pour un traité de paix sur la péninsule et une reconnaissance de son statut de puissance nucléaire, poursuit, elle, sa fuite en avant au niveau de l'armement. Cette montée en pression intervient quelques jours avant des manoeuvres américo-coréennes (21 août), timing qui n'est sans doute pas totalement anodin.
■ Que souhaitent les États-Unis ?
Plusieurs observateurs comparent cette escalade à la crise de la baie des Cochons en 1962. En juin 1994, Bill Clinton, à la Maison Blanche, a lui aussi hésité à lancer des frappes aériennes pour anéantir le programme nucléaire clandestin nord-coréen. "Nous avions conscience que nous étions au bord d'une guerre qui pourrait impliquer des armes de destruction massive", avait retracé en 1999, William Perry, ancien secrétaire à la Défense.
Que fera Donald Trump, 45e président des États-Unis ? C'est la première grande crise que ce néophyte en diplomatie a à gérer. Ses mots lourds de sens ont exacerbé les tensions, même si l'entourage présidentiel a joué la mesure, surtout Rex Tillerson, le secrétaire d'État, militant lui, pour "une pression pacifique" à exercer sur Pyongyang. L'abandon du programme nucléaire aux yeux des Américains. Cette escalade verbale effraie aussi par la personnalité des deux dirigeants "ennemis". Pour la plupart des experts, seules des négociations, plus ou moins directes dans ce conflit bilatéral, peuvent conduire à une issue pacifique. Xavier Frère
■ Corée du Nord : 60 têtes ?
L'incertitude prévaut sur l'importance réelle du potentiel nucléaire de la Corée du Nord. Le gouvernement américain a récemment affirmé qu'il était de 60 têtes nucléaires. Des experts l'estiment plus proche de 30. D'autres déclarent que Pyongyang serait en mesure de frapper Washington, grâce à des charges miniaturisées...
■ Et dans les puissances nucléaires
Voici, en comparaison, une estimation du nombre de têtes nucléaires détenues par les principales puissances :
- Russie : 7 000
- États-Unis : 6 800
- France : 300
- Chine : 260
- Grande-Bretagne : 215
- Pakistan : 140
- Inde : 130
- Israël : 80
(Source : The Washington Post)
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