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PROCHE-ORIENT - L'intifada des pierres et du numérique. Nouvelle agression à l'arme blanche hier à Jérusalem-Est. Depuis une semaine, les heurts se multiplient entre manifestants palestiniens et soldats israéliens qui tirent à balles réelles. Les jeunes Palestiniens quant à eux, multiplient les attaques au couteau. La troisième intifada a-t-elle commencé en Cisjordanie occupée ? Les heurts de plus en plus fréquents sur l'Esplanade des mosquées se sont étendus depuis une semaine aux alentours de Jérusalem. La vieille ville annexée par Israël a été l'objet de batailles et de poursuites, et de jeunes Palestiniens multiplient les attaques au couteau contre les soldats israéliens et les civils.

Dans la seule journée d'hier, six personnes ont été blessées à Jérusalem, Tel-Aviv et près d'une colonie de Cisjordanie dans trois attaques à l'arme blanche. L'un des agresseurs a été abattu, un autre arrêté tandis que le troisième est en fuite. Depuis le 3 octobre, huit attaques de ce genre, principalement de la part de jeunes Palestiniens isolés ont fait deux morts et douze blessé israéliens. Quatre des auteurs présumés ont été tués.

L'Esplanade des Mosquées, un enjeu symbolique

L'Esplanade des mosquées - que les Juifs appellent le Mont du Temple - est à l'origine des heurts qui se multiplient. Troisième lieu saint de l'Islam (avec la Mecque et Médine) c'est aussi l'endroit où s'élevait jadis le Temple d'Israël, détruit par les Romains en l'an 70. Il ne reste plus de cette époque que le Mur des Lamentations qui sert de contrefort à l'Esplanade.

Un équilibre fragile règne sur l'Esplanade des Mosquées depuis la conquête israélienne de 1967 : les Juifs peuvent s'y rendre, mais ne sont pas autorisés à prier devant les deux joyaux islamiques que sont le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa. Les Palestiniens craignent qu'Israël veuille changer le statu quo et affirment qu'il est question de reconstruire un temple juif. Ce qu'a démenti le président israélien.

Un pays occupé

En réalité, l'Esplanade des mosquées n'est qu'une étincelle dans le conflit israélo-palestinien. Jérusalem-Est, Gaza et la Cisjordanie vivent depuis près de cinquante ans sous occupation militaire. C'est contre cette occupation et la colonisation de leur territoire (en Cisjordanie, 400 000 colons occupent les meilleures terres, au milieu de 2,8 millions de Palestiniens) que les jeunes Palestiniens se battent, après les générations qui les ont précédés.

Une première intifada (soulèvement en arabe), l'intifada des pierres, a débuté en 1987. Elle a débouché sur les accords d'Oslo en 1993, qui ont donné une existence légale à l'Autorité palestinienne. Une deuxième intifada, plus violente, a été déclenchée en 2000 par la visite d'Ariel Sharon sur... l'Esplanade des Mosquées. Ce fut l'intifada des Kamikazes qui se faisaient exploser dans les lieux publics.

Peut-être assistons-nous au début de la troisième intifada, qui sera la première à se propager sur les réseaux sociaux. Déjà les "selfies" de lanceurs de pierres font fureur sur Twitter. Après avoir surenchéri dans les déclarations musclées, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a paru soucieux mercredi de ne pas enflammer les esprits, prônant "sang-froid et résilience". Il est peut-être déjà trop tard ! Ce vendredi, jour de prière musulman, sera un test crucial... Patrick Fluckiger