semaine du 12 au 18 janvier 2015 - la tribune - le progrès
APRES CHARLIE – Après les attentats, « la vie continue », la politique aussi. Le président de la République a adressé hier à Tulle ses vœux aux Corréziens. L’unité nationale, vantée hier par François Hollande et Nicolas Sarkozy, devrait trouver son terme dès la semaine prochaine, avec le retour au premier plan du chômage et des réformes.
78 pour cent des Français pensent que la mobilisation après les attentats est « un mouvement ponctuel lié à l’émotion », et 76 % seraient favorables à des « mesures d’exception » quitte à limiter les libertés, selon un sondage Odoxa pour le Parisien/Aujourd’hui en France et i>Télé.
AFRIQUE – Niger : émeutes anti-Charlie meurtrières. Les pays musulmans refusent à nouveau que l’on caricature le prophète Mahomet. Des manifestations anti-françaises ont eu lieu au Sénégal, en Algérie et au Mali. C’est au Niger qu’elles ont été les plus violentes, faisant au moins dix morts en deux jours.
La colère contre la nouvelle couverture de Charlie Hebdo ne retombe pas dans de nombreux pays musulmans. Hier, au Niger, cinq personnes sont mortes à Niamey, la capitale, des civils, selon le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont quatre tués dans des églises et des bars. Au moins huit églises ont été incendiées par des manifestants hostiles à la caricature de Mahomet publiée en Une du premier numéro de l’hebdomadaire satirique après les attentats. De nombreux bars, hôtels, débits de boisson ou commerces divers appartenant à des non-musulmans ou tenant enseigne pour des entreprises françaises ont été détruits.
Pour ramener l’ordre, en fin d’après-midi, une vingtaine d’oulémas, des théologiens musulmans, ont appelés les manifestants au calme. « N’oubliez pas que l’islam est contre la violence », a exhorté le prédicateur Yaou Sonna. Toute la journée, les violences se sont propagées dans la ville. Une source sécuritaire dénombrait six groupes de 200 à 300 protestataires semant le chaos dans Niamey, armés de gourdins, de barres de fer ou de pioches.
« A bas la France »
En fin de matinée, un millier de jeunes s’étaient réuni près de la grande mosquée de Niamey, en dépit de l’interdiction du rassemblement par les autorités, aux cris d’ »A bas la France », « A bas Charlie Hebdo » ou encore « Allah Akbar » (Dieu est grand). L’édifice avait été encerclé par quelques dizaines de policiers anti-émeute munis de casques et de boucliers, qui ont dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogènes.
« On va tout casser. Nous protégeons notre prophète. Nous allons le défendre même au péril de notre sang », lançait un manifestant, une grosse pierre à la main. Les violences se sont ensuite étendues à plusieurs autres quartiers du centre de Niamey, dont celui de la cathédrale, protégée par une centaine de policiers anti-émeute. « Ils n’ont pas eu le temps d’y mettre le feu », a confié un policier nigérien.
Des agences du PMU saccagés
Plusieurs agences de l’entreprise française Pari mutuel urbain (PMU) et des kiosques publicitaires de l’opérateur téléphonique français Orange ont été saccagés. Des lambeaux des kiosques étaient utilisés comme matériau de barricades. « Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie », raconte un mécanicien chrétien ouest-africain, retranché dans son atelier avec ses ouvriers, tout en regardant à travers les orifices d’une fenêtre fermée des manifestants démolir un kiosque en face de son commerce. Des manifestations – pneus incendiés à des carrefours – se sont également tenues à Maradi, une ville située entre Niamey et Zinder, la deuxième ville du Niger, où des émeutes avaient fait 4 morts et 45 blessés vendredi. Hier, de source officielle, une personne a été retrouvée calcinée dans une église de la ville.
Plus de 300 chrétiens sous protection à Zinder
A Niamey le calme semblait revenu en soirée, hier, mais plus de 300 chrétiens se trouvaient sous protection militaire à Zinder, deuxième ville du Niger. 255 chrétiens étaient recensés dans une caserne, et environ 70 autres, une cinquantaine d’adultes et une vingtaine d’enfants, étaient retranchés dans une église évangélique, protégés par une centaine de gendarmes et de policiers
Hier soir, dans un discours retransmis à la télévision nationale, le président Massaoudou a lancé un appel au calme aux Nigériens : « Je vous demande de vous démarquer de ces agitations. Je vous demande de contribuer à préserver la paix et la quiétude que l’on nous envie tant ».
Directeur de l’Iris, auteur du « Grand livre de géopolitique » chez Eyrolles
« Pas de choc de civilisation »
Comment expliquer la flambée anti-française dans plusieurs pays musulmans ?
Comme dans les précédentes affaires de caricatures de Mahomet, les manifestations sont suscitées par l’émotion. L’interprétation de ce qui est permis est différente chez les musulmans et chez les Occidentaux, et on pouvait s’attendre à ce que la nouvelle caricature de Mahomet provoque de l’indignation.
On est donc dans une vraie spontanéité ?
Ce n’est pas parce que toutes les horloges indiquent la même heure qu’il faut soupçonner un complot des horloges ! Certes, les Saoudiens financent des mosquées et certes, les autorités locales ont laissé faire alors qu’il n’est pas facile de manifester dans la plupart de ces pays. Mais je ne crois pas à un ordre venu de Ryad ou d’ailleurs. Les manifestants n’acceptent pas qu’on caricature le prophète, c’est tout. Avec internet, la communication est instantanée et l’émotion aussi. On est à l’époque de la mondialisation !
S’agit-il d’un choc de civilisations ?
Je n’accepte pas ce concept qui nous fait désigner l’autre comme un ennemi. Je constate que les manifestations, si elles ont été violentes, n’ont pas été massives et n’ont réuni que quelques milliers de personnes à l’échelle mondiale. Nous ne vivons pas un choc de civilisations mais une guerre contre le fanatisme. Le président Hollande a rappelé que les musulmans sont les premières et les plus nombreuses victimes du terrorisme !
La France est dans le viseur. Doit-elle modifier sa politique extérieure ?
La France est au Mali et en Centrafrique, et elle envoie des avions en Irak. Elle intervient contre le terrorisme, à la demande des pays concernés. Elle n’a pas de raison de changer de politique. En 2003, elle avait refusé de suivre Bush et Blair en Irak, et elle a bien fait, puisque cette guerre a développé le terrorisme au lieu de le combattre. Les Kouachi se sont radicalisés après l’invasion de l’Irak ! Mais ce constat ne veut pas dire que nous ne devons pas intervenir aujourd’hui, dans un tout autre contexte, que même la Russie prend en compte. Cela dit, il faut faire très attention aux formes que revêt une action militaire. Toute frappe contre des civils serait contre-productive. Recueilli par Patrick Fluckiger
YEMEN – Deux Français liés à Al-Qaïda arrêtés au Yémen. Deux Français liés à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) ont été arrêtés au Yémen, a indiqué hier un haut responsable de la sécurité, précisant que les deux hommes étaient interrogés. Aqpa avait revendiqué mercredi l’attentat contre je journal satirique français Charlie Hebdo, qui a fait douze morts le 7 janvier à Paris.
IRAN – Journal interdit pour avoir dit « Je suis Charlie ». La justice iranienne a ordonné l’interdiction du quotidien réformateur Mardom-e Emrouz, qui avait fait sa Une sur Georges Clooney avec en surimpression le titre « Clooney : je suis Charlie ». L’acteur américain, très populaire en Iran, avait repris à son compte ce slogan lors des cérémonies des Golden Globes dimanche dernier. « Le quotidien a été interdit en lien avec (le slogan) Charlie Hebdo », a confirmé Monhammad Ghouchani, le rédacteur en chef du journal, cité par le site d’information nasimonline.ir.
Belgique – Des soldats dans les rues à Anvers et à Bruxelles. Après le démantèlement d’une cellule djihadiste, des militaires ont commencé hier à prendre la relève des policiers pour surveiller certains sites sensibles à Anvers et Bruxelles, notamment des lieux fréquentés par la communauté juive. Cette opération exceptionnelle, lancée pour un mois renouvelable selon le premier ministre Charles Michel, peut être maintenue tant que le niveau d’alerte sera fixé au moins à 3 sur une échelle de 4.
ECONOMIE – « Il faut rétablir l’Etat providence ». Entretien avec l’économiste américain James Galbraith. Le monde entre dans une phase de croissance lente, qui nous oblige à revoir nos schémas, affirme l’économiste américain James K. Galbraith, auteur de « La Grande crise » publié au Seuil (suite de l'article dans la rubrique "ECONOMIE" du blog)
SOCIAL - Les routiers en grève à partir de ce soir. Ils réclament une augmentation du pouvoir d'achat.
EN FRANCE - Les « communautés » dans l’inquiétude. Sécurité renforcée autour des lieux de culte juifs et musulmans. Une semaine après Vincennes, les communautés juive et musulmane saluent les efforts du gouvernement mais redoutent, qu’après l’émotion, l’antisémitisme et l’islamophobie ne gagnent du terrain.
40 C’est le pourcentage de Français qui estime que la présence d’une communauté musulmane en France est plutôt une menace pour l’identité de notre pays, tandis que pour 25 %, c’est plutôt un facteur d’enrichissement culturel, selon un sondage IFOP pour le site Atlantico.fr réalisé en ligne du 9 au 12 janvier, auprès d’un échantillon de 1001 personnes.
« Quelles que soient nos opinions […] ou désaccords, nous avons fait la démonstration de l’unité de la communauté internationale face à un ennemi commun qui a un nom et qu’il convient de nommer : le terrorisme. Nous lui faisons la guerre, mais pas une guerre contre une religion, c’est une guerre contre la haine ». François Hollande, hier lors de ses vœux aux corps diplomatiques.
4,710 millions de musulmans
Soit 7,5 % de la population française. Ils représentent près de 0,3 % des musulmans du monde, dont le nombre est estimé à 1,619 milliard de fidèles. Les principales communautés musulmanes dans le monde sont :
- L’Indonésie (210 millions de personnes)
- L’Inde (176 millions)
- Le Pakistan (168 millions)
45,921 millions de chrétiens
soit 69,1 % de la population française. Parmi eux, 95 % se disent catholiques, et moins de 5 % protestants, orthodoxes, ou autres. Ils représentent 2 % des chrétiens du monde, estimés à 2,185 milliards de fidèles. Les principales communautés chrétiennes dans le monde sont :
- Les Etats-Unis (244 millions de chrétiens)
- Le Brésil (127 millions)
- La Russie (105 millions)
0,470 million de juifs
soit 0,75 % de la population française. Ils représentent 3,4 % des juifs du monde, estimés à 14 millions de fidèles :
- La France rassemble la troisième communauté juive au monde, derrière
- Israël (près de 6 millions de juifs, 75 % de la population) et
- Les Etats-Unis (environ 5 millions de juifs, soit 2,5 % de la population)
Directeur de recherche au CNRS
« Cette crise nous oblige à penser la tolérance »
Faisons-nous face à une radicalisation de jeunes musulmans français ?
Cela fait vingt ans qu’il existe une frange radicale, nous sommes dans la continuité de l’affaire Kelkal : les frères Kouachi ont été radicalisés dans le cadre de la bande dite des Buttes Chaumont, liée à Djamel Beghal, meneur de la fin des année 90… Cette radicalisation est individuelle, pas communautaire : ce sont des jeunes désocialisés, passés par la délinquance, qui se sont radicalisés en prison, sur Internet. Ils n’appartiennent à aucune association ou ONG musulmane, ils sont en marge de la communauté.
Pourquoi l’islamisme ?
Pour beaucoup de ces jeunes, il y a un référent musulman familial. Et il n’y a que ça pour eux, sur le marché de la radicalité : l’écologie pure et dure, ou la nouvelle extrême gauche comme le groupe de Tamac, sont des mouvements très intellectuels, dans lesquels ils ne peuvent pas se reconnaître.
Faut-il faire le lien, même indirect, entre ces attentats et l’immigration ?
C’est d’abord un phénomène générationnel, qui recrute dans les deuxième et troisième générations. Elles sont dans la précarité culturelle, non parce qu’elles auraient importé une culture étrangère, mais parce qu’elles sont déculturées. C’est une crise de la transmission, post-immigration. Il faut souligner, aussi, que 22 % des jeunes qui partent pour la Syrie sont des convertis, souvent issus de la classe moyenne. C’est un phénomène des franges du monde musulman : en proportion de la population musulmane, la Belgique envoie cent fois plus de djihadistes que l’Egypte ! Il y a trente ans, ces jeunes auraient rejoint l’extrême gauche, aujourd’hui c’est Daech ou Al Quaïda, parce que c’est ça qui fait peur à leurs parents et à la société.
Les musulmans modérés doivent-ils s’exprimer davantage ?
Mais sil les musulmans modérés ne s’expriment pas, ou sont peu audibles, c’est justement parce qu’ils sont modérés ! Faisons attention à la double contrainte : on ne peut pas demander à la fois aux musulmans de ne pas se communautariser, et ensuite de s’exprimer en tant que communauté musulmane contre le terrorisme.
Que pensez-vous des manifestations de dimanche ?
Elles ont été identitaires, au sens de la recherche d’un consensus français, et ouvertes, pas populistes. Mais aussi ambiguës, avec son slogan « Je suis Charlie » : on peut être solidaire s’en s’identifier à Charlie, est sans aimer Charlie. N’imposons pas les caricatures de Charlie aux enfants dans les écoles : il faut respecter la diversité de la France, respecter le fait que certains Français catholiques ne partagent pas toutes les valeurs de la laïcité. Cette crise nous oblige à penser à la tolérance. Recueilli par Francis Brochet
TERRORISME – L’Europe sur le pied de guerre. Aucun lien n’a été établi entre les attentats en France et les djihadistes en Belgique. Belgique, France, Allemagne. Une semaine après les attentats à Paris et Vincennes, les Etats européens ont frappé fort pour tenter de juguler les menaces djihadistes.
Coup de filet anti-terroriste en Europe
Plusieurs opérations policières ont été menées depuis jeudi soir
HOMMAGES – Obsèques militantes pour Charb. Les trois dernières victimes de l’attentat du 7 janvier à « CHARLIE HEBDO » ont été inhumées. Des poings levés, des larmes et une bonne dose d’irrévérence : plusieurs centaines de personnes ont salué hier la mémoire de Charb, patron de « Charlie Hebdo », lors d’une cérémonie d’hommage aux allures de veillée anarcho-amicale.
157 procédures judiciaires ont été comptabilisées par le ministère de la justice, dont 69 pour « apologie du terrorisme ». et « menaces d’actions terroristes », depuis l’attentat contre Charlie Hebdo. Parmi les autres faits figurent des actes contre les lieux de cultes, principalement des tags sur des mosquées ou sur des lieux culturels musulmans, des trcacts anti-musulmans, voir des tirs.
SYRIE – Nouvelle offensive contre Kobané. Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont lancé, hier pour la première fois depuis un mois, une offensive d’envergure dans la localité kurde de Kobané (nord de la Syrie), selon une ONG. L’attaque « est une tentative de l’EI pour stopper l’avance des YPG (Unités de protection) », a expliqué le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
ARABIE SAOUDITE – La flagellation d’un blogueur reportée. La flagellation du blogueur saoudien, prévue hier, a été reportée probablement d’une semaine, pour « raisons médicales », a annoncé sa femme réfugiée au Canada avec leurs trois enfants. Raef Badaoui, 31 ans, a été condamné à dix ans
FISCALITE – Amazon aidé « illégalement » Bruxelles soupçonne les autorités luxembourgeoises « de lui octroyer un avantage ». La Commission européenne estime que le groupe américain bénéficie d’une « aide d’Etat » illégale de la part des autorités luxembourgeoises. Celles-ci ont immédiatement réagi.
A SUIVRE – L’épidémie d’Ebola amorce un reflux. Le virus Ebola a commencé à refluer dans les trois pays les plus touchés : Guinée, Liberia et Sierra Leone. « Si cette tendance se confirme, cela suggère que nous avons passé un cap et que l’épidémie s’est engagée sur une pente descendante », a commenté le Dr David Nabarro, coordinateur de l’ONU pour la lutte contre l’épidémie de fièvre hémorragique. Partie fin 2013 du sud de la Guinée, l’épidémie a fait quelque 8 500 morts identifiés sur plus de 21 000 cas.
UKRAINE – Le pays s’enfonce dans la violence. L’Est séparatiste pro-russe de l’Ukraine s’enfonce dans la violence, avec onze nouveaux morts en 24 heures, alors qu’aucune date n’est avancée pour une réunion du groupe chargé des négociations de paix. Ce groupe, composé de représentants de l’Ukraine, de la Russie et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et qui sert de médiateur avec les rebelles, s’est réuni la dernière fois le 24 décembre. Depuis avril, plus de 4 800 personnes sont mortes – civils et militaires – dans les combats entre armée ukrainienne et séparatistes pro-russes. Le cœur des combats reste la zone de l’aéroport de Donetsk, où les séparatistes ont lancé une offensive depuis jeudi.
SANTE – IVG : un numéro d’information unique. Près de 217 000 interruptions volontaires de grossesses en France. Le gouvernement a annoncé hier un plan pour améliorer l’accès à l’avortement. Les examens entourant l’acte seront remboursés à 100 % par la Sécurité sociale.
A SUIVRE – Chômage : l’Unédic voit rouge en 2015. Plus de chômeurs et plus de déficits pour l’assurance chômage : l’Unédic, organise gestionnaire du régime, voit rouge pour l’année 2015. L’organisme paritaire anticipe, dans ses dernières prévisions publiées hier, 104000 chômeurs sans activité supplémentaire en métropole en 2015. Cela correspond malgré tout à un ralentissement de la hausse, après une année 2014 qui aura vu affluer 182000 demandeurs d’emploi supplémentaires, selon l’organisme.
TERRORISME – Où doit commencer et s'arrêter la liberté d'expression ? La nouvelle Une de Charlie Hebdo sur Mahomet ne fait pas l'unanimité. L'unanimité qui a présidé aux manifestations historiques du 11 janvier n'a pas tardé à se fissurer sur les contours de ce qui est permis ou non. Le pape lui-même est intervenu dans le débat affirmant : "On ne peut pas tourner en dérision la foi des autres".
78 pour cent des Français seraient favorables à un gouvernement d'union nationale, après les attentats de la semaine dernière, selon un sondage CSA pour "Le Grand journal" de Canal +. 67 % pensent que ce qui rassemble les Français est plus fort que ce qui les divise.
"Je veux que les musulmans qui vivent en France puissent se savoir, unis, protégés, respectés, comme eux-mêmes doivent respecter la République. Les musulmans sont les premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme, de l'intolérance". François Hollande, Hier à l'institut du monde arabe à Paris
TERRORISME – Opération en Belgique : deux morts. A Verviers, la police traquait deux hommes qui revenaient de Syrie. La police est intervenue hier soir dans une ville de l’est francophone de la Belgique, pour arrêter des hommes de retour de Syrie « prêts à commettre un attentat ». D’autres opérations ont été menées à Bruxelles.
La police belge a mené hier soir à Verviers, dans l’est francophone de la Belgique, une vaste opération contre un groupe soupçonné d’intentions terroristes. Lors de l’intervention, « les suspects ont ouvert le feu avec des armes automatiques sur la police fédérale et ont été neutralisés ». Deus suspects sont morts, un troisième a été intercepté sur place. « Aucun policier ou civil n’a été blessé », a précisé le parquet.
« Le groupe était sur le point de commettre un attentat d’envergure en Belgique », selon le parquet fédéral, qui a précisé que la menace portait sur les services de police. Le niveau d’alerte a été relevé au niveau 3, sur une échelle qui en compte 4, pour les commissariats de police et les palais de justice en Belgique. Une dizaine de perquisitions ont eu lieu à Verviers, mais aussi à Bruxelles et dans sa banlieue.
La cellule démantelée à Verviers était composée d’une dizaine de personnes dont certaines revenaient de Syrie. L’opération a été menée dans une ancienne boulangerie par la police antiterroriste.
Quartier bouclé
A Verviers, plusieurs tirs et détonations ont été entendus dans le centre-ville vers 18 heures dans le quartier de la gare, selon des témoins. Le quartier a été bouclé et des ambulances étaient sur place. Les riverains n’ont pas été évacués mais ont été invités à se calfeutrer chez eux.
« J’ai vu une voiture de police passer devant mois tous feux ouverts et entendu trois grosses détonations puis des pétards », a déclaré un témoin. « Un homme habillé tout en bleu foncé avec cagoule nous a poussés dans le dos. On s’est mis à courir, on a entendu une grosse explosion et des coups de feu en rafales suivis par d’autres explosions », a raconté une femme sur RTL-TVI. « J’ai entendu comme une explosion, suivie de plusieurs tirs », a confié une autre habitante à la RTBF. Un autre riverain a fait état de tirs « pendant 10 minutes ».
Des liens avec Amedy Coulibaly ?
Selon RTL-TVI, un homme armé aurait aussi proféré des menaces et crié « Allah Akbar » dans le métro bruxellois et la police serait à sa recherche. Parallèlement, la justice belge cherche à déterminer s’il existe des liens entre Amedy Coulibaly, l’un des trois auteurs des attaques de Paris, et un suspect de trafic d’armes domicilié en Belgique, selon le parquet fédéral belge.
Il est déjà établi, selon le parquet belge, que cet homme avait racheté la voiture de Hayat Boumedienne, la compagne d’Amedy Coulibaly. Ce dernier a aussi acheté une grande partie de son arsenal en Belgique. Le parquet fédéral, en collaboration avec la justice française, cherche à établir s’il y a un lien supplémentaire avec les événements de Paris.
La plaque tournante du djihadisme
« Pourquoi notre région est un terreau djihadiste ? » s’interrogeait justement cette semaine en Une le quotidien belge l’Avenir, situé à Namur et à Verviers. Verviers, l’une des villes les plus pauvres de Belgique, est devenue « un terreau fertile pour certaines déviances », admettait récemment l’imam de Verviers, Franck Amin Hensch. Mais cette commune proche de Liège n’est pas un cas isolé
Le pays tout entier est confronté depuis plusieurs années à l’essor du fondamentalisme religieux. Pour les spécialistes du terrorisme, la Belgique est décrite comme « une plaque tournante du djihadisme en Europe », Bernard Squarcini, l’ancien patron des services de renseignement français évoquant même un « hub » pour le terrorisme. En Europe, ce pays fournit le plus gros bataillon de djihadistes en Irak et en Syrie : près de 350 actuellement, plus que la France.
Position géographique stratégique
Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : la tradition d’asile politique qui a créé un « maillon faible » selon Roland Jacquard de l’Observatoire international du terrorisme ; la position géographique avec de grands ports à proximité (Anvers) qui favorisent les trafics d’armes ; une pauvreté (24 % de chômage chez les moins de 25 ans) qui pousse les jeunes dans les mains des prédicateurs.
Ce radicalisme religieux s’est traduit dans les faits par la tuerie de Nemmouche au musée juif, mais également par le procès retentissant du groupuscule « Sharia4Belgium ». Cette organisation djihadiste, dirigée par Fouad Belkacem et qui a alimenté les « contingents » syriens appelait à réformer la Belgique et à instaurer la charia. Ella a été dissoute en octobre 2012, avant un procès retentissant en septembre dernier. Les autorités belges affirment avoir déjoué en quelques mois un nombre « très important » d’attentats. Xavier Frère
ALGERIE – Le corps de Gourdel retrouvé en Algérie. Après trois mois de recherches. Le corps du guide de haute montagne décapité en septembre était enterré dans une forêt à une quinzaine de kilomètres par la route de son lieu d’enlèvement, dans le massif du Djurdjura.
L’endroit piégé avec des explosifs
L’endroit de l’inhumation, au milieu d’une forêt, était piégé avec des engins explosifs. « Les terroristes entendaient faire des victimes parmi ceux qui viendraient fouiller dans le coin », a commenté un habitant.
IRAN – Nucléaire : reprise de négociations. Washington et Théhéran préparent le terrain. Les négociations sur le nucléaire iranien entre l’Iran et le groupe 5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume Uni, France et Allemagne) doivent reprendre officiellement dimanche à Genève, sous l’égide de la diplomatie de l’Union européenne.
ENTREPRISE – Dialogue social : négociation à enjeux. Réunions de la dernière chance entre patronat et syndicats. Comment mieux organiser le dialogue dans les entreprises ? La question divise autant le patronat que les syndicats, et compromet la possibilité d’un accord avant ce soir.
IMMIGRATION – Moins de régularisations. Le nombre de régularisations a baissé en 2014, après un bond l’année précédente dû à un changement des règles permettant de prétendre à une admission exceptionnelle au séjour. Le nombre des ces « admissions » est passé de 35274 en 2013 à 31 265 en 2014, soit un recul de 11,4 %. Les acquisitions de nationalité ont de leur côté augmenté de 10,9 % l’an dernier.
La carte des régions validée par les Sages
Le Conseil constitutionnel, saisi par l’opposition de droite, a validé jeudi la loi de réforme territoriale qui réduit de 22 à 13 le nombre de régions métropolitaines. « Le Conseil constitutionnel a jugé que la loi n’a pas été adoptée selon une procédure contraire à la Constitution », ont déclaré les « Sages ». Les groupes UMP de l’Assemblée et du Sénat avaient saisi le Conseil constitutionnel en s’appuyant sur les dispositions de la Constitution et de la Charte européenne disant qu’on ne peut modifier le contour d’une collectivité sans l’avoir consultées
Avocat
"La liberté d'expression est un principe"
Qu'est-ce qui encadre la liberté d'expression ?
La liberté d'expression est un principe. Ses restrictions sont des exceptions. La loi la tempère dans un certain nombre de cas précis, comme la diffamation ou l'incitation à la haine. Charlie Hebdo a parfois été condamné pour diffamation quand ses caricatures ciblaient, de manière injurieuse, des personnes précises. En revanche, quand il a été poursuivi en 2007 par des organisations musulmanes, pour des caricatures de Mahomet, le tribunal l'a relaxé. Les juges ont considéré que ces dessins ne s'attaquaient pas à des personnes mais à une idéologie - l'écologie par exemple - ou une religion - que soit l'islam ou le christianisme.
Y-a-t-il deux poids deux mesures entre Charlie Hebdo et Dieudonné ?
Dieudonné bénéficie de la liberté d'expression. Il joue sur scène tous les soirs. Et même si son spectacle peut être choquant, il n'est pas juridiquement répréhensible. Mais là encore, la liberté d'expression à des limites. Quand, dans ses délires idéologiques, Dieudonné dérape et s'attaque à des personnes, ses propos tombent sous le coup de la loi. C'est le cas lorsque, sur scène, il s'en est pris au journaliste Patrick Cohen.
Et cette fois-ci, pour la phrase sur "Charlie Coulibaly" ?
Dieudonné pourra être condamné ou non pour apologie du terrorisme. Tout dépendra de la manière dont le tribunal interprétera sa phrase. Dieudonné est un provocateur habile qui, à force de fréquenter les tribunaux, est devenu aussi juriste. Sa formulation est suffisamment complexe pour semer le doute. Il n'a pas dit "je me sens Coulibaly" ou "je suis Coulibaly" mais "je me sens Charlie Coulibaly". Le tribunal va avoir du mal à qualifier les faits d'apologie du terrorisme [...] La liberté d'expression est un principe sacré,il ne faut la toucher qu'avec parcimonie. Et être prudent pour qu'elle garde toute sa force. Car ce principe est fondateur de notre démocratie. Recueilli par Elodie Bécu
TERRORISME – Les Kouachi manipulés depuis le Yémen. L’ordre d’attaquer CHARLIE HEBDO émanait d’Al-Zawahiri, le chef d’Al-Quida selon une vidéo authentifiée par les Américains. Al-Quaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa), aussi appelé Al-Quaïda Yémen, a officiellement revendiqué la meurtrière attaque des frères Kouachi contre Charlie Hebdo.
6 complices pourraient avoir participé à la cellule djihadiste des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly. La police judiciaire recherche notamment Hayat Boumedienne, la concubine de Coulibaly, deux frères franco-algériens, Mohamed et Mehdi Belhoucine, ainsi qu’un homme vu dans la Mini Cooper de Boumedienne. Tous pourraient avoir fui en Syrie.
« Vous ne serez pas sécurité tant que vous combattrez Allah, son messager et les croyants ». Harith al-Nadhari, un responsable religieux appartenant à Al-Quïda dans la péninsule arabique
« Des héros ont été recrutés et ils ont agi. Ils ont promis et son passés à l’acte à la grande satisfaction des musulmans » : c’est par ces mots diffusés dans une vidéo de onze minute sur un site islamiste que Nasser al-Ansi, un responsable d’Al-Quaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a revendiqué hier l’attentat des frères Kouachi contre Charlie Hebdo. « L’opération a été menée sur ordre de note émir général Ayman al-Zawahiri et conformément à la volonté posthume d’Oussama Ben Laden », précise Nasser al-Ansi.
Les frères Kouachi s’étaient réclamés d’Al-Quaïda au Yémen, d’abord mercredi en braquant un automobiliste à Paris après la tuerie de Charlie Hebdo, puis par téléphone à une chaîne de télévision en continu lors du siège de Dammatin-en-Goële, vendredi.
Dix millions de dollars de mise à prix
Moins connu en France qu’Al-Quaïda au Magrhreb islamique (Aqmi), Al-Quaïda dans la péninsule arabique est jugé plus dangereux par les services américains. Wasington offre dix millions de dollars pour toute information conduisant à la localisation de son chef, le Yéménite Nasser Al-Wahychi, et de sept autres dirigeants du groupe. Al-Whaychi a proclamé en juillet 2011 sont allégeance à l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri, le nouveau chef d’Al-Quaïda, depuis la mort d’Oussama Ben Laden, tué par les Américains en mai 2011 au Pakistan.
La France dans le viseur
L’ombre d’Aqpa plane sur de nombreux attentats à travers le monde et sur le sol yéménite. Aqpa mène régulièrement des attaques meurtrières contre les forces de l’ordre. Le jour même de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris, une attaque a tué 40 policiers à Sanaa.
Aqpa a inscrit en 2013 le dessinateur Charb, directeur de Charlie Hebdo, sur la liste des personnes à abattre, et s’en prend régulièrement à la France, coupable à ses yeux d’intervenir au Mali et en Irak.
Les frères Kouachi au Yémen
Comment les frères Kouachi sont-ils entrés en contact avec ces djihadistes basés à des milliers de kilomètres de la France ? Des témoignages font état de la présence de Saïd Kouachi, l’aîné, au Yémen dès 2009. Selon le Figaro, il suivait des cours d’arabe à la Sanaa Language school où il a rencontré un étudiant nigérian. Umar Farouk Abdulmutallab. Ce dernier purge actuellement une peine de prison à vie aux Etats-Unis pour avoir tenté de faire exploser l’avion Amsterdam-Détroit le 25 décembre 2009. Chérif Kouachi a rejoint son frère en juillet 2011 via le sultanat d’Oman voisin. Selon un haut responsable yéménite, ils y ont y ont rencontré le prédicateur extrémiste Anouar Al-Aoulaki (cité par Chérif Kouachi lors du siège de Dammartin-en Goële, la semaine dernière) et ont été formés au maniement des armes dans le désert de Marib. Ils sont retournés à Oman, qu’ils ont quitté le 15 août 2011 pour regagner la France.
Contrôle judiciaire
Si les voyages en direction de cette région du Globe sont libres, Chérif Kouachi n’aurait jamais dû pourvoir embarquer en 2011 dans un avion pour Mascate, la capitale du sultanat d’Oman. Il était alors sous le coup d’un contrôle judiciaire après avoir été écroué en 2010 dans l’enquête portant sur la tentative d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, condamné à perpétuité pour l’attentat du RER C en 1995. Ce « raté » à la frontière ne manque pas d’interpeller, tout le fait que Chérif (et Saïd) Kouachi étaient fichés par les services anti-terroristes américains. En France ils ont réussi à se faire oublier malgré un passé chargé !. P.F.
Au moins six personnes dans la cellule
Les frères Kouachi et Amedy Coulibaly auraient pu appartenir à une cellule terroriste composée d’au moins six autres personnes, selon l’agence Associated Press. Les autorités turques reconnaissent officiellement que Hayat Boumedienne, 26 ans, la concubine de Coulibaly, a rejoint la Syrie via Istanbul, probablement le 8 janvier, c’est-à-dire au lendemain de l’attaque contre Charlie Hebdo. Elle aurait quitté la France dès le 2 janvier, c’est-à-dire avant l’attaque, par Madrid.
L’homme a la Mini Cooper
La police judiciaire est également à la recherche d’un homme qui a été vu en région parisienne, au volant d’une Mini Cooper appartenant à Hayat Boumedienne. Le beau-frère de Chérif Kouachi, Mourad Hamyd, qui s’est présenté de lui-même à la police de Charleville-Mézières où il est lycéen, a été mis hors de cause définitivement.
Hollande veut suspendre la réduction de militaires
Changement, voire suspension, de la réduction du nombre de soldats ? C’est le souhait de François Hollande. Lors de ses vœux aux Armées, sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, le chef de l’Etat a annoncé que la « situation que nous connaissons doit conduire à revenir sur le rythme de réduction des effectifs programmé pour les trois prochaines années dans le cadre de la loi de programmation militaire. Je demande au ministre de la Défense de me faire des propositions d'ici la fin de la semaine, en tenant compte évidemment de nécessités budgétaires". Il tiendra un conseil de Défense sur cette question mercredi prochain et "prendra aussitôt la décision".
Votée en décembre 2013, la loi de programmation prévoit 190 milliards d'euros de crédits pour la période 2014-2019, avec un budget annuel maintenu à 31,4 milliards d'euros. Le texte prévoyait la suppression de 34 000 postes dans les armées en six ans, dont 7 881 en 2014.
Ancien patron de la surveillance du territoire
« Ils reviennent du Yémen avec une vraie formation »
Qu’est-ce qui a changé au cours de ces trente dernières années ?
A l’époque, le terrorisme répondait à une logique identitaire, en aucun cas messianique. Pour vous dire, on ne s’intéressait que très peu aux mosquées. Certes dans le modus operandi, les actes n’ont pas véritablement évolué, mais désormais nous faisons face à un fanatisme qui n’existait pas avant. Aujourd’hui, la vie des terroristes ne compte plus à leurs yeux. Dès lors, l’adversaire s’avère plus dangereux et imprévisible. Naguère, ces personnes se ménageaient des portes de sortie, ils les ferment sur eux dorénavant. On a complètement changé de dimension.
L’armement n’est-il pas une autre évolution ?
On peut dire que celui des policiers n’a, globalement, pas tellement changé contrairement à ces terroristes. Lesquels reviennent de Syrie, d’Irak et surtout du Yémen avec une vraie formation militaire. Ils ont appris à se servir des armes qui leur sont distribuées. Ce qui pose la problématique de la formation des forces de l’ordre par rapport à certaines situations d’urgence. Voilà qui me paraît plus urgent que de nouveaux décrets venant assortir un arsenal législatif suffisant.
En quoi la menace a-t-elle évoluée ?
En ce qui concerne les Français, elle se limitait à l’époque, pour ainsi dire, aux activistes d’Action directe. Elle est aujourd’hui beaucoup plus prégnante avec le départ de centaines de jeunes. Là aussi, la dimension est tout autre. Il est beaucoup plus difficile qu’auparavant de traiter les individus compte tenu de leur nombre. En ce sens, je considère que le problème des moyens n’est pas suffisamment pris en compte. Plutôt que mettre des effectifs en faction devant les monuments, ce qui à mon sens ne sert à rien, on ferait mieux de consacrer cet argent à des recrutements et des formations. Recueilli par Sébastien Michaux
Le président yéménite solidaire
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi a exprimé la « solidarité totale de son pays avec le peuple français ». Mais, a-t-il ajouté, « nous tenons à souligner que le Yémen est très affecté par le terrorisme qui lui vient de l’extérieur et qu’il ne réexporte pas, comme le prétendent certain » . « Le jour même (de l’attaque à Paris), le Yémen a souffert d’un crime terroriste », a indiqué M. Hadi, à propos d’un attentat à Sanaa qui a fait 40 morts.
Mauvaise coopération
Des responsables des services de sécurité yéménites se sont plaints d’un manque de coopération des Français et des Américains, affirmant n’avoir pas été informés que les frères Kouachi étaient sous surveillance.
Au bord du chaos
Le Yémen est un pays au bord du chaos, avec des violences provoquées non seulement par Al-Quaïda mais aussi par des miliciens chiites qui contrôlent la capitale Sanaa depuis septembre.
Le Yémen abcès de pauvreté
Le Yémen était autrefois décrit comme « l’Arabie heureuse ». Le temps est loin… Depuis cinquante ans, le pays a été traversé par toutes les tensions du monde moderne, y compris la guerre froide. Le nord, longtemps contrôlé par l’empire Ottoman, a connu une âpre lutte, dans les années 1960, entre républicains et monarchistes soutenus par l’Arabie saoudite voisine. C’est la république qui a gagné, mais l’autocratie incarnée par le président Saleh qui a triomphé.
Le sud, sous coupe anglaise, est devenu, à son indépendance en 1967, une république populaire de type soviétique. A l’entrée de la Mer Rouge qui mène au canal de Suez, le Yémen occupe, pour son malheur, une position stratégique. Unifié en 1990, le pays (qui est presque aussi grand que la France avec ses 526 000 km2) a sombré dans des guerres civiles en 1994, 2004 et 2006. En jeu, l’autonomie du sud longtemps défendues, bien que teintée de socialiste, par l’Egypte, la Grande-Bretagne ou encore la Russie contre le nord conservateur appuyé par l’Arabie saoudite (et les USA), mais aussi des querelles tribales et religieuses.
En 2004, la « guerre du Saada » a opposé la minorité chiite zaydite des montagnes qui longent l’Arabie saoudite au régime sunnite du président Saleh. Entouré des riches voisins saoudien et omanais, le Yémen est le parent pauvre de la péninsule arabique et s’est petit à petit transformé en foyer islamiste dont les répercussions se font sentir dans le sultanat voisin d’Oman. Un seul exemple, vécu dans un avion intérieur omanais reliant Mascate à Salallah, non loin de la frontière yéménite : au départ, les hôtesses sont habillées comme n’importe quel équipage du monde. A l’approche de l’atterrissage, elles revêtent les voile islamique… Avec l’aide du nouveau président Hadi, les Américains mènent au Yémen une guerre de drones qui a déjà fait des centaines de morts « ciblés ».
TERRORISME - Apologie : multiplication des peines. La ministre de la Justice demande l'intransigeance en s'appuyant sur la loi de septembre 2014. Face à l'apologie et à la menace d'actes terroristes, le gouvernement et les magistrats ont choisi fermeté et exemplarité.
54 procédures
D'ordinaire bien lente, la justice applique la loi dite Cazeneuve du 18 septembre 2014 avec célérité, multipliant poursuites et comparutions immédiates : 54 procédures engagées, une trentaine de jugements prononcés et des peines de prison ferme qui tombent.
Hier encore un homme de 28 ans qui avait crié à l'adresse de policiers "Ils ont tué Charlie, moi j'ai bien rigolé", a été condamné à six mois de prison ferme à Bourgoin-Jallieu (Isère). Un autre de 22 ans a écopé d'un an de prison ferme pour avoir posté et commenté positivement la vidéo sur laquelle on voit Chérif Kouachi abattre le policier Ahmed Merabet. Une adolescente de 14 ans est mise en examen à Nantes pour avoir lancé dans un tram : "On est les soeurs Coulibaly, on va sortir les kalachnikov".
Dix-huit procédures ont également été ouvertes pour des tags, dix pour des dégradations sur des mosquées, onze pour des tracts anti-musulmans, 19 pour des infractions commises contre les forces de l'ordre et quatorze pour des cyber-attaques. La circulaire de la ministre de la justice Christiane Taubira, qui donne des consignes de réactivité et d'intransigeance est donc appliquée.
101 C'est le nombre de procédures ouvertes depuis mercredi 7 janvier pour apologie de terrorisme, dégradations volontaires de lieux de culte, actes ou propos à caractère raciste et antisémite Toutes en lien avec les attentats.
Sociologue, ancien membre du Haut Conseil à l'Intégration
"Il y a des milliers de Kouachi en puissance"
Les attentats signent-ils l'échec de l'intégration à la Française ?
L'intégration est un processus par lequel des personnes ou des groupes différents travaillent ensemble à créer une société nouvelle. En France, cette philosophie a perdu son sens quand elle s'est inspirée des catégories ethniques à l'anglo-saxonne et s'est transformée en une "assimilation soft". En ciblant sur des publics spécifiques, elle a renforcé le communautarisme, les discriminations et les inégalités.
L'école a été ébranlée par les minutes de silence perturbées...
Depuis des années, j'alerte sur ce qui se passe dans les établissements scolaires. Les tensions se cristallisent autour de la laïcité. L'institution est gênée dans sa réponse. Face à un élève qui arrive en djellaba dans un atelier de mécanique, on s'interroge s'il s'agit d'un signe d'appartenance religieuse ou pas [...] il faut reprendre les choses à la base, en discutant avec les élèves : sur les notions de liberté, d'égalité entre les garçons et lies filles... Derrière, ils ont souvent une grande ignorance de la religion et un immense désarroi. L'heure n'est pas à la réforme des programmes ni au changement des notes. L'urgence est ailleurs. Les élèves se sentent humiliés et se réfugient dans une violence contre tout ce qui incarne l'institution.
Etes-vous pessimiste ?
Si la classe politique, l'école, les syndicats et les associations institutionnalisées ne sont pas à la hauteur des attentes, le danger est grand [...] Ne cédons pas à la répression, et construisons une intelligence collective pour intégrer ces jeunes qui se sentent humiliés dans la République. Il y a des milliers de Kouachi et Coulibaly en puissance. Si nous ne changeons pas radicalement d'approche, ce qui s'est produit peut se reproduire et nous serons dans ce que certains ont appelé le "troisième conflit mondial". Recueilli par Elodie Bécu
SOCIETE - La revanche de Charlie Hebdo. Le tirage à trois millions est déjà épuisé, un autre à cinq millions est annoncé. Rupture de stock globale, retirage massif, enchères à des prix indécents... Le dernier numéro de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo s'arrache, occasionnant même des débordements.
Les adieux
Wolinski incinéré suivi de l'inhumation au cimetière du Montparnasse
Stéphane Charbonnier, alias Charb, sera inhumé vendredi dans le cimetière de Pontoise, la ville où il a grandi
Tignous au Père-Lachaise, il doit être inhumé à 16 h
Elsa Cayat, la psychiatre, chroniqueuse chez Charlie Hebdo sera enterrée aujourd'hui au cimetière du Montparnasse à Paris
Les musulmans indignés mais prudents
Au Sénégal
Le Sénégal a interdit la diffusion "par tout moyen" de l'édition du jour de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo et du quotidien français Libération qui publient une caricature du prophète Mahomet dans leur Une.
En Iran
L'Iran a qualifié la couverture de Charlie Hebdo "d'insultante", tout en condamnant le terrorisme.
En Egypte
Zl-Azhar, principale autorité de l'islam sunnite basée en Egypte, a appelé les musulmans à "ignorer cette frivolité haineuse". L'instance représentant l'islam auprès des autorités égyptiennes, Dar al-Ifta, l'a qualifiée de "provocation". "Il n'est ni raisonnable, ni logique, ni sage de publier les dessins offensant le prophète", écrit l'Union mondiale des oulémas musulmans.
A Jérusalem
"Cette insulte a blessé les sentiments de près de deux milliards de musulmans dans le monde", a dit le grand mufti de Jérusalem Mohammad Hussein.
Aux Philippines
Aux Philippines, 1 500 personnes ont manifesté hier à Marawi contre les caricatures.
En Turquie
En Turquie, après un contrôle de police nocturne, le quotidien Cumhuriyet, ennemi juré du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, a distribué un encart de quatre pages en turc reprenant l'essentiel du nouveau numéro de Charlie Hebdo. Les responsables de l'Islam de France ont, eux, appelé au calme, à la veille de la parution "Evitons les réactions émotives ou incongrues incompatibles avec la dignité et la réserve, tout en respectant la liberté d'opinion", soulignent le Conseil français du culte musulman et l'Union des organisations islamiques de France.
L’HOMMAGE – Bravo Charlie, il n’a pas fini de rigoler dans les kiosques. L’hebdomadaire satirique est de retour pour un numéro très attendu, le président a rendu les honneurs aux policiers tués et les victimes juives ont été inhumées en Israël. Charlie Hebdo est exact au rendez-vous. Hier, Gérard Biard, Luz et Patrick Pelloux sont revenus sur leur terrible semaine, mais aussi sur leurs espérances.
« Tous être des Charlie »
Reste à savoir ce que va devenir CHARLIE HEBDO ». « On n’en sait rien », confient-ils. « On sait juste qu’on ne veut pas d’interruption ». Charlie sera donc de retour en kiosques dans deux semaines. « Au moins, côté matériel, c’est assuré », rigole Luz. « On veut remercier ceux qui se sont abonnés, qui nous ont soutenus. Surtout Arnold Schwarzenegger, s’amuse Gérard Biard. Espérons que Clonney fera de même, comme les filles du journal auront son adresse ».
Plus sérieux, il reprend : « On voudrait que les institutions ou les personnalités restent longtemps Charlie ». « Ceux qui étaient dans la rue dimanche doivent aussi rester des Charlie, complète Luz. Qu’ils l’expriment, qu’ils dessinent, qu’ils écrivent ». Pour sa part, il ne peut s’engager qu’à une chose : « On veut juste raconter ce monde en dessin, comme des gamins. Promis, on n’a pas fini de rigoler ». Ryad Benaidji
300 000 C’est le nombre d’exemplaire du nouveau numéro de Charlie Hebdo qui seront vendus à l’étranger. Un vingtaine de pays vont en recevoir, sans oublier des versions numériques en espagnol, arabe et anglais.
« Il faut être intraitables devant l’apologie du terrorisme et devant ceux qui s’y livrent et notamment les djihadistes qui se rendent en Irak ou en Syrie et implacables face aux actes antisémites, anti-musulmans ». François Hollande, président de la République, lors de l’hommage aux trois policiers tués par les djihadistes à Paris
Les pays musulmans critiquent
Mahomet, la larme à l’œil, tenant une pancarte « Je suis Charlie ». La Une du CHARLIE HEBDO du jour recueille une salve de critiques dans le monde musulman. Si elle doit sortir aussi en arabe et en turc, cette édition n’est pas montrée par les grands médias des pays musulmans, l’Islam interdisant la représentation de Mahomet. A Caire, l’autorité musulmane égyptienne qui a « mis en garde » contre ce dessin, y voyant « une provocation injustifiée pour les sentiments d’1,5 milliard de musulmans à travers le monde ».
En Iran, le site Tabnak (conservateur) estime que Charlie Hebdo « insulte de nouveau le prophète ». « La vague d’insultes des entités sacrées de l’islam, dans laquelle ce magazine a joué un rôle dominant dans le passé, combinée à l’islamophobie, augmente en Occident », écrit-il. En France, anticipant les réactions hostiles à cette nouvelle caricature du prophète, les responsables de l’islam de France ont appelé hier au calme une opinion sous tension.
Défense
Le Charles-de-Gaulle en route pour le Golfe
Le porte-avions Charles-de-Gaulle a appareillé mardi de Toulon en direction du Golfe persique où il pourra éventuellement être mobilisé pour des opérations en Irak où la France est engagée contre les djihadistes de l’Etat islamique. Il ralliera ensuite l’Océan indien, dans le cadre d’un déploiement du groupe aéronaval prévu depuis plusieurs mois.
POLITIQUE – La Marseillaise historique des députés. L’Assemblée nationale rendait hommage hier aux victimes du terrorisme. Les députés ont été à la hauteur hier : ils ont ovationné Manuel Valls qui a prononcé un discours salué par tous avant d’annoncer des mesures pour le renseignement et dans les prisons.
Le Canard enchaîné a reçu des menaces jeudi
Dans son édition d’aujourd’hui – la première depuis les attentats de la semaine dernière -, le Canard enchaîné affirme avoir reçu un message de menace, par téléphone, au lendemain de l’attaque sanglante contre CHARLIE HEBDO. Une enquête a été ouverte par le procureur de la République qui a renforcé la surveillance des locaux de l’hebdomadaire.
Déjà un million d’euros pour Charlie Hebdo
Près d’un million d’euros avaient déjà été recueillis hier au profit de Charlie Hebdo, via les dons de quelque 14 000 personnes, selon l’association Presse et Pluralisme, qui centralise la collecte. Et encore : ce chiffre ne prend en compte que les dons effectués par carte bancaire sur le site jaidecharlie.fr. Il est aussi possible de faire de dons par chèque à l’ordre de Presse et pluralisme, à l’adresse suivante : APP, TSA 32649,91 Palaiseau Cedex.
TECHNOLOGIE – Le cyber-djihad, la nouvelle arme. Juste après les attaques en France, la toile a été le théâtre d’une autre bataille. Guerre cybernétique, attaques en série contre des sites français, riposte des Anonymous. L’affrontement entre les islamistes radicaux et les pays occidentaux a trouvé un nouveau terrain sur le Web.
"Ce qui enrage les mécréants, c'est de savoir qu'Internet, qui était à la base réservé à l'armée, est aujourd'hui utilisé contre eux". Ce message sur Twitter posté le 12 janvier par "@Abumikmik" qui prône le djihad "jusqu'à Paris" résume la nouvelle guerre qui éclate au grand jour entre islamistes extrémistes et pays occidentaux. Le web et les réseaux sociaux sont devenus le supports d'une nouvelle forme de terrorisme. (suite de l'article dans la rubrique "TECHNOLOGIE" du blog)
ALLEMAGNE - Islamophobie : Merkel s'interpose. En riposte au mouvement PEGIDA. Des milliers de personnes opposées aux manifestations anti-musulmanes se sont rassemblées mardi soir avec Angela Merkel et Joachim Gauck à Berlin.
SYRIE - EI : "deux Russes" exécutés dans une vidéo. Le groupe djihadiste de l'Etat islamique (EI) a diffusé hier une vidéo affirmant montrer un jeune garçon d'une dizaine d'années exécutant avec un pistolet deux hommes accusés de travailler pour les services de renseignement russes.
TCHAD - 11 000 réfugiés à cause de Boko Haram. La dernière vague d'attaques "haineuses et brutales" des combattants islamistes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria a entraîné la fuite vers le Tchad voisin de 11 320 personnes en quelques jours, a indiqué hier le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations-Unies. Depuis le début de ces attaques par Boko Haram, quelque 135 000 personnes ont fui le nord du Nigeria vers les pays voisins et au moins 850 000 sont déplacées à l'intérieur du pays.
UKRAINE - Au moins 11 civils tués dans l'Est. Au moins onze personnes ont été tuées et 13 autres blessées mardi dans l'explosion d'un autocar détruit par un obus au niveau d'un poste de contrôle de l'armée gouvernementale, près d'une ville au sud de Donetsk.
POPULATION - La France vieillit et fait toujours des bébés. Notre pays compte 66,3 millions d'habitants selon l'INSEE. La population française augmente encore parce que les Français font toujours plus de bébés que les autres Européens, et qu'ils vieillissent davantage. Le mariage homosexuel reste très minoritaire.
A SUIVRE - Nucléaire : Royal veut de nouveaux réacteurs. Ségolène Royal a-t-elle retourné sa veste sur le nucléaire ? La ministre de l'Ecologie et de l'Energie a estimé, hier, nécessaire de construire de nouveaux réacteurs nucléaires en France pour remplacer certaines vieilles centrales, fermant ainsi la porte à une sortie de l'atome. Pourtant, le gouvernement s'est engagé à réduire la part de cette énergie dans le mix électrique français.
TRANSPORT - Air France : 5 000 emplois menacés. Le groupe Air France-KLM (95000 employés) devrait annoncer ces prochaines semaines un nouveau plan de suppression de postes qui pourrait porter sur près de 5 000 postes. La compagnie tricolore sera la plus touchée même si KLM devrait aussi réduire ses effectifs. Air France sort d'un vaste plan de départs volontaires de 8 000 postes en trois ans.
NUCLEAIRE - Irradiation : neuf Français indemnisés. Neuf vétérans irradiés lors des essais nucléaires français menés dans le Sahara algérien et en Polynésie dans les années 1960-90 ont obtenu le droit d'être indemnisés par l'Etat, hier devant la Cour d'appel administrative de Bordeaux.
DROGUE - 101 kg de cocaïne à Orly. 101 kg de cocaïne ont été saisis à l'aéroport d'Orly et une quinzaine de personnes ont été interpellées aujourd'hui dans le sud-est de la France, lors d'une opération de gendarmerie visant à démanteler un réseau de trafic de drogue.
SYNDICATS - La CGT s'enfonce dans la crise. Le "Parlement" de la CGT rejette le candidat de Thierry Lepaon.
SECURITE - Antiterrorisme : comment renforcer la protection. Le gouvernement français et l'Europe préparent de nouvelles mesures. Comment mieux prévenir les attaques terroristes et poursuivre leurs auteurs ? La France et l'Europe préparent des mesures, avec deux limites à l'exercice : la souveraineté nationale et le respect des libertés.
14 Le nombre de lois antiterroristes votées par le parlement français depuis la loi du 9 septembre 1986, qui répondait à une suite d'attentats. Elle allongeait en particulier la durée de garde à vue à 96 heures et créait un service judiciaire central de lutte antiterroriste.
"On ne cédera rien, sinon tout ça n'aura pas eu de sens. L'état d'esprit "Je suis Charlie" cela veut dire aussi le "droit au blasphème", le droit à rire de tout. Depuis vingt-deux ans, il n'y en a pas un où il n'y a pas de caricatures du Pape, de Jésus, de curés, ou de rabbins, d'imams et de Mahomet". Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et ami du dessinateur tué Wolinski
Le numéro d'après, un journal "normal"
Charlie Hebdo sera de retour en kiosques demain avec un numéro au tirage exceptionnel, qui publiera des nouvelles caricatures de Mahomet et promet d'être irrévérencieux. Comme toujours. Pour préparer ce nouveau numéro, la rédaction CHARLIE HEBDO, s'est réfugiée dans les locaux de LIBERATION, à deux pas de la place de la République. Comme en 2011, après l'incendie criminel de ses bureaux. Le journal LE MONDE a prêté les ordinateurs.
Les people aussi sont "Charlie"
L'acteur Georges Clooney, accompagné ici de sa femme Armal, portait un badge "Je suis Charlie", lors de la 72e cérémonie des Golden Globes, dimanche 11 janvier, à Beverly Hills, en Californie. "Aujourd'hui était une journée extraordinaire, il y avait des millions de personnes dans la rue, pas seulement à Paris mais aussi dans le monde entier", a déclaré George Clooney, en recevant un prix pour sa carrière et son engagement humanitaire. Avant de conclure son discours avec un "Je suis Charlie", en français dans le texte.
"Charlie" va-t-il changer les politiques ?
Tous ont pris conscience de l'immense élan populaire transpartisan qui est derrrière "Je suis Charlie". Mais à gauche comme à droite, les réflexes politiciens restent.
Sociologue, auteur de la Préférence pour l'inégalité (Seuil-République des idées)
"Un grand et difficile chantier s'ouvre"
Est-il possible de maintenir l'esprit d'unité "11 janvier" ?
Ces manifestations sont une bonne nouvelle. Les gens ont marché pour dire qu'ils voulaient vivre ensemble de manière pacifique sans exclure personne. C'est un moment formidable, incitant à l'optimisme alors que la période pouvait laisser craindre que des attentats n'exacerbent le rejet de l'autre. Après le grand moment de fusion, viendra cependant le retour à la réalité : les désaccords, les peurs, la récupération par les partis politiques. C'est un moment positif, mais il ouvre un grand chantier qui sera difficile.
Quels sont les défis de ce grand chantiers de la cohésion sociale ?
Le premier défi est de répondre à la défiance envers le système politique, qui se manifeste par le vote populiste, l'absentéisme élevé, le manque de confiance dans les élus. Le système politique doit se renouveler. Il faut reconstruire une participation démocratique. Dans beaucoup d'endroits dont sont issus les terroristes, il n'y a plus aucune participation démocratique.
Le second enjeu, plus subtil, concerne la redistribution sociale, l'Etat providence. Actuellement, toutes les catégories sociales ont l'impression de se faire "gruger", ce qui épuise la citoyenneté. L'enjeu fondamental est de reconstruire un contrat social transparent. Enfin, se pose un enjeu moral : comment apprendre à vivre ensemble pacifiquement ? L'école, mais pas uniquement elle, a un rôle à jouer. Il ne faut pas laisser les enseignants seuls face à leurs classes. Il faut un discours cohérent de l'institution et que les parents y soient associés.
Comment recréer du dialogue ?
C'est un long travail. Cela n'exige pas que nous soyons tous d'accord, mais que nous reconstruisions un accord sur les principes fondamentaux de la République, les règles du jeu. Cela ne sera pas facile après ce grand moment d'émotion, car vont à nouveau se faire jour les tensions qui divisent sur les questions de liberté et de sécurité, de religion et de communautarisme, de politique à l'égard des quartiers en difficulté.
Tout ne va pas se régler dans les trois semaines, mais dimanche, nous avons assisté à une prise de conscience profonde de l'intérêt qu'il y a à vivre ensemble de manière pacifique. Nous allons vivre des temps plus difficiles à présent, mais la manifestation de dimanche est porteuse d'espoir. Des croyants, des non-croyants, des catholiques, des musulmans, des gens de gauche, de droite, et qui ne s'intéressent pas à la politique, se sentent suffisamment attachés à ce socle démocratique pour que cela mérite de faire des efforts pour le défendre. Recueilli par Elodie Bécu
ZOOM - Le pape dénonce la violence fondamentaliste. Dans le cadre solennel de son discours annuel devant le corps diplomatique du Vatican, le pape François a dressé hier un tableau très sombre du monde, fustigeant les "formes déviantes de religion" et les fondamentalistes qui massacrent au nom d'un Dieu relégué "au rang de pur prétexte idéologique" en France, en Irak ou encore au Nigeria. Et Jorge Bergoglio a renouvelé son appel aux "responsables religieux, politiques et intellectuels, en particulier musulmans" à condamner "toute interprétation fondamentalistes et extrémiste de la religion".
Une "traque" à grande échelle
Les frère Kouachi et Amedy Coulibaly ont-ils bénéficié de complicité(s) ? Quel rôle à joué Hayat Boumedienne, partie accompagnée en Syrie ? Après la mort des trois terroristes, l'enquête est loin d'être terminée.
LE FAIT DU JOUR - Rassemblés. Tout un pays, fier et uni, a marché hier pour la liberté et contre le terrorisme. A Paris, "capitale du monde" où dirigeants et représentants de tous les pays marchaient avec la France, bouleversée par cette semaine de terreur, mais aussi dans tout le pays et les grandes villes de la planète, des foules immenses ont rendu hommage aux 17 victimes des tueurs et défié le terrorisme.
C'était le dimanche 11 janvier 2015. Une de ces journées comme on n'en vit et on n'en voit pas toujours dans une existence, une journée qui valait d'être vécue et autorise à proclamer fièrement jusqu'au dernier souffle : "J'y étais". Tout un pays, et pas seulement Paris, est devenu la place de la République. Marianne a épousé Charlie e le peuple a célébré cette noce contre les barbares et le sang, bénie par des laïques, des imams, des rabbins, des pasteurs, des évêques, les bruines et les brumes du ciel de janvier. Bras dessus, bras dessous, avançant sans haine et sans crainte, comme les grands de ce monde guidés par le président français sur le boulevard Voltaire si bien nommé, le camp des démocrates s'est levé et a marché, armé jusqu'aux larmes de pancartes, de crayons et de dessins.
Innombrable, inchiffrable
Qui ? Tout le monde. Combien ? Avec autant de milliers et des millions, les foules ne se comptent plus. La Libération et le 12 juillet 1998 soutiennent à peine la comparaison dans l'histoire. A cette déferlante démocratique dominicale, il faudrait ajouter les 700 000 dénombrés samedi plus ceux qui dans les lycées, les stades, les gymnases, les métros, les bureaux ont à leur façon honoré "les 17". Journalistes, policiers, clients de l'épicerie juive, sauvagement exécutés par des gamins paumés de France endoctrinés par des fanatiques obscurantistes. Aurélien, 19 ans, avant de monter à l'assaut de la statue de la place de la République avec sa bougie cercle son front d'un bandana blanc noirci au feutre avec : "Même pas peur". Les policiers étaient même d'accord avec les organisateurs sur les chiffres du plus grand rassemblement jamais vu dans le pays (3,7 millions) avant de renoncer à leurs méthodes de calcul : trop de monde. "J'ai pas compté, je pleurais" dit l'un d'entre eux, qui connaissait Franck Brinsolaro, garde du corps abattu dans les locaux de Charlie Hebdo mercredi.
Des larmes mais aussi des sourires, des Marseillaise spontanées et des applaudissements. Les manifestants acclament les cars de CRS, le peuple de Paris le passage de ce président présenté voilà peu comme champion de l'impopularité et les dirigeants d'une Europe si souvent décriée dans les urnes. Vêtus de noir, impuissants à desserrer l'étreinte de l'émotion et du chagrin, les familles et les proches des victimes précèdent le cortège des chefs d'Etat. "Merci, merci, merci" dit Elsa Wolinsky, la fille du dessinateur tué par les frères Kouachi.
Capitale du monde
L'Europe, l'Afrique, le monde embrassent et entourent François Hollande, les représentants de la Nation d'hier et d'aujourd'hui le suivent dans un bel œcuménisme politique. Des milliers de musulmans, des juifs aux regards humides et perdus qu'un panneau place de la Nation tente de rassurer ("La France, c'est votre pays") viennent dire leur malheur et aussi leurs peurs. "On va changer le braquet contre l'antisémitisme et le racisme", promet le ministre Jean-Marie Le Guen. Paris, capitale du monde et de la démocratie, a défié, debout et poing levé, le terrorisme islamiste sur le front des idées et de la détermination. Aucun incident n'a troublé la marche. Mais le combat demandera d'autres répliques.
Menace maximale
Pendant les marches républicaines, plusieurs sites internet et comptes Facebook étaient piratés par des mouvements fondamentalistes basés au Yémen et en Irak. Cyber-guerre et guerre tout court, mais aussi contrôle aux frontières, fichage des passagers aériens : les ministres de l'Intérieur et de la Défense ont engagé une riposte. "La menace est toujours à un niveau maximum", rappelle le Premier ministre britannique David Cameron. Le pays devra aussi ouvrir des débats cruciaux pour sa sécurité et le vivre ensemble sur fond d'approche de la présidentielle. "On n'a pas su empêcher que des gamins paumés de banlieue deviennent terroristes", interrogeait hier François Bayrou. "Il est temps de voir enfin comment l'Europe peut travailler pour faire face aux menaces terroristes", renchérit l'Italien Renzi. En ce dimanche irréel, la France a rêvé de fraternité. Ce matin, retour aux réalités. Pascal Jalabert
3,7 Au moins 3,7 millions de manifestants sont descendus dans la rue, partout en France, hier, au terme d'une semaine marquée par des attentats meurtriers qui ont fait au total 17 victimes, plus les trois assaillants. Des chiffres à ajouter aux 700 000 manifestants de samedi soit 4,4 millions.
"Paris est aujourd'hui la capitale du monde [...] Le pays tout entier va se lever vers ce qu'il a de meilleur". Le président François Hollande aux membres du gouvernement réunis à l'Elysée, hier, avant le début de la grande marche républicaine contre le terrorisme
A PARIS, LE CRAYON GUIDE LE PEUPLE
Une marée humaine a investi les rues de la capitale hier en hommage aux victimes des attentats. "Nous n'avons pas peur", ont scandé en cœur, les manifestants. "Nous sommes là", "Ici", debout. Hier, une foule innombrable a battu le pavé parisien en réponse aux attentats terroristes de la semaine dernière. Une foule multiple et compacte. Des familles, des enfants, des jeunes, des âgés, des juifs, des catholiques, des musulmans, des athées, des citoyens de tous bords politiques. Une marée humaine unie dans des minutes de silence encore plus impressionnantes que les applaudissements.
Ils et elles ont Charlie sur le cœur - #jesuischarlie brodé sur un bout de tissu ou attaché par un badge -, sur le front - un autocollant - ou à bout de bras - sur une pancarte -. Chacun a bricolé son hommage "fait maison" à toutes les victimes des 7, 8 et 9 janvier. Des stylos de toutes les tailles ponctuent le parcours. De nombreux drapeaux français aussi. Les slogans rivalisent d'imagination en hommage aux caricaturistes morts pour des dessins : "Nos crayons sont plus forts que vos kalash", "j'ai mauvaise mine, à vos crayons"...
Des roses et des crayons
"Douze balles pour un journal, c'est cher", a griffonné Stéphane, 38 ans, sur sa pancarte. La manifestation n'est pas dans la culture de ce militant UMP de 38 ans. Mais "être là aujourd'hui, c'est une obligation", glisse-t-il. Pour Jean-Pierre, aussi, c'est la première fois. "Ce n'est pas une manifestation mais une marche", précise cet homme de 55 ans, "pas politisé". Il est là en riposte à "une atteinte à notre liberté". Pour tous, l'événement transcende la politique. "Je marche pour la liberté, pas derrière les politiques", a marqué une femme au feutre bleu sur un carton. Isabelle est là "pour l'avenir" de ses trois enfants de 3, 4 et 7 ans, avec qui elle est venue. Elle a une rose blanche à la main, pour la déposer en hommage aux victimes, "enfin si on y arrive" sourit-elle en regardant la place de la République noire de monde.
Les manifestants ont déboulé dès 11 h 30 par milliers, alors que le départ n'est prévu qu'à 15 heures. Ils sont fiers, sereins, émus. Ils scandent, fort, très fort : "On n'a pas peur !" Des conversations se nouent entre inconnus. On sourit en découvrant les Unes de Charlie ressorties pour l'occasion.
"Ils veulent nous diviser"
Derrière la communion collective autour des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité perce cependant une inquiétude pour le futur. Rodrigue, 44 ans, serre très fort contre lui son fils Mathis, 7 ans. Rodrigue a été "choqué, apeuré et attristé" par les attentats. C'était pour lui une évidence de venir dans la rue "pour que son fils n'ait pas peur". Il a les larmes aux yeux quand il évoque les jours passés. Sa voie se casse : "Mon fils est métis. Nous vivons dans un quartier populaire. Je suis inquiet pour lui. Il ne faut pas laisser gagner les terroristes qui veulent nous diviser en communautés. Il faut rester unis".
Mourad, musulman, est venu avec son ami depuis vingt ans Alex, catholique, pour dire que "l'islam ce n'est pas la barbarie". Il s'insurge contre les terrorises, et espère qu'il n'y aura pas d'amalgame entre les fous fanatiques et la communauté musulmane. Jo, 64 ans, est "Charlie" et "juif" : "Je suis solidaire avec les valeurs de la République, et je suis inquiet. Je veux exprimer le désarroi des juifs de France". Ses amis, depuis des mois, quittent Paris car "ils ne s'y sentent plus en sécurité". Il défile parce que la France a été attaquée jusque dans ses symboles fondamentaux. Mais aussi avec "l'espoir que la France va se réveiller". La marche historique d'hier en est peut-être le premier signe. Elodie Bécu
Ligne 8 du métro
"Je suis vraiment heureux de travailler aujourd'hui et de vous emmener à la manifestation républicaine", annonce le chauffeur. Les passagers applaudissent.
"Attentif"
C'est le nom du magasin qui fait l'angle du boulevard Voltaire et de la rue du Chemin-Vert. C'est là que sont attendues les personnalités sous l'œil extrêmement vigilant des forces de sécurité.
Boulevard Haussmann
Des milliers de gens marchent dans la même direction le long du boulevard Haussmann. Soldent obligent, les grands magasins sont ouverts mais... déserts.
Business
Dix euros le tee-shirt "Je suis Charlie", cinq après négociation. La concurrence est vive sur le parcours de la marche. Une femme s'indigne. "Faire du business sur la misère, c'est honteux". Mais elle en achète toutefois un.
Cadeau
Restée ouverte boulevard Magenta, une imprimerie distribue gratuitement des affichettes "Je suis Charlie" aux manifestants qui se rendent à la marche.
Slogans
"Faites l'humour pas la guerre". "Paris stand up for freedom", "A mort la bêtise humaine".
Faux départ
16 h 30, boulevard Magenta - à quelques centaines de mètres du cortège - de nombreux manifestants repartent : ils n'ont jamais pu atteindre La place de la République, encore moins celle de la Nation...
Au front, un bandeau blanc et un nom : Charlie. Patrick Pelloux ne peut retenir ses larmes. Il s'effondre, en pleurs, dans les bras de François Hollande venu saluer les proches des 17 victimes des attaques terroristes. Il est 16 heures et le chef de l'Etat, accompagné du Premier ministre Manuel Valls vient de quitter l'impressionnant cortège des chefs d'Etat et de gouvernement qui se dispersaient, pour venir apporter son soutien à la famille Charlie en deuil.
Se tenant par la main
Patrick Pelloux est le premier à avoir prévenu le président de la République du drame de l'attentat mercredi. Le médecin urgentiste, chroniqueur à Charlie, n'a rien pu faire pour sauver ses camarades tombés sous les balles des terroristes qui ne leur ont laissé aucune chance. Depuis, Patrick Pelloux pleure ses confrères et amis assassinés. Hier encore, dans les bras du chef de l'Etat, qui lui a donné une accolade émue et poignante.
Il était 15 h 25 quand la famille Charlie, en rangs serrés, se tenant par la main ou le bras, a ouvert dans un impressionnant silence la longue marche républicaine sur le boulevard Voltaire. Avançant à pas lent, dans ce lourd et imposant silence, d'une infinie tristesse, leurs visages fermés sur la douleur, les traits défaits, certains en larmes comme le docteur Pelloux, ils se sont tournés vers les applaudissements qui résonnaient d'une fenêtre à l'autre le long du parcours. Précédant Hollande et les chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, cette famille unie ne première ligne du cortège a bouleversé. La foule avec elle s'est mise dans les pas d'une immense émotion.
Arrivées à la marche républicaine en bus, dès 14 heures, encadrées par des forces de police, les familles des victimes de Charlie Hebdo, ainsi que des proches et des survivants de l'attentat, ont longuement attendu, dans un froid glacial, sur le boulevard désert, battu par le vent et même arrosé par une averse qui a tracé sous le ciel de Paris un arc-en-ciel qu'on aurait dit dessiné pour la circonstance. Autour de Patrick Pelloux, de la femme de Cabu, du dessinateur Luz, du journaliste Jean-Baptiste Thoret, une famille Charlie unie, courageusement, dans la douleur. Certains n'étaient pas venus, comme Laurent Léger, rescapé de la tuerie qui a décimé la rédaction du journal satirique. Patrick Pelloux, le cœur brisé, n'a pas pu retenir ses larmes. Et l'on a vu Luz, réconfortant et amical, passer une main sur le visage du médecin inconsolable et dévasté. Nathalie Chifflet
ZOOM - Netanyahu et Hollande à la Grande synagogue. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français François Hollande ont été accueillis hier soir sous les ovations par les fidèles de la Grande synagogue de Paris, noire de monde. Dans l'assistance réunie pour rendre hommage à "toutes les victimes" des attentats de Paris, certains ont scandé "Bibi", le surnom de Netanyahu, et "Israël vivra, Israël vaincra", agitant le drapeau de l'Etat hébreu.
Ils n'ont pas défilé
Le ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mesouar, n'a finalement pas pris part à la marche contre le terrorisme hier à Paris "en raison de la présence de caricatures blasphématoires" du prophète dans le défilé, mais des représentants du Parlement étaient là à titre personnel.
Le collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) n'a pas manifesté en raison de la présence de M. Netanyahu, le qualifiant de "raciste contre les Arabes, les Noirs, les musulmans".
La ligue de défense juive (LDJ), groupe d'autodéfense controversé, était absente aussi.
Le président d'honneur du Front national Jean-Marie Le Pen a ironisé qualifiant de "charlots" les responsables politiques français qui y ont pris part.
Marine Le Pen acclamée à Beaucaire
Marine Le Pen a été acclamée hier à Beaucaire (Gard), lors d'un rassemblement qui a réuni un millier de personnes dans cette ville dirigée depuis mars par un élu FN. "Merci d'être là pour rappeler les valeurs de la liberté", a lancé la présidente du parti frontiste lors d'une brève intervention depuis le balcon de l'hôtel de ville sur lequel flottait une bannière "Je suis Charlie - Hommage aux victimes du terrorisme islamique".
Une "armée de l'amour" à Bordeaux
Environ 140 000 personnes, "armée de l'amour" autoproclamée, ont défilé hier à Bordeaux, entre recueillement et ferveur pour défendre les valeurs républicaines après les attentats. C'est l'une des plus grandes manifestations girondines depuis la Libération.
La foule unie à Rennes
Quelques 115 000 personnes se sont rassemblées hier contre le terrorisme. Dans le cortège, un homme s'est déguisé en crayon de 3 mètres de hauteur.
Grenoble est "Cabu, Charb, Honoré..."
Environ 110 000 personnes ont défilé derrière une banderole "Nous sommes Charlie, nous tous Ahmed, Bernard, Elsa, Cabu, Charb, Honoré, Michel..." Du "jamais vu", selon la secrétaire d'Etat Geneviève Fioraso, pour cette ville qui totalise 156 000 habitants.
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