la tribune du dimanche 12 avril 2015
CONSOMMATION - Gare aux insectes dans vos assiettes ! Un avis de l'agence de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) Alors que des organisations internationales misent sur les petites bêtes pour nourrir la planète, les autorités sanitaires françaises appellent à poursuivre les recherches sur les risques et les bénéfices de ces nouveaux aliments.
Les insectes sont-ils l'avenir de nos assiettes ? Selon la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, ces petites bêtes seraient la solution pour rassasier la planète. L'équation est simple : d'ici à 2030, il faudra nourrir plus de neuf milliards de personnes et des milliards d'animaux, dans un contexte de ressources restreintes. Pour la résoudre, estime la FAO, les insectes ont tous les atouts. Sur le plan nutritionnel, ils sont riches en protéines et pauvres en acides gras. Par ailleurs, ils sont nombreux, se reproduisent rapidement, tout au long de l'année, et se plient très facilement aux contraintes de l'élevage industriels.
2 086 espèces consommées
Les Nations unies rêvent donc de convertir le monde à ces nouveaux aliments que mangent déjà régulièrement près de 2,5 milliards d'humains sur terre. Actuellement, 2 086 espèces d'insectes sont consommées dans 130 pays du monde. En général, grillés, frits ou bouillis.
Au-delà de la consommation traditionnelle, venue des zones rurales puis répandue aux filles, certains Etats sont passés aux applications industrielles. Ainsi, en Thaïlande, le ministère de la Santé autorise, depuis 1987, l'incorporation des chrysalides de ver à soie (Bombyx mori) dans des aliments prescrits aux enfants souffrant de malnutrition. L'élevage des insectes comestibles commence à intéresser en Europe et en France. Une fédération française des producteurs, importateurs et distributeurs d'insectes a été créée en 2011. Quelques restaurants proposent ce menu insolite à leurs clients.
En France, un phénomène marginal
Même si le phénomène reste très marginal dans l'Hexagone, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) s'est penchée sur le dossier. Et appelle à la prudence. Le principal risque pointé par les autorités sanitaires est celui des allergies. Viennent ensuite des problèmes liés aux substances toxiques fabriquées par l'insecte (venin) ou emmagasinées dans son organisme (pesticides, métaux lourds...). Autre danger : les insectes notamment ceux envisagés pour la production de masse, peuvent être porteurs de parasites.
L'agence recommande donc de poursuivre les recherches sur le sujet pour éclairer les consommateurs sur les bénéfices et les risques de ces nouveaux aliments. Elle souhaite également que l'Europe établisse une liste des différentes espèces et des différents stades d'insectes qui peuvent être consommés ou non. Enfin, elle demande de définir un cadre spécifique pour les conditions d'élevage des insectes et de leurs produits car "les qualités sanitaires de l'insecte en tant qu'aliment doivent être au même niveau que les autres aliments". Pour la sécurité du consommateur. Elodie Bécu
Dans certaines régions, les insectes ne sont consommés que pour conjurer la famine or ils sont souvent considérés comme un mets de choix
Asie, Afrique, Amérique du Sud...
Quelques exemple de la consommation d'insectes (ou l'entomophagie) autour du monde
En Afrique, les insectes les plus consommés sont les chenilles (notamment en Afrique du Sud ou au Nigéria). A la Réunion, on consomme frais ou frits les zendettes, les larves de capricornes. Les larves de guêpes maçonnes sont aussi mangées frites, ou en rougail (sauce avec des tomates et des épices).
En Asie, l'entomophagie est courante en Thaïlande. Coléoptères et criquets frits se vendent sur les marchés. Au Laos, ce sont les sauterelles frites qui sont le plus mangées.
Au Mexique, on mange des chapulines, des criquets consommés frits avec des piments, de l'ail ou du jus de citron ou les escamoles, des œufs de fourmis consommés avec une sauce à l'ail à l'apéritif.
En Europe, la consommation d'insectes n'est pas courante. Mais même si ce n'est pas considéré comme de l'entomophagie, n'oublions pas que le miel vient des abeilles.
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