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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 11 avril 2016

 

 

SOCIAL - "NUIT DEBOUT" S'ÉTEND ET INTRIGUE

 

Les rassemblements citoyens 'Nuit Debout" réunissent plusieurs milliers de personnes à travers la France. Les responsables politiques sont partagés sur l'attitude à adopter face à ces initiatives qui les déconcertent. Parti de la place de la République à Paris, le mouvement "Nuit Debout" fait des émules un peu partout en France. En dix jours, il s'est étendu à une soixantaine de villes françaises.  Il y a même des "Nuits debout" à Rodez (Aveyron) ou à Morlaix (Finistère). À Paris, le phénomène a encore pris de l'ampleur ce week-end.

 

 

La place de la République était noire de monde hier à l'heure de "l'assemblée citoyenne" qui se tient tous les jours à 18 heures. Profitant d'un dimanche ensoleillé, plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées pour débattre de thèmes aussi divers que le "salaire à vie", le travail des femmes ou la situation dans les hôpitaux.

 

 

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NKM : "Il faut y aller"

 

Toutes les générations se côtoient au milieu des tentes et des baraques de bois qui occupent désormais presque la totalité de la place. Un mannequin à l'effigie de Manuel Valls, la bête noire des opposants à la loi Travail, pend au bout d'une corde au sommet du monument de la République.

 

 

Ces rassemblements citoyens qui défient les partis et les syndicats intriguent les responsables politiques. Ils semblent même déboussolés face à ces initiatives sans leader ni porte-parole qui réunissent désormais plusieurs milliers de personnes dans tout le pays. "Il faut aller place de la République. C'est une génération qui se pose des question", a déclaré la députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet, sans oser s'y aventurer. Même Jean-Luc Mélenchon sait qu'il n'est pas le bienvenu, mais confie à RTL qu'il serait fier que le mouvement "Nuit debout" le récupère.

 

 

 

Des incidents près de chez Manuel Valls

 

François Fillon a beaucoup moins de sympathie pour ces Français "extrêmement minoritaires" qui revendiquent une autre façon de faire de la politique. Pour le candidat à la primaire de droite et du centre, ces rassemblements doivent être interdits car ils sont incompatibles avec l'état d'urgence décrété après les attentats.

 

 

Près de 3 000 personnes de "Nuit debout" qui tentaient de se rendre devant le domicile parisien de Manuel Valls ont été bloquées par un cordon de CRS dans la nuit de samedi à dimanche. Le commissariat de police du 11e arrondissement a essuyé des jets de projectiles et des vitrines d'agences bancaires ont été brisées par des casseurs. Huit personnes ont été interpellées. La plupart des participants à la "Nuit debout" ont désapprouvé ces actions violentes.

 

 

Les maires des 3e et 11e arrondissements de Paris ont évoqué hier l'évacuation de la place de la République. Pour sa part, la mairie de Paris a renoncé à porter plainte contre X après de "légères" dégradations commises sur la place.

 

 

 

"Un changement en profondeur de la société"

 

Ces incidents vont-ils fragiliser le mouvement, qui entre dans son onzième jour ? Léon, 17 ans, veut croire le contraire. "La mobilisation des jeunes contre la loi Travail a pris un autre sens, comme on le voit avec "Nuit debout". Ce qu'on veut, c'est un changement en profondeur de la société", commente ce lycéen parisien. "C'est le ras-le-bol de tout le monde qui s'exprime ici sur la place de la République".

 

 

"Nous retrouvons la liberté de parole qui nous avait été confisquée", déclare Julia, 22 ans, qui manifeste pour la première fois de sa vie. La jeune Parisienne annonce vouloir rester "jusqu'à ce que le gouvernement craque". Elle a apporté une tente et un duvet pour s'installer dans la durée. Luc Chaillot

 



12/04/2016
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