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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du lundi 18 avril 2016

 

 

SOCIAL - LA CGT SYMBOLE D'UN SYNDICALISME EN DÉCLIN ?

 

 

Le premier syndicat de France tient son 51e congrès

 

 

Dans un contexte de recul du syndicalisme et plus généralement de la confiance des salariés à l'égard des syndicats, la Confédération générale du travail, née en 1895, pourrait perdre sa première place au profit de la CFDT.

 

 

C'est bientôt l'heure de vérité. Le numéro un de la CGT Philippe Martinez prépare le pire. "Oui, on a une crainte de ne plus être la première organisation syndicale".

 

 

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2017, fin de règne ?

 

La CFDT de Laurent Berger, l'homme qui porte la négociation dans les ministères, pourrait lui prendre son historique place de première organisation syndicale l'an prochain. En 2013, les deux centrales étaient au coude-à-coude lors des précédentes élections inter-professionnelles nationales, à 26,77 % pour la CGT, 26 % pour la CFDT.

 

 

La CGT, qui va s'interroger sur son avenir toute cette semaine à Marseille, perd son leadership. Elle comptait 686 093 adhérents à fin 2014 (+ 0,4 % par rapport à 2013). La CFDT, revendique 868 600 adhérents.

 

 

La CGT a perdu des points dans ses bastions de la fonction publique, à la SNCF, chez Orange, Air-France ou à la RATP, au profit de la CFDT.

 

 

 

La ligne radicale divise

 

Élu en février 2015 après la démission de Thierry Lepaon - une première pour un secrétaire général depuis 1909 -, Philippe Martinez défend une ligne radicale. Avec son discours très à gauche, il tente de remuscler la lutte syndicale.

 

 

Dès son élection à la tête du premier syndicat français, il a donné le ton : "Continuer de montrer l'antagonisme entre ceux qui travaillent et créent des richesses et ceux qui s'enrichissent de façon éhontée à partir du travail des autres. Lutter contre les politiques d'austérité du gouvernement".

 

 

La base ne suit pas toujours son leader qui, avec un succès mitigé, a multiplié les manifestations, pas toujours comprises : contre l'austérité, pour les libertés syndicales, pour la hausse des salaires, pour le retrait du projet de loi travail.

 

 

Pour Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail, Philippe Martinez "ne peut pas avoir cette attitude dans la durée". Une fois adoubé par le millier de délégués cégétistes à Marseille, il devrait lancer un vrai débat en interne sur la ligne à suivre, nécessaire face aux troupes qui s'effritent".

 

 

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La crise de confiance

 

Les difficultés de la CGT, qui reconnaît "ne rayonner que" sur 25 % du salariat, s'inscrivent dans un contexte plus large de crise du syndicalisme français. Selon l'OCDE, la France est le pays où le taux de syndicalisation est le plus bas : 7,7% en 2013, contre 8,1 % en 1999. Elle est loin derrière la Belgique (55,1 %), la Norvège (52,1 %) mais aussi l'Italie (37,3 %) ou l'Allemagne (18,1 %).

 

 

La confiance à l'égard des syndicats ne cesse de s'éroder. Selon un sondage TNS-Sofres réalisé en novembre pour l'association Dialogues composée de DRH et de syndicalistes, seuls 50 % des salariés font confiance aux syndicats pour "défendre leurs intérêts", contre 55 % en 2013 et 58 % en 2008.

 

 

Selon l'institut de sondage OpinionWay, mandaté par le centre de recherches politiques de Science Po, les Français ne sont que 27 % à faire confiance aux syndicats, jugés trop politisés, trop idéologiques et très loin des besoins des salariés et de la réalité économique.

 

 

La réputation du patronat n'est certes pas meilleure. Mais le salarié de base se sent de plus en plus éloigné des représentants syndicaux. Surtout ceux qui dirigent les centrales. Loin du terrain ? Philippe Martinez, le leader de la CGT, est allé à la rencontre de près de 2 000 syndicalistes depuis son arrivée, pour tenter de comprendre pourquoi les troupes cégétistes baissent. Reste à remobiliser. N.C.

 

 

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Vieillis par la nouvelle économie

 

Dans les entreprises de la nouvelle économie et les sociétés de services à la personne qui créent 80 % des emplois nouveaux aujourd'hui, la négociation entre direction et salariés se tient à la machine à café ou dans les "open space".

 

 

Dans la rue, la revendication portée par "Nuit Debout" suscite davantage l'appétence des futurs salariés, la curiosité des médias et des intellectuels que les défilés bannière au poing et brassards floqués CGT, FO, CFDT au bras. Les centrales parfois centenaires prennent un brutal coup de vieux, comme si à l'ère 2.0, le syndicat appartenait à la génération de grand-papa.

 

 

Plus menaçant encore pour l'avenir des syndicats : le référendum en entreprise qui fait voler en éclat délégations, règles de représentations, accords de branche et code du Travail. Des candidats à la primaire de droite l'érigent déjà en règle d'or.

 

 

Même dans la fonction publique, le "passage obligé" par le syndicat est battu en brèche. Au grand dam des syndicats-enseignants, la ministre de l'Éducation s'est rendue directement dans des salles des profs pour écouter la base. Pourtant selon Dominique Andolfatto, professeur d'université spécialiste des syndicats. "Le syndicalisme reste essentiel pour favoriser de bonnes conditions de travail, de bonnes pratiques et, dès lors, une bonne compétitivité des entreprises".

 

 

 

Comment rendre le syndicalisme attractif ?

 

Dominique Andolfatto souligne les vertus qu'aurait "une offre moins émiettée". Trois idées sont avancées :

 

 

- Le chèque syndical, une contribution de l'employeur à la cotisation du salarié. La CFDT le défend, la CGPME s'y oppose.

 

 

- L'adhésion service qui lie des acquis (CE, juristes, formation assurance-chômage) à une adhésion. Ce modèle nordique peut se heurter à la Constitution.

 

 

- La fin du syndicaliste professionnel. Afin d'impliquer davantage de salariés et lutter contre les discriminations, les représentants élus n'auraient droit qu'à un mandat dans leur carrière auprès de l'employeur comme dans la représentation extérieure (Prud'hommes, confédérations, CESER). Avec obligation de les réintégrer à leur poste à la fin du mandat.

 

 

Tous s'y opposent et les politiques n'y tiennent pas. Des fois que la règles leur soit appliquée.

 



18/04/2016
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