le Progrès du lundi 19 septembre 2016
RELIGION - ÉTUDE. ÊTRE MUSULMAN AUJOURD'HUI EN FRANCE
Une étude très complète conclut qu'une majorité de la population de confession musulmane s'intègre bien en France mais traduit une rupture des plus jeunes avec les valeurs de la République.
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l n'existe pas en France un communautarisme musulman unique et organisé et deux musulmans sur trois estiment que la laïcité permet de pratiquer librement. Mais 29 % des musulmans, surtout des jeunes en rupture sociale considèrent que la loi islamique est plus importante que la loi de la République. Fort de ces constats, un rapport de l'institut Montaigne appuyé sur une enquête de l'Ifop (Ce sondage a été conduit auprès de 1 029 personnes de confession ou de culture musulmane) esquisse les pistes de réorganisation de l'islam français.
74 % sont Français
Les musulmans représentent 5,6 % des habitants un peu moins de 4 millions de personnes en France. 74 % sont de nationalité française. Ils sont plus jeunes que l'ensemble de la population : 35 ans contre 48 ans en moyenne. 84 % ont moins de 50 ans et ils représentent 10 % des moins de 25 ans.
Plus halal que mosquée
66 % accordent une grande importance à l'islam et 70 % déclarent n'acheter que de la viande halal. Mais 31 % seulement pendant le ramadan. L'Ifop a calculé que "46 %, une majorité silencieuse sont soit sécularisés, soit en train d'achever leur intégration". Un deuxième groupe, environ 25 %, est plus pratiquant, mais respecte les lois civiles de la République. Le dernier groupe, 28 %, réunit des croyants qui ont "adopté un système de valeurs opposé aux valeurs de la République". Ils revendiquent port du Niqab, polygamie, homophobie, antisémitisme. Les jeunes, les moins insérés dans l'emploi et les convertis adhèrent à ce modèle.
"Pour éviter de tomber dans le piège tendu par les extrémistes, le discours politique doit s'appuyer sur la majorité silencieuse, insérée avec succès dans la société française", conclut le rapport.
Le voile sujet clivant
La mixité est acceptée mais davantage par les hommes que par les femmes : seulement 56 % d'entre elles acceptent d'aller dans une piscine mixte (75 % des hommes) et 59 % d'embrasser un homme majeur. Avec les oppositions à l'avortement (41 % chez les musulmans, 19 % dans l'ensemble de la population) et au mariage gay, le voile reste le sujet le plus clivant entre les musulmans et l'ensemble de la population : 65 % se déclarent favorables au port du foulard et 24 % à celui du niqab, 37 % considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile au collège et au lycée.
Des institutions décriées
Seulement 9 % des personnes interrogées ont confiance dans le Conseil français du culte musulman quand 37 % se déclarent proches de Tariq Ramadan. "Une nouvelle organisation de l'islam financée par de l'argent français et s'appuyant sur des femmes et des hommes nouveaux doit être lancée", conclut le rapport, qui préconise la nomination d'un "grand imam de France".
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