le Progrès du mercredi 21 décembre 2016
SÉCURITÉ - VIGIPIRATE, SENTINELLE, ÉTAT D'URGENCE...
En France, l'alerte reste maximale
Le dispositif de surveillance avait déjà été renforcé à l'approche des fêtes. La menace terroriste reste élevée, rappelle le gouvernement, mais les mensures de protection également.
En France, la menace terroriste reste très élevée, la vigilance aussi. C'est le message du gouvernement, qui a tenté hier de rassurer les Français en leur demandant "de ne pas céder à la peur", après l'attaque qui a endeuillé Berlin.
En visite au marché de Noël de Strasbourg, l'un des plus grands et le plus célèbre de France, Bruno Le Roux, le ministre de l'Intérieur, s'est voulu rassurant : "Je suis là pour dire qu'il faut de l'amusement, que les gens peuvent sortir et que la sécurité est assurée. Chacun doit faire très attention à respecter les contrôles. Il faut s'y plier, et avoir des comportements prudents".
Protection renforcée
Hier, plusieurs préfectures ont renforcé la protection des marchés de Noël, en ajoutant des plots de béton dans certaines villes pour couper les voies de circulation, ou en augmentant la présence policière sur ces sites. Il s'agit de mesures d'ajustement, car les consignes de protection maximale avaient déjà été données en amont.
"Nous avons un haut niveau de menace et nous avons un niveau de vigilance particulièrement élevé aussi. Toutes les consignes avaient déjà été données pour que nous puissions sécuriser, autant qu'il est possible, tous les lieux, et notamment tous les marchés de Noël", a rappelé François Hollande, le chef de l'État.
Nouveau plan Vigipirate
Depuis fin novembre, la France sep prépare à vivre des fêtes de fin d'année sous haute tension. Un nouveau plan Vigipirate a été publié par l'Élysée le 1er décembre. Il prévoit un troisième niveau - "urgence attentat" - avec des mesures exceptionnelles comme la fermeture des métros ou même de routes, en cas d'attaque imminente.
Par ailleurs, l'extension des mesures du plan Vigipirate "sécurité renforcée", sous lequel nous sommes actuellement, permet notamment d'organiser des patrouilles, des filtrages ou des fouilles.
Sentinelle en hausse
Mercredi dernier, le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux avait annoncé une protection accrue et une augmentation du nombre de militaires engagés dans l'opération Sentinelle, chargée de patrouiller sur le territoire français. Il évoquait un effectif entre "7 000 hommes mobilisés aujourd'hui, qui est le plancher, et 10 000 qui est le plafond". Ce renforcement est prévu "pour la période de Noël jusqu'au début de l'année" et sera réévalué début 2017. La vigilance est forte aussi sur la nuit de la Saint-Sylvestre, pour laquelle seront mobilisées "96 unités de forces mobiles de CRS et gendarmes mobiles, soit deux unité de plus qu'en 2015". Bruno Le Roux a par ailleurs donné la consigne aux préfets de "privilégier le principe de patrouilles dynamiques".
État d'urgence
La sécurité se joue également en amont. "Depuis le début de l'année 2016, nous avons interpellé plus de 420 individus en lien avec des réseaux terroristes", rappelle Bruno Le Roux. La France vit toujours sous le régime de l'état d'urgence, qui a été prolongé la semaine dernière jusqu'au 15 juillet 2017. E.B.
"Je demande la vigilance de chacun, je demande à ce qu'il n'y ait pas de climat de peur. Nous assurons la protection de notre territoire et de nos concitoyens". Bruno Le Roux, ministre français de l'Intérieur
Thomas Arciszewski Chercheur en psychologie sociale, Université d'Aix-Marseille
"À chaque nouvelle attaque, le ressentiment augmente"
Quel impact ont les attentats à répétition ?
Une société visée par des attentats multiples - qu'il s'agisse d'attaques islamistes, d'extrême-droite ou d'extrême-gauche - va mettre en place un système de défense, comme le fait un individu agressé. Elle développe un réflexe de rejet du groupe supposé responsable des attentats. Dans cette situation, elle ne cible pas uniquement les terroristes, mais également toutes les personnes qu'elle associe plus ou moins à eux dans une nébuleuse floue. C'est de que l'on observe depuis quelques années, avant la montée des extrêmes partout en Europe comme aux États-Unis.
L'attaque de Berlin réactive donc la peur en France ?
Les attentats à répétition créent davantage de haine que de peur. Nous vivons avec un sentiment de menace, mais pas de peur. Nous ne sommes pas terrés au fond de nos fauteuils, ne faisons pas de cauchemars toutes les nuits, ni de tachycardie comme les personnes en stress post-traumatique. La réaction est plutôt sociétale. Comme réorganiser nos pensée, notre idéologie pour répondre à quelque chose qu'on ne peut pas maîtriser individuellement ? La réponse se traduit dans les politiques des États, et les évolutions des groupes politiques.
La population s'habitue-t-elle à ce type d'attentats ?
Non. Il y a certes une forme de routine qui s'installe. Mais à chaque nouvelle attaque, le degré de réaction de la population est de plus en plus violent. À chaque attentat, le ressentiment augmente. Un cran de haine supplémentaire est franchi dans les forums sur internet par exemple. Il y a une recherche du coupable, une volonté de condamner quelqu'un pour des événements sur lesquels on n'a aucun contrôle. C'est ce qui rend la terreur efficace. Propos recueillis par Élodie Bécu
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