le Progrès du mercredi 24 août 2016
UNION EUROPÉENNE - UNE INITIATIVE DE LA FRANCE ET DE L'ALLEMAGNE CONTRE LES MENACES D'ATTENTATS
Le plan franco-allemand face au terrorisme
Face à la menace terroriste, les deux pays frappés cet été veulent renforcer les frontières extérieures de l'Europe, mieux détecter les mouvements des djihadistes et améliorer le suivi des personnes radicalisées.
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a France et l'Allemagne ont payé un lourd tribut au terrorisme cet été. Après les attentats de Nice et de Saint-Étienne du Rouvray qui ont précédé ceux de Würzburg et d'Ansbach, les deux pays prennent l'Europe à témoin et formulent des propositions pour renforcer l'arsenal antiterroriste européen. Le ministre de l'Intérieur français et son homologue allemand ont lancé hier à Paris une initiative commune contre la menace djihadiste.
Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière veulent accélérer le déploiement du corps des gardes-frontières et de gardes-côtes européens dont la mission sera de renforcer les contrôles aux frontières extérieures. Cette nouvelle agence européenne est une idée franco-allemande à l'origine. Un des enjeux est de donner à ces gardes-frontières le moyen de contrôler chaque personne entrant ou sortant de l'espace Schengen et de déjouer l'utilisation de faux papiers.
Autorisation de voyage
La France et l'Allemagne proposent aussi la mise en place d'un "Esta" européen sur le modèle de celui qui existe déjà aux États-Unis, au Canada et en Australie. Ce système électronique d'autorisation de voyage pour les personnes non soumises à un visa s'ajoutera au fichier PNR (passenger name record) qui a été adopté en avril dernier, après les attentats de Paris et de Bruxelles. Ce fichier européen contenant des données personnelles des passagers aériens devrait permettre de détecter les mouvements de djihadistes et de les intercepter avant qu'ils ne commettent un attentat.
Un fiché S parmi les réfugiés
Alors que Nicolas Sarkozy appelle à une refonte complète du traité de Schengen, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière proposent de faire évoluer les règles européennes sur la libre circulation des personnes. La France et l'Allemagne veulent un outil juridique afin de pouvoir rétablir les contrôles aux frontières intérieures en cas de menace grave. C'est ce que fait la France depuis les attentats du 13 novembre, notamment à la frontière franco-italienne.
Le risque de radicalisation en prison
Comme l'a montré l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray commis par deux jeunes fichés S dont l'un sous bracelet électronique, le suivi des milliers de Français radicalisés est complexe. Il y a quelques jours, un jeune Toulousain de 19 ans fiché S a été intercepté en Bulgarie alors qu'il tentait visiblement de retourner en Syrie. En juin dernier, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis après un séjour en Syrie alors qu'il était mineur pour rejoindre le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
La surveillance des détenus radicalisés en prison est une autre priorité. L'administration pénitentiaire a récemment décidé de séparer et de transférer vers d'autres établissements une dizaine de détenus de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) qui avaient réussi à se regrouper et qui étaient soupçonnés de prosélytisme islamique. Luc Chaillot
Une interpellation à Villeurbanne
Parmi les arrestations antiterroristes du mois d'août, évoquées par le ministre de l'Intérieur, figure Sébastien P., 25 ans, résident dans un foyer de Villeurbanne, près de Lyon. Interpellé lundi, il a été placé en garde à vue, pour des motifs à analyser avec prudence. Selon les surveillances policières, l'homme a tenu des propos menaçants au téléphone.
Il a notamment évoqué une attaque contre le quartier de la Part Dieu, où se situent deux secteurs sensibles, la gare et le centre commercial. Aucun début de projet concret ou de passage à l'acte n'a été décelé par les enquêteurs. Personnalité troublée, au comportement délirant selon plusieurs témoins, Sébastien P. a été mis en cause à de multiples reprises pour des affaires d'apologie et d'appels malveillants. Mais ses récents propos ont été jugés suffisamment inquiétants pour qu'il soit appréhendé.
Ce qui a surtout décidé les services antiterroristes : ses contacts avec un individu basé à Montpellier, au profil beaucoup plus marqué. Selon nos informations, cet homme, interpellé hier, était notamment connecté avec un djihadiste de nationalité française en Syrie. Richard Schittly
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